A la manière de ...

Se lever l'esprit encore un peu embrumé, penser quelques secondes avec ennui à surmonter à nouveau ce quotidien, puis savourer un café bien fort, ressentir très vite les choses autrement, dès que sa chaleur atteint le cœur. Repartir « comme en 14- comme répétait souvent sa grand-mère- pour la sainte journée.

Goûter, en sortant son chien, la fraîcheur du petit matin. Apprécier le calme avant la tempête. Ecouter le premier chant timide d'un oiseau. Apercevoir, O, miracle, un renard qui se croyait seul, s'enfuir, comme par magie, au cœur des ombres…

Apprécier ce moment où le monde, peu à peu, renaît de ses cendres…Juste un petit bonheur sans croiser quiconque. Elle, la solitaire, la presque sauvage.

Sortir, un peu plus tard, dans la rue réveillée, pour les habituelles courses. Admirer, comme chaque jour, le petit étang où foisonne la vie : canards, bernaches et Cie ! Distribuer des sourires dont elle n'est pas avare…ça réchauffe ! Pas besoin de trop parler. S'enfuir, dès qu'elle le peut. Préserver son indépendance, si précieuse. L'être humain est bardé de contradictions…

Comme Aile, dans le jour qui s'étend, regarder à la télé les films, qu'elle ne va jamais voir au ciné. S'évader ainsi de la vie qui court derrière les rideaux, et pourtant c'est la même qu'à l'extérieur, racontée derrière l'écran, en plus romanesque, avec ses bonheurs, ses failles. Ce sont les mêmes espoirs, douleurs, injustices… En voir tellement que l'esprit gavé, à peine, à se souvenir d'un titre.

Et puis, entre deux films, quelques pages tournées d'un cher livre, dont on brûle de connaître la fin - tricher parfois, en ouvrant le livre en son milieu - ressortir au soleil d'un printemps encore bien frileux, l'esprit juste un peu dans les nuages, caresser du regard cette nature, fidèle amie apaisante jamais décevante….