A l’aube

Je tourne, je vire. Je m’assois, je me relève. Peu dormi. Pourtant hier soir j'avais de quoi m'abrutir pour la nuit mais rien n'y a fait. Alors je travaille. J'ai totalement repris le montage d’un documentaire sur Paris.

Tiens allons faire un tour dans le vrai Paris, le Paris d'antan qui roule sa bosse comme d'autres éructent en dansant sur les pavés anciens.

Fond sonore pour texte blanc. Play

« Sous le pont Mirabeau coule la seine… » crayonne Apollinaire

« Sur le fleuve, une péniche éclairée aux guirlandes. De la musique, des voix qui s’entrechoquent. Passionnément» lui rétorque Alice au pays des merveilles

Au départ c'est presque une marche au fil des rues, des balcons, par les fenêtres de rez de chaussée, sans direction précise. Nous nous arrêtons pour commenter, nous extasier ou bien dénigrer. Nous sommes libres après tout. L'accordéon accompagne chaque pas qui nous conduit sur le chemin de la détente. Et j'en ai bien besoin.

La frêle embarcation a accosté ce matin tôt.  Encordée à une péniche, la petite barque vient doucement se frotter contre le gros bateau, Toi tu m'attends et c'est le sourire aux lèvres que nous remontons l'aube parisienne direction Montmartre. Je vais t'emmener chez Mimine. Tu verras tu seras bien.

Nous nous amusons 

Des ouvriers qui bientôt vont prendre leur travail et démarrent  la journée avec leur premier petit blanc sec

Des cols blancs qui marchent vite, leurs cartables à la main

Des cols bleus qui redressent fièrement la tête ou courbent la nuque

Des mains qu'il faut serrer toute la journée

Des journées parisiennes étourdissantes

Étourdissement du temps qui passe trop vite mais qui ne fait rien à l'affaire

Affaire de grandes personnes si sûres d'elles

Elle dont je ne mesure pas l'absence

Pas encore

Pas tout à fait

A l'arrivée, il y a Mimine et ses bras chaleureux. Viens que je te présente. Tu vois c'est petit mais c'est confortable. On va se mettre à une table, trop de monde au bar. 

Tu dis ?

Étonnant pour sept heures du matin ? Mais non, c'est normal. Ensuite ils vont travailler puis arrivent d'autres habitués, plus lève tard. 

Paris est déjà hyper active mais chez Mimine, le temps joue sa partition différemment. Tu entends la musique ? Elle s'accélère ne laissant pas de place aux flonflons d'une ritournelle languissante

La musique t'a sorti-e de ton lit

T’a conduit-e chez Mimine

Maintenant si tu veux partons. L’heure des florilèges est passée. La journée, quelle que soit l'heure, commence. Merci d'avoir été là.

Et Alice avec le lapin blanc d’enchaîner « Sur le fleuve, une péniche éclairée aux guirlandes. De la musique, des voix qui s’entrechoquent. Passionnément»

« Vienne la nuit sonne l'heure
     Les jours s'en vont je demeure »

sussurre Apollinaire...