VRAI FUYARD

Marcel Alalof

                                                VRAI FUYARD

 Le chef cuisinier porta le doigt dans sa narine principale et en sortit le plat du jour. Le client se servit au moment ou je récupérai ma monnaie.Hasard ?

La journée était lourde, on s'en serait douté et le poids des ans ne serait pas d'un grand secours pour l'alléger.Je savais à quoi je m'exposais et, au fond, n'en avait cure.

Le ciel était plombé, les nuages côtelés et ma main gauche annulée ou annelée.La portion d’ espoir que l'on nomme Futur commençait à poindre. Il fallait en tirer profit, d'une manière ou d'une autre.

 Je sortis mon répertoire serti de diamants et, m'aidant de ses reflets comme d'un métronome, me mit, en rythme, à égrener, par tranches égales la suite  de mon programme.

Je remarquai la bordure du trottoir qui allait s'amenuisant, au fur et à mesure que j'approchai de la Wolfgang strasse.Pourquoi moi ? Ne pouvaient-ils tous enfin comprendre que je n'aspirais pas forcément à la même coupe de cheveux à chaque visite chez  la coiffeuse. En réalité, il s'agissait d'un prétexte pour que ma tête soit caressée par elle. L'avait-elle auguré, deviné, escompté, prévu ?Je méprise les synonymes qui n'en sont pas, ou plutôt ils m'indiffèrent !

 »Quel intérêt ? », me direz-vous, et j'abonderai rétrospectivement dans votre sens, car vous avez toujours raison.En définitive, il ne s'agit pas pour moi de vous damer le pion, car vos intentions sont nobles.

Je passerai dès que possible vous porter les fruits de mon expérience. Il va de soi que vous devrez me renvoyer l'ascenseur, car la vie est dure et je n'en peux mais.

Mais, de quelle cellule disposez- vous ? A-t-elle vue sur la mer ?  Ne me répondez pas tout de suite, car il faut du temps pour que jeunesse se fasse. Je repasserai. Vous m'avez mal compris : Je passerai de nouveau.

Effectivement et je n'y pensais plus, la femme de ménage ne dispose pas des cartouches de rechange. Dois-je pour autant lui manquer de respect ? J'aimerais qu'elle ne fasse mon lit qu'à bon escient et qu'elle ne me borde jamais.

L'épidémie dessert les rues et fait qu'il n'y a pas foule. Doit-on, au nom de Dieu, occuper le terrain ? Ne dois-je pas, parcimonieusement, limiter le flux de mes sens ? Dois-je refluer ? Je ne sais.

Bientôt sans doute, elle regardera dans ma direction et je devrais répondre. Les batteries sont-elles chargées ? Le questionnement me sied.

Je vis encore dans ce monde où le menu est affiché. Mais, il y a des pochettes- surprises. Je n'irai pas vers elle, car je l'aime comme elle est. Ne troublez pas ma perception, car je me brouille  l'écoute.

La passion revisitée, et quoi encore ? Ne prendrez-vous jamais en compte la réalité toute crue ? Penserez-vous réellement à elle, lorsque  pieds et poings liés, elle s'auto-flagellera en se jetant du haut de la falaise.

Elle  vole ! Que ne l'avez-vous dit plus tot. Je n'ai que faire de vos simagrées et j'aimerais vous voir à ma prochaine visite.

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