Ces choses que j'aurais aimé te dire

Tu vois, je ne sais même pas, par où commencer… Il est une heure trente et une du matin. Et je me rends tous les jours un peu plus compte de ma connerie. La vérité c'est qu'on s'est fait du mal. Toi et moi. Tu m'as fais du mal, j't fais du mal. Et putain, crois moi, j'en suis sincèrement désolée. J'ai été stupide, ça arrive. Mais ça ne m'excuse pas. Tout comme, j'ai eu du mal à te pardonner.

Pourtant, ce soir j'aimerais tout recommencer, qu'on efface les ardoises, et qu'on recommence à s'aimer. J'sais, j'sais, ça n'arrivera certainement pas. Et puis, tu ne liras certainement jamais ceci. Faudrait que j'en aie le courage, que je trouve la volonté pour te dire toutes ces choses que j'ai enfoui… Toutes ces choses que j't ai caché, qu'y me détruit. Et qui nous a bousillé. Franchement, me lire te fera peut-être plus de mal, ou peut-être que tu ne prendras même pas la peine de le faire –enfin si je trouvais le courage de t'envoyer ce mail-, ou peut-être que tu n'en auras rien à battre, et que tu fuiras tout ce qui te rappelle à mon souvenir.  Mais j'dois le faire. J'nous dois bien ça.

Et crois moi, moi aussi, j'aimerais t'oublier, j'aimerais nous oublier. J'serais heureuse –pour toi- et triste à la fois, si tu y parvenais… J'sais, j'suis égoïste. J'me plains tout le temps, j'sais pas dire les choses, j'fuis, j'm'éloigne sans arrêt… Mais j'me rends compte de tout ça. J'y vois clair dans tout ça. Et ça me tue, ça m'a tué de voir le mal que j'aurais pu continuer à t'faire. Bien sûre, tu me disais le contraire, j'étais un ange, j'étais extraordinaire… Qu'est-ce que j'aurais aimé te croire. C'est pas ta faute, non, c'est la mienne. J'suis comme ça. J'me vois pas comme les autres me perçoivent. Et j'pense toujours avoir raison, j'ne laisse pas de place à l'autre. C'est con. J'devrais, je sais, ça m'éviterait tous ces regrets.

Mais entre toi et moi, c'était complexe. J'me prenais trop la tête. J'suis comme ça, j'suis une nana compliquée, avec tout un tas de sales travers.

J'suis bornée, un peu cinglée, alors notre relation par réciprocité ne pouvait que l'être également. Tu m'diras c'est pour tout les couples pareils… Il y a des hauts et des bas. Sauf que moi, j'voyais toujours le verre à moitié plein. Dieu sait, que j'aurais aimé que tout ça, se passe différemment. Seulement moi, j'ai pas tenu. J'ai pas su faire la part des choses, j'ai pas su te dire tous ces trucs qui m'empoisonnent la vie. J'suis une bonne actrice. C'est certain, ça on me l'a toujours dis. Dans le rôle de la jeune femme heureuse, sans soucis et pas prise de tête, j'gagne l'oscar illico. Mais j'suis pas cette nana. J'peux l'être, mais elle apparaît réellement que pour de court moment. Et ça c'est pas suffisant. Dans ce monde, il faut être heureux, faut être normal. Il faut faire les choses comme il faut, marcher bien dans les clous, être droit dans ses bottes, faut avancer et surtout pas penser au passé. Il faut sourire, vivre et s'épanouir. Construire une famille, posséder une maison, et gagner du fric plus que de raison. Parce que dans ce monde, c'est tout ce qui compte, le pognon.

Ouais, j'vois bien que j'm'égare. C'est pas le sujet, mais c'est pour te dire à quel point, j'ne rentre pas dans ces lignes de conduites. J'suis une sorte de grenade, une bombe à retardement et j'sais jamais combien il me reste de temps avant la prochaine explosion.  J'ne voulais surtout pas t'infliger ça, et te faire du mal. J'sais, c'est raté. J't'en ai fait. Mais j'te jure ça partait d'une bonne intention, j'voulais t'épargner et au lieu de ça, je t'ai blessé. J'nous ai détruit. Et ça restera ma connerie à vie.

Pourtant, j'aurais aimé que les choses soient autrement, j'aurais aimé faire partie de ces filles toujours jolies, toujours prêtes, parfaites jusqu'aux bouts des ongles. Malheureusement, j'suis pas de ces filles-ci. J'fais partie d'une minorité. J'fais partie de ces femmes qui peuvent être des dépressives chroniques, des guimauves ambulantes, des handicapées émotionnelles… De celles qui ignorent ce qu'sait qu'le bonheur, et qui ne pensent pas le mériter. De celles qui cachent leurs fêlures, de peur qu'on les juge. De celles qui sont terrifiés à l'idée d'échouer, et de finir abandonnées dans un fossé. J'fais partie de ces étoiles filantes, de ces lucioles essoufflées, qui donneraient tout pour être aimées et enfin savourer le véritable bonheur. Sans jamais parvenir à se laisser aimer.

Mais ça, j'pouvais pas te le dire. Et même là, je suis en dessous de la vérité. J'suis encore plus compliquée. Car il faudrait que j'fasse taire cette petite voix qui dirige ma vie, qui fait courber mes envies. Et qui me pousse à fuir autrui.

Mais ce soir, j'ai le cœur serré, j'en ai les tripes retournées. Ce soir, j'ai envie d'hurler, tu comprends ? J'ai envie de tout lâcher. Tous ces mots, que j'ai retenus en pagaille m'étouffent. Tous ces maux, que j'ai occulté me crèvent les yeux désormais.

J'aimerais tellement te dire toutes ces choses. La vérité c'est que j'suis tétanisée... J'en ai les mains qui tremblent, et le cœur en gelée. C'est dingue comme tu me manques, c'est fou comme mon ventre se noue, lorsque je revois une photo de toi, quand je relis nos messages. J'ai même plus d'larmes pour pleurer ma bêtise. J'passe mon temps, mes journées à cliquer sur ta page Facebook, en quête d'information. Et dieu sait comme ça fait mal, j'sais, j'peux m'en prendre qu'à moi-même. C'est de ma faute, si entre toi et moi, c'est terminé. Mais j'pensais que c'était la seule chose à faire… Comprends moi, j'voulais tellement t'éviter de souffrir. Je ne suis pas quelqu'un de bien, j'suis pas une bonne personne… J'fais plus de mal que bien aux gens qui m'entourent, mais toi c'est diffèrent… C'était diffèrent, j'arrivais plus à jouer, j'arrivais plus à maintenir les faux semblants. J'devenais gluante, je fondais, j'me caramélisais à tes cotés. Et c'était trop dur à supporter. J'pouvais pas me permettre de culpabiliser encore plus, j'pouvais pas te mentir plus.

Et tu vois, j'ai l'impression d'en avoir déjà trop dit… Il faut que j'arrête. Façon tu ne liras certainement jamais ceci, ou tu ne me répondras certainement pas, mais j'avais besoins de l'écrire… Et que tu saches, que malgré le mal que j'nous ai fait… Je peux désormais être certaine que je t'aime. Je t'ai aimé, plus que j'ne l'aurais jamais cru. Et sérieux, ça fait mal. C'est certainement trop tard, j'sais, mais il fallait que tu saches  à quel point j'étais désolée. Et que tu n'avais rien à te reprocher.

J'te dirais pas adieu, ni au revoir, ni bonne continuation… J'te dirais seulement que je suis heureuse d'avoir fait partie de ta vie, que j'te remercie pour notre petite infinité. Et surtout j'croise les doigts, pour que nos chemins, un jour, se rencontrent de nouveau…

Tu sauras qui je suis. 

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