Transe et lucidité

tzsara

Compulsions, tremblements et angoisse.. abdication.. des sentences inlassablement citées.. des chiffres.. des mots.. une pensée.. des gestes répétés.. étranges rituels.. dans lesquels tu perds le sens de ce qui est normal et de ce qui est excessif.. Tu es obsessionnel et compulsif.. Je ne te dénie point.. tu es mon hôte indésirable.. ma pensée intrusive.. ma folie raisonnante.. la dénégation de l'interférence du surnaturel dans l'ici-bas et l’ailleurs, mais aussi et en quelque sorte la vacance du sens.. génie et intelligence.. j’en ris.. Je vendrais mon âme au diable.. et mes amours.. jusqu’à la dernière rengaine.. je vendrais et ma tête et mon corps.. au plus stupide des anges du mal.. je trahirais mon humble Faust et mon triste Chatterton.. je désacraliserais tout ce que j’ai de plus beau.. juste pour être heureux.. Tu es mon accolade.. définie de par tes gestes et tes non-gestes.. Alors que tu t’inquiètes de la couleur des divans.. de la symétrie des choses.. comme un être damné, pour cause de son homosexualité.. je t’offre mon identité.. Veux-tu être mon miroir vivant ? ou un miroir simple et poli... redoutablement efficace et aux silences machiavéliques.. Tambour de haine.. tu es ma promenade bleue.. J’ai une idée d’ombre et d’absolu.. j’ai contrefait mon absolu pardon et la joie de ma tristesse.. et je suis enfin absous.. La nuit, dans le silence en noir de nos cercueils.. ton silence a quelque chose à taire.. le silence est musique quand il faut se taire.. il est mensonge et aveu de faiblesse quand il faut parler.. Toi, tes paroles se taisent.. Dis-moi quelle violence est pire que ton silence ? Tu es ma passion inutile.. mon songe futile.. tous tes secrets bavardent et relatent tes rêves latents.. Tes gestes sont comme le miroir de tes désirs indécents.. Debout sur mes deux yeux, ma bouche et mon cerveau.. je ne t’obéis plus.. Dans les ronds des yeux des points de mire.. les mots perdent leurs sens.. ils tournent en rond, les ronds des yeux.. et ils se faufilent à pas glissants.. point de mire n’a plus de yeux.. J’essaie des fois de défaire ce nœud.. à pas de satin feutrés, ou velours de brouillard.. l’allée est silencieuse.. A l’angle du chemin circulaire.. je regardais s’enfuir les hirondelles.. Une dentelle chute.. et mes verbes avec.. dans une réitération du présent.. dans le doute du jeu suprême.. au premier souffle du zéphyr.. la musique de ton souffle tambourine sur ma peau.. tu reviens comme une douceur éternelle.. et tu m’imposes ton silence.. ton silence est mensonge.. Je reconnais ton visage et la cadence de tes pas.. je reconnais la finesse de tes traits et la légèreté de ta présence.. ta triste froideur et l’agilité de ton désenchantement.. l’air de tes chuchotements et la symphonie de tes accords.. l’odeur de ton vocabulaire et le timbre de tes mots.. je connais tout ce que tu es.. jusqu’aux phrases que tu me murmures.. je connais tout ce que tu dis, jusqu’aux mots que tu me susurres.. je connais tout ce que tu me fais.. jusqu’aux gestes que tu me censures.. et si je mens, c’est pour ne pas dire la vérité.. et si je mens, c’est pour oublier qui je suis.. entre quatre murs.. à la marge de moi et de l’autre moi.. au-delà du ça et du surmoi.. à la fois face et contre moi-même.. mais aujourd’hui au moins, je suis humaine..

  • je découvre, bravo, j'ai lu et j'ai relu, ce n'est que du plaisir

    · Il y a presque 12 ans ·
    Crbst p1030454 465

    Laurent Pigeault

  • bravo j'ai surfé sur ces beaux textes où les mots arrivent par vagues et me suis laissé porter sur les "cumes"(1) des mots

    (1) comme disent les portugais

    · Il y a presque 12 ans ·
    My web face 150

    Guy Mothe

  • très intéressant car écrit comme en plongée en profondeur vers l'autre moitié de soi-même, qu'on trouve en l'être aimé, ou dans sa propre noirceur..

    · Il y a presque 12 ans ·
    156

    fable-barrabass

  • très intéressant car écrit comme en plongée en profondeur vers l'autre moitié de soi-même, qu'on trouve en l'être aimé, ou dans sa propre noirceur..

    · Il y a presque 12 ans ·
    156

    fable-barrabass

  • très intéressant car écrit comme en plongée en profondeur vers l'autre moitié de soi-même, qu'on trouve en l'être aimé, ou dans sa propre noirceur..

    · Il y a presque 12 ans ·
    156

    fable-barrabass

  • Une belle lecture.

    · Il y a presque 12 ans ·
    015

    carmen-p

  • J'aime ce texte. Peut-être que je me trompe, mais la façon dont je reçois le texte est la suivante. Pour moi, c'est un abandon à un homme, désiré, agréable, mais douloureux, car en manque de confiance en lui. Un abandon, presque sans avenir, juste pour souffrir, et donc se sentir vivre un peu plus. Une sorte de mouvement romantique à l'envers: Ce n'est pas le chasseur qui écrit, mais la proie qui se laisse prendre, par dépit, par envie.

    · Il y a presque 12 ans ·
    Couv eroliange voixdudesir orig

    eroliange

  • Que sont ces textes qui viennent d'ailleurs?? Les phrases s'enchaînent parfaitement bien les figures de style se multiplient. Je suis plus sensible à la première partie mais je me suis arrêté sur chaque phrase. Il y'a un mélange incroyable d'instinct et de réflexion

    · Il y a presque 12 ans ·
    Workshop mellano limongi %c2%a9 ramaen 016

    nambul

  • Je suis sensible à votre style... j'aime!

    · Il y a presque 12 ans ·
    Lisbonne 27 29 juillet 2010 028

    Frédéric Cogno

  • Superbe texte qui confirme ma première impression.
    Et j'adore les dernières phrases.

    · Il y a presque 12 ans ·
    Dis pas ca 1 465

    divagations-solitaires

  • ".. tu es ma promenade bleue.." j'adore.

    · Il y a presque 12 ans ·
    Jos phine nb 7 orig

    junon

Signaler ce texte