Carte postale

valjean

Ma chère Appoline,

nous voici de nouveau dans les Landes, d'où je t'écris cette carte postale que, j'espère, tu trouveras jolie, bercé que je suis par le flux et le reflux des vagues.

Mon corps a retrouvé son écrin sur cet immense matelas de sable qui n'a comme limites que l'entrée du Royaume d'Espagne.

Bientôt, tu l'imagines, je vais de nouveau chevaucher mon vélo, chevalier des temps modernes sur son destrier de métal et  parcourir les voies vertes qui quadrillent la forêt, où il me semble parfois encore entendre siffler le train.

Je roulerai léger, énivré de ce mélange si subtil d'effluves de pin maritime et de fougères, guettant ci et là le festin des êtres roux qui vont d'arbre en arbre.

Ici, même la nuit est belle, surtout quand la chaleur est interrompue par le frisson d'un souffle d'étoiles, troublant à peine la course folle des lapereaux.

Tu sais, Appoline comme je suis sensible à la lune. Elle est très présente quand elle pianote sur le lac marin avec ses touches de lumière blanche.

Je dois te laisser, mon aimée. Il ne me reste juste assez de place sur la carte pour te dire au revoir.

Comme je ne sais où te l'adresser, je te l'envoie avec un baiser. 

A moins que le gardien du cimetière ait la gentillesse de la déposer sur ta tombe, entre deux bouquets de fleurs que tu aimais tant.

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