une histoire comme ca

C’est un soir d’orage. Le vent tambourine aux fenêtres, il arrive a passer sous les portes a force de violence, affole les arbres martyrisés par ses rafales.

L’atmosphère est lourde et collante, car l’orage n’a pas encore éclaté. L’humidité ambiante appesantit les mouvements.

Bien installé dans votre canapé, vous ne vous souciez pas de ce qui se passe dehors. Vous pensez être a l’abri dans votre nid douillet.

Il arrive, parfois, que votre choix du programme pour votre soirée ne soit pas pleinement judicieux.

Ratatiné dans votre siège, vous regardez un film que vous regrettez déjà. Les meurtres s’enchainent et ils sont tous plus barbares les uns que les autres. Vous commencez a trouver ca glauque et effrayant. Une autre décapitation arrive, le meurtrier traine sa hache pleine de sang derrière une pauvre fille qui n’a apparemment aucune chance de survivre.

Vous vous enfoncez encore plus dans votre sofa, une petite couverture de secours a vos cotes, au cas ou. La traque est insoutenable, vous avez l’impression que le tueur respire dans votre cou, que c’est vous sa prochaine victime. Mais vous continuez a regarder, malgré tout.

Il va la tuer. Allez cours il est derrière toi. Mais cache toi, non pas par la….vous commencez a haleter comme si c’était vous qui étiez entrain de courir pour échapper a ce monstre. Vous y êtes, vous le vivez. Attention il est la…..

Un grand coup de tonnerre retentit alors. Faisant vibrer les vitres. Vous faisant sursauter et javellisant toutes les couleurs de votre visage.

Ce premier éclair vient de marquer votre esprit, et les échos qui ont suivi, sonnent comme les tambours de l’enfer. Tout est toujours aussi pesant, aucune goutte d’eau n’est venue rafraichir l’air.

Vous pensez alors qu’il est temps d’arrêter ce film, bien trop angoissant, et vu l’heure tardive, il vaut mieux aller se coucher.

Les éclairs continuent a s’abattre, tel un pouls régulier, irradiant votre dos de frissons malsains.

Une fois dans votre lit, bien au milieu, la couette remontée jusqu’aux oreilles, vous vous sentez déjà mieux. Vous laissez votre esprit vagabonder parmi vos plus beaux souvenirs, pour basculer paisiblement dans le sommeil.

Mais votre esprit traine, reste accrochée a quelques brides de réalité.

Alors, vous ouvrez machinalement les yeux.

Ce n’est qu’au début, qu’une ombre faite de sommeil, une évanescence sortie d’un rêve.

Vous regardez plus intensément, pour clarifier cette erreur visuelle.

Mais elle ne disparait pas, au contraire, elle prend forme, des détails apparaissent avec beaucoup de trop de clarté.

C’est le visage qui se forme en premier, des cheveux d’ébènes, tombent en cascade funeste. Ses yeux, simples trous noirs, se plissent et se dessinent grondant d’une rage sanguinaire.

Son nez est fin et tranchant.

Sa bouche, simple commissure devient charnelle, d’une attirance malsaine. Son corps tout entier s’échafaude, enveloppé d’un linceul de poussière.

Vous retenez votre souffle, suppliant en silence de vous réveiller a l’instant. Vous sentez la peur ramper dans vos entrailles, cherchant le chemin de votre gorge.

Vous ne pensez plus, vous paniquez.

Quand cette poupée mortuaire, la tête légèrement penchée, comme désarticulée du reste du corps, commence a se tourner vers vous. Dans ce mouvement qui semble durer une éternité d’angoisse. Vous êtes tétanisé par la terreur qui vous serre a tel point que vous n’arrivez plus a happer l’air.

Elle plante son regard au plus profond de vous, percutant de plein fouet toutes les variantes de peurs qui sont en vous. Vous voulez fermer les yeux, éviter son regard a tout prix, mais rien n’y fait. La peur vous rend telle une marionnette dont elle aurait coupé les fils.

Et l’impensable arrive, elle se penche vers vous. Une de ses main posée sur le lit dégouline de ténèbres et de cendres. Sa bouche ouverte laisse échapper des cris d’outre-tombe. Du sang noir, en guise de larmes s’écrasent sur vos draps.

Vous reprenez contrôle de vos membres, mais comme une mouche prise dans une toile d’araignée vous vous sentez pris au piège.

Vous reculez, mais elle avance, inévitablement, rependant les ténèbres autour d’elle.

Elle tend son bras. Sa main décharnée arrive vers vous. Ses doigts ronges par le temps, laissent échappés une chair purifiée, arrivent a vous saisir.

Le dégout mêlé a votre terreur, vous commencez a hurler, plus fort encore que le tonnerre qui sévit toujours dehors.

Vous vous débattez, votre cœur bat a tout rompre. Vous sentez qu’elle va réussir a vous emporter dans sa tourmente.

Vous êtes au bord du lit, le sol a disparut, le royaume des enfers est la, ses flammes léchant déjà vos pieds. Mais vous ne voulez plus qu’elle vous touche, vous voulez vous échapper, alors vous reculez, encore, encore un peu. Vous tombez, alors immanquablement.

La rudesse du choc, vous étonne. Un instant immobile, vos sens sont en alertes. C’est la que vous entendez la pluie et sa fraicheur calme votre peau en feu.

Vous ouvrez les yeux, un ami vous regarde comme si vous étiez fou ou possédé par un démon mangeur d’âme.

Vous vous étiez tout simplement endormi sur votre canapé.

Vous jurez, mais un peu tard, que les soirée films d’horreurs c’était fini pour vous. Surtout qu’après ce mauvais rêve, des nuits blanches vous attendent. Et que votre amie aux cheveux d’ébènes est tapi dans un coin, près a refaire surface a la moindre faiblesse de votre part.