Tchat mon Amour

lanimelle

Tchat mon amour

Je l’avais pris comme ca le gars, à rebrousse poil, dès le matin, même après la nuit que nous avions passé.

Deux, écran, clavier, virtuelle danse vers d’autres humains qui se cachent derrière les petits pupitres modernes ou l’on peut mettre en vitrine ce  qui ne nous ressemble pas.

Savoir se maquiller, savoir se tendre, savoir prendre l’image pour qu’elle exulte un plus qui serait la différence, prendre dans les filets les voyeurs qui cliquent sur les bannières qui clignotent, jour et nuit mon cul en gros plan , comme une enseigne de bonbon pour les enfants, je suis la sucrerie des hommes, je suis la blond platine, la chevelure qui tombe sur les reins, sur mon tatou que je propose en gros plan quand à quatre patte on me prend.

Je suis « la fille de joie », la virtuelle woman qui propose son univers pour y trouver de nouveaux plaisirs.

Steve, il s’appelait Steve, on s’était rencontré sur un site de rencontre, un espèce de club libertin pour ceux qui ne vont pas toujours dans les vrais clubs, pour ceux qui aiment les rencontres qui finissent allongées ou alors dans un coin sombre de nature.

Je ne l’avais jamais fait, je n’avais pas encore franchi le cap mais avec Steve c’était pas pareil, nous n’avions pas échangé sur le sexe mais sur la musique, nous avions les mêmes tubes en tête, 100 % techno, 100% trans, on avait la jeunesse pour nous  mais on ne savait sans doute pas aller vers les autres, c’était pour ca que je m’étais inscrite, pas pour faire la troisième d’un trio, pas pour me montrer, pas pour qu’une web came me reluque, pas pour de vraies raisons vicieuses.

Je voulais juste trouver quelqu’un qui me touche.

Steve en avait alors envie, plusieurs semaines de tchat, plusieurs photos échangées, pas de proposition à l’horizontale, juste une rencontre qui nous semblait déjà amusante, il viendrait en train, nous nous retrouverons à la gare et puis après un verre pour se découvrir, pas de véritable projet, pas de plan sur la comète, rien ne laissait présager que sur mes mains j’aurai l’odeur encore de sa queue dans ce matin d’hiver.

Il était là, du haut de son mètre 80, les premiers regards étaient un balayage sur toutes les petites qui trainaient sur le quai, je me sentais prise par un je ne sais quoi, à la fois l’excitation d’une rencontre, savoir que je l’avais vu avant lui, ca me faisait sourire et ce que j’aimais avoir le cœur qui bat, ce que j’aimais savoir que plein de mots se bousculaient dans ma tête, en vrac, sans qu’il ne puisse savoir que déjà dans le bas de mon  ventre, crépitait un désir enfin revenu.

Ca faisait plusieurs mois, peut être que ca aurait fait une année bientôt, j’avais mes raisons, des blocages, des trucs rattachés à mon passé mais quand j’ai vu Steve il apparaissait comme la clé qui déverrouillerai le putain de cadenas que je m’étais mis entre les jambes.

Steve me sourit, comme ca, en même temps, le charme planant dans nos regards et puis sa joue contre la mienne, les bises qui claquent et ma chatte qui commence à scénariser, à entreprendre la chevauchée, à se tapir mielleuse comme une féline qui se répand en un miaulement inaudible.

On a pris ce verre et vite il me pris la bouche, évidence pour lui, ravissement pour moi.

Ma langue apprenant la sienne, mes mains telles des envahisseurs s’accrochaient déjà à ses épaules, à cette carrure de mâle, rassurante, sous la laine ses muscles, bombés, dures comme une statue de bronze.

Je chavire oublie les mots et nous sommes déjà dans un taxi, déjà dans cette chambre d’hôtel.

Deux tourtereaux riants dans les couloirs, bras dessus bras dessous, deux faux amants encore, pourtant il me semblait déjà lui avoir fait l’amour, peut être que notre vraie rencontre n’était pas dans celle des échanges de corps mais dans ce véritable lien que nous avions tissé sur le net.

Nous ne savions que peu de chose l’un sur l’autre, on s’avait juste qu’on voulait franchir cette barrière du virtuelle, cette porte de l’irréelle pour aboutir aux mélodies de nos souffles mélangés.

La carte, la porte qui s’ouvre en un clac, fini les clics voici les déclics qui percutent nos esprits, sa chaleur m’envahie, je le sens le respire, cou, cheveux, peau, je grignote comme un animal affamé, comme une renifleuse de parfum d’homme, comme une aventurière pressée de prendre sa première petite mort comme un encas, pour ouvrir l’appétit.

Frissons, pressions sur mes hanches, mes fesses, mes seins sont déjà dans ses mains, petites monts aux pics granuleux, il pompe, m’aspire et putain que j’aime ca, je le regarde, je le sens dans le pouvoir que je cramponne au fond de mon sexe, je suis trempée, ma fente est un ravin et sa crue m’inonde de tendresse, je le savoure, le lape du cou à l’oreille, mes ongles se perdent dans son dos, il me retourne et j’aime sa queue raide dans mon dos, nous nous frottons les yeux à mi chemin entre l’instinct et puis le reste, ma langue découd son empressement et je stoppe en résistance, il halète de surprise, je suis à genoux devant lui.

Je prends la boucle et fait glisser le cuir pour arriver au bouton, un à un, comme un cérémonial de supplices, entre l’horreur de l’avoir arrêté et les secondes qui m’accordent leur longueur, je veux qu’il me voit, que dans son esprit murmure l’envie de le voir englouti, tout entier, du galbe de son gland à la base de sa queue, je veux qu’il soit en suspension, que son souffle se retienne pour ne pas briser ce temps ou le désir est une chienne à la fois soumise, à la fois dominante.

Dernier bouton, un sexe énorme m’affronte et je replonge mes yeux dans les siens, le silence pénètre ma bouche et de mes lèvres je gobe cette arme masculine raide, drue, prise de spasme et je le masse de ma langue, propose mon palais et mes joues sans aller plus loin, juste rester sur la frontière sans la franchir, mes mains découvre, soupèse, les bourses délicates qui jouent au yoyo de droite et de gauche, je l’attendrie, le laisse avoir la fièvre sans le soulager, ses mains sur mes épaules propose un vas et vient alors je viens un peu plus, découvrant chaque nervures comme une matière à développer, je vais encore.

Un peu plus loin, jusqu’au fond de ma gorge, jusqu’au maximum de mon corps, j’étreins son dard dans la totalité de ma bouche, j’entends son rythme cardiaque s’affoler, je sens perler sur mes lèvres la sève chaude de mes enfers, il y met un doigt et puis goute et je regrette déjà son passage trop bref laissant un vide presque douloureux, je me contracte dans le vide, comme le suicidé qui à oublié de mettre les balles dans le chargeur, je retourne à sa bouche et nos mélanges m’excite, je voudrai le monter, l’avoir enfoui jusqu’au fond de moi et je me cambre sur son ventre offrant  mon cou à ses dents, offrant mon dos à son ventre, nous sommes maintenant nus, nous sommes sous l’emprise de nos sens et déjà ses cheveux émergent entre mes jambes, sa langue et douce quand tout autour de mes lèvres il dépose des baisers, quand de ses doigts il dessine des ronds de caresse et je voudrai le presser mais il me retient, je gémis de le savoir là, sans qu’il ne fasse un lèvre à lèvre, sans qu’il ne tâte, ne me suce et avant que je ne finisse de penser à ce que je voudrai qu’il me fasse qu’il est déjà là, la langue aplatie posée sur mon clitoris et je laisse mon corps se débattre et presque se refermer sur lui, il tient mes jambes, je ne peux être qu’ouverte face à ses yeux, déployant toute mon intimité et je retourne la situation, dans le prolongement de nos corps en 69 je recommence, goulument, les mains à tâtons sur ce que je n’ai pas encore découvert, il me suce.

Je jouie en un cri long, venu de si loin que je ne pensais même pas en revenir, l’orgasme fut foudroyant, j’ai chaud, sa langue divulgue des secrets sur le con démuni qui se remet à gonfler, à peine suis-je de retour la bouche pleine de lui, qu’il lape minutieusement l’appendice gourmand qui se réanime et je presse dans ma bouche cette animal dominant qui se laisse absorber, téter, séance de massage qui nous poussent vers le vide sans que nous ne tombions pour autant, sans que je  ne sombre dans l’abandon et puis il se retourne reviens dans ma bouche, me parle de mon corps et puis s’empare de lui juste du bout.

La perforation fut douce, son gland est entré et reste juste au portail de ma folie, je l’enlace, comprime ses espérances en soufflant un « plus loin », en murmurant un « plus fort ».

J’aime ses yeux qui me prennent et me sentent le supplier, j’aime sa queue noueuse, vive, gonflée de ce désir, j’aime ma fente, ébranlée, escamotée dans une dimension humide et nerveuse.

Il plante lentement, allant dans mon corps toujours du bout des yeux aussi, pénétration, ascension miraculeuse vers ce paradis que nous avions quitté depuis si longtemps.

Dans cet espace ou le corps est friable, quasi cassable, nous nous tendons ensemble, encastrés, moi chevillée à son sexe profanant l’univers, lui étranglé en perdition dans mes fonds, les 4 pupilles absentes, se déchirent nos corps , nos âmes inondées de plaisir, concert de sensations abandonniques, se serrent nos peaux pour en retenir chaque fragrance, chaque soupire.

La nuit a retenu nos rêves, laissant le sommeil de coté et dans la tissu de notre rencontre, j’ai juxtaposé encore le plaisir, réinventé nos plaisirs,, mis un chapitre à chaque chevauchées, creusée les reins sous ses paumes, englouties encore et encore de toute parts, en tous sens, mutation de mon imaginaire pour un rebond qui le bouscule, le provoque, encore une fois, plusieurs fois, l’aube nous donnant ses plus beaux reflets.

Steve est fort, Steve culmine sur mes hanches et mâche mon cou, sa peau est une terre, j’y plante mes griffes pensant ne plus jouir et puis je meurs encore entre ses doigts,  avec pour rythme ses coups sur le bas de mon dos, je lui ment, lui demande d’arrêter, il continue jusqu’à la lie, me consume de toute mon énergie, continue la danse sur ma chaire maintenant complice du châtiment en le voulant encore  sans en sentir l’espoir de jouir encore et je jouie pourtant jusqu’au matin  pale de cet hiver qui n’existe plus.

Nos mains jointent sur la ficelle de notre histoire, nous nous sourions l’âme et le corps repus de tous plaisirs.

Nous transpirons les odeurs de l’amour.

J’aime cette apesanteur, cette béatitude, cette marche sur le chemin qui nous ramènent à  la vie.

Steve ne m’appellera plus « la fille de joie », il ne sera plus jamais « bel inconnu », nous ne forniquerons plus sur le web, nous avons clôturés nos comptes ensemble de plusieurs clic.

Steve me parle d’amour maintenant.

Mon cœur se serre et encore je le prends.

La bannière virtuelle ne clignote plus  mais nos sens sont pourtant réveillés.

J’ai rencontré Steve, il était parmi les autres dans cette toile amovible où les solitaires se défont de leur chaines.

Le virtuelle est une serrure par laquelle nous avons trouvé notre nouvelle réalité.

L’animelle

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