Chronique d'une maman surmenée...l'accouchement !

Intrigante

POUSSEZZZZZZZZZZZZZZZ !!!!!!

Pousser quoi ?

Qu’est ce que je fais là d’ailleurs ?

Mais je sais bordel !

J’accouche non de non !!!

Replaçons tout cela dans le contexte…je suis une femme…logique !

 J’ai 23 ans…trop jeune pour accoucher, maintenant j’en suis sûre !

Pourquoi ?

 Tout simple…essayez de faire passer un citron par une tête d’épingle !

 Impossible ! Voilà c’est la bonne réponse.

C’est la réponse de mon utérus de toute manière !

Donc hop !

Je vais aller me rhabiller, car je ne me sens pas à mon avantage, les pattes écartées, devant un mec que je ne connais même pas.

Il à l’air malin avec son bonnet plastique et son tablier de boucher, manque plus que le couteau et il pourrait travailler à la boucherie du coin.

Docteur Novembre, oui… sauf que l’on est en juillet, donc j’aurai préféré le docteur Juillet.

Avant tout, quelque chose pour m’enlever ce truc de mon ventre….

Oui ! Un bébé, si vous voulez jouer sur les mots, c’est pareil !

Mais c’est légèrement gênant…il faut de toute évidence, trouver une autre solution pour me sortir cet alien de mon corps, mais certainement pas par mes voies…génitales.

Comment tout cela est-il arrivé déjà ??

 Ha oui ! Une nuit de folie avec l’homme qui se trouve à côté de moi.

 J’essaie de me rappeler cette partie de jambes en l’air… Entre deux contractions. Est-ce que j’ai pris mon pied au moins… Que je sache si cette souffrance est légitime !

Quoi que ! Lorsque je l’observe en coin à l’ instant, il est très loin du don Juan de mes souvenirs de galipettes. Avec ce sourire de débile profond que je ne connais pas, sa capote sur la tête, et son tablier bleu. Il me répète sans arrêt qu’il m’aime !

C’est ça oui !!!!

À cause de toi « because of you » je souffre, c’est pire que de brûler en enfer j’en suis sure !

 Je suis en train de me déchirer. Oui c’est le mot…J’entends que ça craque !

Devant une ! Deux ! Trois !

Non, mais !!

Combien de personnes dans cette salle à me détailler le vagin…

Cinq !!! Tout ça pour moi !

Allez-y ! C’est journée portes ouvertes aujourd’hui, profitez de la vue, car c’est la dernière fois que je passe par là…

Si j’avais su que j’y reviendrais encore deux fois !!

Trois heures du matin, je me lève (et je le bouscule…) avec des crampes… Jusque-là, j’étais heureuse, épanouie. Des douleurs supportables, Oulla !! Une partie de plaisir…

Et bien, que de grands mots pour des contractions, pas bien pire qu’une légère constipation !

Et les copines déjà mère…

 « Tu vas voir, tu vas souffrir » ou

 « Ça fait trop mal »…

Encore des petites natures.

Je réveille donc mon mari tranquillement… enfin tranquillement, au bout de trente minutes, je ne suis plus si paisible…je commence quand même à souffrir… Mais toujours avec le sourire ou plutôt un rictus crispé.

Mon ami se lève, pas pressé.

Je me retiens un tantinet de lui mettre un bon coup de pied au cul, mais restons souriante, heureuse d’accoucher !

De donner la VIE !

Ha ha ha !

La bonne blague…on donne, on donne ! Et ensuite on ne peut plus marcher pendant des jours.

Arrivée à la maternité, regard de travers…oui, désolée de vous déranger pendant la « pause café »…elle est où Véronique ?

Allez hop ! On m’allonge et premier doigté d’une très longue série…et bien, que dire… que du bonheur !!

Je reste toujours aussi charmante ! D’ailleurs, pas de péridurale…je suis forte et courageuse…

Mais pas du tout !!!

Deux heures plus tard, je me tape la tête contre les murs et hurle à mon conjoint pa-niqué (c’est le mot, car il ne remettra jamais son engin en moi), d’aller me chercher l’anesthésiste pour qu’il me pique !!!

Et là, vous vous trouvez en plein dans le sketch d’Anthony Kavanach de « l’accouchement »

 Donnez-moi quelque chose, morphine, cocaïne….

Et votre ami que vous haïssez à l’instant, car oui je l’ai détesté !

 « Plus jamais de lui en moi » c’est la phrase que je me répète en boucle dans ma tête.

 Bon cela commence à être long et finalement, avec un sourire d’excuse, mon conjoint me prévient bien gentiment qu’il va prendre un « temps de repos » pour fumer une cigarette…

Devant mon regard devenu meurtrier, il change d’avis illico presto pour remettre sa main complètement inerte entre mes griffes…

Justement en parlant de pause, je peux, moi aussi en avoir une ?? Eh bien non !

POUSSSEZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZ

Celui-là, il répète encore une fois ce mot et il finira sa vie en juillet.

Voilà la phrase qui tue « si vous n’y mettez pas un peu du vôtre, on n’y arrivera pas »

Alors là deux choses me viennent en tête…

La première une carabine fixée entre les deux yeux du médecin

La deuxième c’est ce « on » dans sa phrase

Il a l’impression de participer à ma souffrance peut-être ???

Et l’autre qui commence à m’embrasser pour m’aider dans mon combat.

Il veut que j’y mette du mien, donc c’est parti, je pousse de toutes mes forces, pour cette fois l’entendre hurler d’arrêter.

« Il faudrait savoir »

Enfin la délivrance…quel mot merveilleux… dé-li-vran-ce

À peine né…cet être hurle à la mort…c’est bon signe d’après le médecin.

 S’il le dit !

 Je ne le sais pas encore… car, tout comme mon ami, je suis en admiration devant cet ange venu des profondeurs de mon être.

 Mais, à partir de là, les problèmes vont commencer…

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