Ceci est une pipe.

Quel jeu de cache-cache délicieux, pense Belle, Colin-maillard sensuel sans bandeau sur baguette. Le pouce passé sous le frein, le reste des doigts refermés en écrin, Prince voile et dévoile tour à tour son mandrin, puis relâchant l'emprise, libère un peu de la tension qui mâchouille son ventre. Elle étudie, attentive, élève très appliquée, apprend les soubresauts, le rythme et la manière, les accélérations et freinages subits. Elle souffle parfois un tout petit fil d'air sur la perle qui sourd du petit trou du bout.
Tentante cette goutte, se dit-elle, et si je testais ?
Pointe de langue tendue, elle recueille…Un miellat aigre-doux, si peu aigre, si tant doux…Elle découvre une saveur rare, une âcreté diffuse qui laisse dans sa bouche une envie de revenez-y. Alors, elle y revient et guettant l'effet produit, propose sa bouche à Prince qui …qui…
Telle une galère romaine abordant un rivage inconnu avec prudence, il immisce son rostre au seuil de cette contrée aux moiteurs dentelées…Puis, soulagé de n'y trouver que mousse et écueils de nacre aux arêtes adoucies, il avance un peu plus.
Quel délicieux supplice, quelle torture jouissive. Une petite bête semble loger dans ce goulet diaboliquement chaud. Vivace, agile, chatouillante, cette bestiole s'active autour de son vit comme une vaguelette sur son avancée de chair. Elle guiliguilite, molle et douce, puis durcit et agresse, lance dure emperlée de rosée. Elle s'enroule et déroule une multitude de rubans qui l'emballent et le tendent comme fagot séché.
Et il arque les reins pour aller plus profond. Il regarde cette ruche où disparaît son dard, il soupire et gémit, se retient, se retient…

Le début, la suite, la fin pour ne pas rester sur sa faim, ici, bien sur. 

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