Une page de vie

Dans le camée que je porte à mon cou

Dans le ciel que j'interroge en vain

Derrière ce volet, ouvert sur ce bout de jardin

Où trônent encore les deux chaises de paille,

Le fantôme d'un cerisier que tu as fait couper…

« Regarde » dis-je à l'enfant qui crie au sacrilège

« Il reprend vie là-bas, c'est un nouvel espoir ! »

Tu es là

…Nos rires, soudain, éclatent sous le baiser brûlant

De cet été trop chaud

Nos corps ruissellent et fondent dessous les cotonnades

Dans le panier le nectar s'impatiente

Les verres s'entrechoquent

Et la chienne, à nos pieds, halète doucement

Guettant d'un œil mi-clos l'abeille travailleuse

Qui écume le trèfle.

Parfum des œillets d'Inde

Que l'on croirait timides

Groupés en un seul chœur sur le puits condamné.

« N'en fais pas un bouquet !» cries-tu, catastrophée

« Cela porte malheur ! »

Je ris à ce tabou, empreinte d'une aïeule

Avant que je te quitte, juste pour un au revoir

Tu cueilleras des roses

Ou la tendre pivoine

Qui perd ses pétales, dès qu'à peine on la frôle

Nous savons qu'à l'automne nous chercherons encore

Serrées frileusement sur les marches du seuil,

Un restant de chaleur, un instant de bien-être

En attendant la primevère

Et le lilas du mois de mai

Dans le camée que je porte à mon cou

Dans le ciel que j'interroge en vain

Dans l'air que je respire

Tu es là Maman

Martine, décembre 2007.