Bucéphale

Mitaine Crocq

Il me tient la bride, fermement, certain de sa supériorité.

Il croit m'avoir sous sa coupe, confiant dans la vente juteuse qu'il pense se faire sur ma croupe.

Il ignore tant de choses.

Non, à dire vrai, il ignore tout.

Il ignore que les lieues avalées depuis Argos ne sont rien pour moi.

Que la traversée de la plaine de Thessalie n'a fait qu'attiser ma rage et ma soif.

Une soif qui n'est pas faite d'eau claire et fraîche.

Il ignore que le sol thessalien que nous foulons a vu naître ma mère.

Il ignore combien j'ai souhaité que les rocs affûtés dressés vers le ciel s'abattent et viennent lui briser les os sur notre passage, comme ma mère a broyé ceux de l'infâme Diomède sous sa mâchoire vengeresse.

Philonicos.

Son nom seul m'oppresse.

Et mon pelage luit de sueur.

Le niais pense que la chaleur m'accable mais c'est la colère qui transperce mon pelage.

Que connaît-il à la chaleur, lui, le marchand de bien, lui a qui l'on tient respectueusement ombrelle sous ce soleil plombant ?

Lui dont l'oeil ne luit pas pour le monde qui l'entoure, mais davantage pour les talents qu'il entrevoit prochainement dans sa bourse.

Sur le chemin qui nous mène à Pella, le sabot m'a démangé bien des fois, rêvant de fouler autrechose que la volatile poussière soulevée sur la piste aride et sèche.

De basses tentations, balayées d'un ébrouement.

Viles et basses tentations humaines.

Si ma croupe est ébène, mon âme est pure et noble.

Le marchand craint mon regard vairon.

Il me pense possédé par le Démon.

Il ignore que le seul démon qui m'habite est celui qui m'affranchira de sa longe.

Il ignore que mon regard me donne à voir présent et futur.

Il ignore ce que je sais déjà.

Qu'à Pella, un roi n'attend que moi.

Moi qui n'attends pourtant personne.

Il pense que je vais faire allégeance.

Que je vais plier genoux.

Je suis le règne animal, je suis la fougue libertaire.

Je ne ploie sous personne, tout roi qu'il soit.

Ce roi, je le connais déjà.

Je l'ai entrevu par bribes pendant qu'on me tenait la bride.

Les autres cités le nomment le roi sauvage, prince des barbares.

Ce roi vers qui nous faisons procession c'est Philippe, roi de Macédoine.

Roi du Nord qui se rêve déjà en Hégémon.

Tous l'ignorent encore, mais un roi sur les Hommes règne.

Nul ne règne sur un cheval.

Philonicos devrait pourtant le savoir, lui qui me nomme Bucéphale.

Bucéphale le têtu, Bucéphale le fort.

Bucéphale le cheval à tête de boeuf.

Mais l'appât du gain ne rend guère les hommes malins.

Alors il avance, sourire à ses lèvres sèches, ignorant que je souris moi aussi à mon insoumission si proche.

Un roi sur les Hommes règne.

Nul de règne sur moi.

Je suis le règne animal et la fougue libertaire.

Les royaumes de l'Homme naissent et se meurent.

Mon royaume n'est pas de ce monde et demeure.

Nous quittons la piste poussiéreuse pour un dallage plus régulier.

Tout autour de nous flaire la cité.

De partout affluent d'autres processions semblables à la nôtre.

Des frères de sang par milliers arrivent en rang.

Les sabots claquent le chemin pavé en rythme, comme mille tambours célébrant notre arrivée.

Tous sont harnachés, montés.

Seul je demeure par une bride mené.

Sur mon dos, nul cavalier.

Sur notre passage on chuchote.

Qu'est ce donc que cet animal ainsi dirigé ?

Mon heure a sonné.

De ma torpeur doucement je m'extirpe.

Je hennis, je frappe du sabot et me cabre.

Ils voulaient voir du pur sang, en voilà pour leur argent.

Le marchand s'inquiète et tente quelques brimades inutiles.

Quelques ruades suffisent à faire taire son ego viril.

La foule autour de nous recule, l'oeil figé sur ma crinière qui à chaque ruade ondule.

Chacun de mes muscles, chacun de mes nerfs est en mouvement.

La ruée de Thessalie en Macédoine n'était que mon échauffement.

Au loin, j'aperçois le terrain d'équitation.

Mes frères s'y assemblent, agglutinés, afin que leurs maîtres y fassent bon marché.

Patience Philippe, j'arrive moi aussi.

Et l'on verra qui de nous devant l'autre pose genou.

La matinée se passe, une matinée de passe.

Mes frères tour à tour défilent, et changent de main en une poignée.

Ils ignorent que c'est pour demain mieux se retrouver, sur un champ de bataille harnachés.

Combien y tomberont, combien reviendront ?

Tous l'ignorent, mais moi, je sais.

Philippe veut la Grèce, et pour ça, du sang va couler.

Les autres cités ne le prennent pas encore au sérieux, alors, elles s'y opposeront.

Elles ne feront que grossir le rang des moribonds.

Elles ne le considèrent encore que comme un barbare mégalo.

Elles connaîtront des victoires, et des coups infligeront.

Philippe lui même en sera marqué sous peu.

Le roi qui m'attend est encore intègre, son corps alerte.

Mon sabot ne foulera pas ce sol de pourpre lessivé.

Cette union se fera sans moi.

Philippe réussira sans moi.

Athènes et Thèbes il soumettra, l'Union des cités il arrachera.

Hégémon il deviendra.

Nul ne le sait encore, nul ne l'accepte encore, et ils paieront pour cela leur pensant de morts.

Mais il mourra bientôt borgne, et le pas boiteux.

Il mourra en homme, de la main de l'homme, non pas conquérant, sous sa bannière flottant.

Les royaumes de l'Homme naissent et meurent.

Mon royaume n'est pas de ce monde et demeure.

Mes frères les plus nobles s'arrachent à prix d'or.

Philippe doit révolutionner l'armée, s'il veut une chance de l'emporter.

Il a besoin d'hommes, et les hommes, de chevaux.

Les marchands s'éloignent.

Sous la caresse de leurs doigts, nul pur sang, mais des talents.

Philonicos franchit le porche, mes sabots sur ses talons.

Au centre de l'arène, le roi.

Philonicos tire sur la longe et me presse d'avancer.

Je me presse de lui montrer que je ne suis pas pressé.

Le marchand et le roi échangent quelques amitiés.

Philonicos a parlé de moi, le roi me jauge.

Par mon allure, il ne semble pas être déçu.

Il s'attarde sur mes courbes, sur mes muscles saillants.

Il s'étonne de la tâche blanche sur mon front, seule éclaircie dans mon obscure robe.

Le marchand lui fait observer sa forme en tête de boeuf, et explique ainsi le nom dont il m'a affublé.

Philippe semble satisfait, et d'un claquement de doigts appelle ses hommes afin de me monter.

Gêné, le marchand prévient que ma beauté n'a de rivale que mon indiscipline.

Que depuis Argos, nul ne m'a monté.

Philippe ricane, incrédule, moqueur.

« Comment, et qu'est ce donc là, qu'un cheval qu'on ne peut monter ?

Observe comment mes hommes vont s'en occuper. »

Petit roi, comme je ris de toi.

Si sûr de tout, d'aujourd'hui comme de demain.

Bucéphale voit demain d'un oeil.

Et toi, Philippe, tu n'en fais pas partie.

Présente moi donc tes hommes si courageux.

Ils se montrent enfin, et pénètrent l'arène.

Philippe et le marchand s'éloignent, l'un curieux, l'autre inquiet.

Le premier cavalier, indifférent, approche.

Je fais le spectacle, et le laisse venir à moi, doucement.

A peine à ma crinière agrippé, je l'envoie sur le sable valser.

Au suivant.

Le second débarque, pressé de réussir là où son comparse vient d'échouer.

Il n'aura jamais le temps de toucher ne serait-ce que mon flanc.

Au suivant.

Vient le troisième.

Celui-ci gagne mon respect.

Il avance, comme à reculons, et, après un regard jeté au mien, fait le signe de l'abandon.

Dans l'arène, c'est la consternation.

Le marchand regarde au sol, comptant les grains de sable.

Philippe hésite.

Sa fierté le poussera-t-elle à m'essayer ?

Il me toise, lui, le descendant d'Héraclès.

Je l'observe, moi, le descendant des juments de Diomède, affranchies par Héraclès.

Il fût un temps où ma mère mâchait de la chair humaine.

En ce lieu, en cette heure, j'ai faim d'un roi, qu'il y vienne.

Il fait un pas puis se retourne vers le marchand.

Il mène une guerre, dit-il, contre des cités grecques et non contre un démon.

Il a besoin de chaque homme, sur un cheval sûr, et je ne le suis pas.

Que l'on s'en retourne.

Je suis Bucéphale.

Je ne ploie sous personne, tout roi qu'il soit.

Je suis Bucéphale.

Nul ne règne sur moi.

Philonicos saisit ma longe afin de regagner la sortie, la bourse sèche, lorsque de nulle part s'élève une voix aussi frêle que sûre d'elle.

« Père ! Vas-tu vraiment laisser filer pareille merveille ? Tous les chevaux réunis et achetés ce jour ne valent pas celui là, et tu tournes le dos, parce que trois incompétents échouent à le monter ? »

J'hésite à m'offusquer devant tant de présomption, mais ne peux réprimer un sourire en entendant ce téméraire défier son roi de père.

Le roi Philippe rit moins et s'interroge sur la légitimité d'un gamin de 12 ans à questionner les capacités de ses meilleurs hommes.

« Qu'as-tu donc accompli de si grandiose à ce jour pour oser venir me questionner, moi et mes hommes ? Mais si tu oses, viens donc ! »

C'est alors que je vois Alexandre pénétrer l'arène, le pas sûr et décidé.

Alexandre, ce fils de roi, dont j'ignore tout.

Aucune de mes visions n'est venue m'en parler.

Vont-ils le laisser me monter ?

Vais-je devoir mettre ce gamin à terre ?

Il avance vers moi et je ne peux l'apercevoir, l'oeil gorgée et aveuglé de soleil.

Gardant ses distances, il tourne autour de moi, ne tentant rien.

Il tourne et m'observe tourner.

Je le vois mieux désormais.

Le garçon est bien frêle, les traits fins et féminins.

Ses cheveux sont blonds comme les blés, et teintés de reflets de cuivre que fait éclater le soleil.

Ses yeux sont vairons comme les miens, l'un bleu, l'autre marron.

Nous voilà l'un face à l'autre, duel que les hommes qualifieraient de démoniaque.

Calmement il saisit ma longe, et m'invite à me placer face au soleil.

« Je connais ta plus grande crainte, Bucéphale », me dit-il.

« Comment un tel animal peut-il crainte l'obscurité ?

Regarde autour de toi, c'est toi que tout le monde craint.

Tu es l'obscurité, comment peux-tu en avoir peur ?

J'ai vu, je t'ai vu reculer et te cabrer lorsque l'ombre vient à tes pieds.

Ce n'est que ton ombre, ce n'est que toi.

Ce que tu crains, c'est ta propre silhouette.

Regarde au sol, oui, là maintenant.

Tu ne vois rien, parce que le soleil l'a fait s'évanouir.

Elle est derrière toi.

Bouge un peu, et elle repasse devant. »

Et moi, Bucéphale, je bouge, et je comprends.

Je bouge, et je joue avec mon ombre.

« Chaque fois que tu auras le soleil de face », continue le gamin, « ne crains rien.

Chaque fois que tu verras cette ombre, pense à moi, et ne crains rien.

Tu es l'obscurité, je suis la lumière.

Tu es tout d'ébène, je resterai blond blé à jamais.

Reste avec moi, et tu ne verras que lumière.

Reste avec moi, et nous chevaucherons ensemble, à jamais et toujours plus loin vers l'Orient. »

Perplexe, mon regard lui demande : « Et qu'irai-je faire en Orient, petit homme ?».

Alexandre lève ses yeux vers le soleil, mystérieux :

« Parce que là-bas se lève le soleil Bucéphale, parce qu'avec moi, tu t'approcheras toujours plus du soleil.

Tu ne veux pas de Philippe, et tu as raison, il restera à jamais cantonné à l'ouest.

Parie sur moi, et nous ouvrirons toutes les portes vers l'est, des portes vers des pâturages et des espaces infinis comme tu n'en as jamais rêvé.

Comment je peux le savoir?

Comme toi tu peux savoir, je l'ai vu.

Approche, et vois par toi-même ».

Je suis Bucéphale.

Je ne ploie devant personne, tout roi qu'il soit.

Mais ce gamin n'est pas roi, et il n'a pas même essayé de me monter.

Alors je souffle, un peu, alors je frappe du sabot, gentiment, mais je m'approche.

Je m'approche et plonge mon regard dans le regard de ce gamin qui ne ressemble à rien, dans le regard de ce gamin qui n'est rien.

Alors, je vois.

Alors je sens.

Alors je sais.

Je vois le gamin me monter tout à l'heure.

J'entends le roi Philippe, lui conseiller de se trouver un royaume à sa portée, car la Macédoine ne saurait lui suffire.

Et ce royaume s'offre à moi.

Je vois l'Empire Perse à nos pieds.

Je vois les espaces infinis, les plaines inexplorées, les murailles tomber.

Je vois les fêtes millénaires, les peuplades étrangères, les merveilles insoupçonnées.

Je vois les Hommes suivre le gamin qu'il est encore, aimer le cavalier qu'il sera bientôt, aimer l'Homme de guerre qu'il sera toujours.

Je vois le visionnaire, l'administrateur, le pragmatique Conquérant.

Car cet enfant ne sera pas roi.

Il ne siégera pas sur un trône, dans une salle somptueuse, entouré de conseillers.

Il parcourra le monde.

Il soumettra le monde.

Il gagnera le monde.

J'ai vu les rives du Granique et la traversée de l'Hellespont.

J'ai vu Darius fuir à Issos, abandonnant mère, femmes, filles et butin à ses pieds.

J'ai vu la prise de Tyr, et la fondation de la première Alexandrie sur le Nil.

Je l'ai vu être intronisé fils d'Amon et dieu en Égypte.

J'ai vu son sommeil serein avant Gaugamèles, et la défaite de Darius.

Je l'ai vu honorer son ennemi une fois mort, et en devenir l'héritier.

J'ai senti la fièvre de son entrée à Babylon.

J'ai vu son mariage avec Roxane.

Je nous ai vus, ensemble, sur les rives du Gange, à la limite du monde connu, sur ces terres indiennes gorgées de magie et de merveilles.

Non, ce gamin n'aura pas de trône où siéger.

Il en aura mille.

Et le tout premier sera moi.

Je suis Bucéphale, je ne ploie devant personne, tout roi fut-il.

Devant aucun roi, tout descendant d'Héraclès fut-il.

Oui, mais ce gamin est le fils de Zeus, et d'Achille.

Alors je l'accompagnerai et ensemble, nous franchirons l'Indus.

Alors oui, j'ai senti.

J'ai senti Hydaspe.

J'ai senti cette blessure mortelle, comme si on me l'infligeait en cet instant précis, en cette arène.

Mais j'ai aussi senti que même mourant, je l'accompagnais encore jusqu'à la victoire finale.

Et Alexandre tiendra promesse.

Nous irons.

Nous irons plus loin à l'est qu'aucun homme n'a jamais rêvé d'aller.

Et j'y tomberai, sans regret.

Et il me laissera, tout proche du soleil, comme promis, sur le rives du Jhelum.

Je l'ai vu continuer sans moi, et retourner vers Babylone, avec une armée épuisée.

Je l'ai vu majestueux, aux noces de Suse.

Puis je l'ai aperçu tomber, à son tour, si jeune.

J'ai vu sa dépouille sujette à querelle, errer dans son empire.

J'ai eu envie de crever, encore.

J'ai aperçu la chute et le partage de son empire, malade de son absence.

Mais tout ça n'est rien.

Alexandre lui même le sait bien.

Car nous irons bien au delà de tout ça.

Nous irons au delà du temps, au delà des dépouilles et des tombeaux.

Car dans un millénaire, l'on parlera encore de lui.

Et dans deux millénaires encore.

Et aussi loin que me porte mon oeil plongé dans le sien, encore, et encore.

Et s'il vit à travers les siècles, je vivrai aussi.

Alors, après avoir goûté à la liberté avec lui, nous goûterons ensemble à l'éternité.

Enfin nos regards se détachent, nous laissant tous deux étourdis et impatients de l'épopée qui nous attend

.Alors Alexandre laisse tomber ma longe, et vient caresser la tâche sur mon front.

Dans l'arène, c'est la stupéfaction.

Philippe reste sans voix, et Philonicos retrouve espoir pour sa bourse.

Car je plie un genou, et accueille Alexandre pour la première fois sur ce dos qui lui servira de trône.

L'arène est toujours silencieuse, et attend ma ruade.

La ruade ne vient pas, et nous partons au galop.

La foule exulte, scandant le nom de mon cavalier, comme préfigurant les foules qui l'acclameront bientôt partout.

Dans ma crinière de charbon, dans sa chevelure de blé, le même souffle.

Sur mes flancs, je sens ses artères cogner dans ses jambes, aussi fort que mon coeur tambourine dans ma poitrine.

Je suis Bucéphale.

Les royaumes naissent et meurent.

Le nôtre est immortel et à jamais demeure.

Je ne ploie sous personne, et nul ne règne sur moi.

Mais grimpe et agrippe toi Alexandre, car nous régnerons ensemble.

Je ne puis t'offrir l'éclair comme Pégase à Zeus,

tu ne peux m'offrir une constellation comme Zeus à Pégase,

mais grimpe, Alexandre, et nous nous offrirons le Temps.

  • Hello!
    J'ai bien aimé ton texte, avec son côté poétique et ses nombreuses références; pour le concours j'ai aussi écrit un texte sur Bucéphale; ce cheval inspirera sûrement encore longtemps!!

    · Il y a plus de 10 ans ·
    P1040273

    perno

  • Superbe!

    · Il y a plus de 11 ans ·
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    mysterieuse

  • j'ai lu, c'est une bonne idée de faire penser le cheval surtout Bucéphale dompté par Alexandre plus tard le Grand, grâce à son fier destrier.( je suis d'origine grecque par mon père)
    J'avais écrit un texte, qui n'a rien à voir avec celui-là, mais je faisait penser un taureau. si tu veux le lire, je te le mets en pièce jointe.
    Et bravo pour ce texte. J'ai voté. Merci à MlleAsh pour le partage.

    · Il y a plus de 11 ans ·
    Moi

    Yvette Dujardin

  • Magnifique, tu écrit vraiment bien. J'ai une grande passion pour les chevaux, et Bucéphale est un cheval extraordinaire, et tu lui a bien rendu hommage. Bravo. Je partage :)

    · Il y a plus de 11 ans ·
    Weekendplansnewest

    mlleash

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