Devenir une autre

christinej

J’étais de celle qui marchait le long des murs, ne voulant jamais me faire remarquer, être la plus invisible possible. Ma timidité était maladive, j’évitais les regards, m’habillait de couleurs sombres, je vivais seule, exclue.

Un jour voulant briser mon malheur, j’ai pris mon courage a deux mains pour enfin parler au garçon qui me plaisait, sa réponse: “je sors pas avec de boudins de thon dégages”.

Ca a été la fin, ma fin.

Je suis restée des jours sans sortir, a me lamenter, a pleurer. Et un matin je me suis levée et j’ai dit ca suffit.

Je suis partie une semaine pour me trouver.

Les premiers changements ont apparus au travail, on me tenait la porte, m’appelait mademoiselle avec respect, j’en ai même vu se retourner sur mon passage. Mon patron, qui jusque la ne connaissait même pas mon prénom, voulait me donner des responsabilités et parlait d’une augmentation que je méritais depuis longtemps. Je me suis alors approchée, langoureusement penchée face a lui, lui dévoilant encore plus mon décolleté plongeant, papillonnant des paupières, gonflant mes lèvres rougies pour un éventuel baiser, et je lui ai souffle a l’oreille “j’y compte bien”.

Deux jours plus tard je l’avais obtenue et j’avais même un meilleur bureau, avec un bouquet de fleurs fraiches chaque matin, délivré par les soins de mon patron.

Quand je me suis sentie enfin prête je suis retournée dans le bar de mon affront. Rien ne m’a étonné quand je l’ai vu toujours accoude au même coin de bar, il était toujours aussi beau mais paraissait insipide. Je ne voulais pas reculer, je me suis avancée droite, fière, en évitant son regard. Il lui a fallut deux minutes pour venir m’aborder. Je l’ai laisse m’embobiner, me faire du charme, s’approcher de moi avec son haleine aux relents de bières. Je l’ai suivit jusqu’à sa chambre minable tout en faisant semblant de tout trouver formidable.

La porte s’est refermée sur nous, mon show allait débuter.

Il posa sur moi un regard rempli de désirs et d’envies, il colla ses lèvres aux miennes, en gémissant. Je sentais ses mains chercher un chemin vers ma peau. C’est la que j’ai décidé que c’était moi qui mènerai la danse. Une main sur sa nuque, je le forçais a accueillir ma langue dans sa bouche, il essaya de résister mais pas longtemps. Je collais mon corps au sien pour lui imposer le lieu de sa chute. Quand ses mollets touchèrent le lit il était mien.

Il essaya de parler, je lui fis signe que non, et lui imposais l’immobilité. J’étais assise sur lui et sentais bien le plaisir monter dans son caleçon.

Mes mains le caressaient, mettaient en émoi son épiderme, il fermait les yeux de plaisir. Comme dans les livres a l’eau de rose ou j’apprenais la passion sur des pages jaunies je lui ai attache les mains aux barreaux du lit. Torse nu, pantalon baisse, son sexe s’érigeait comme un point d’encrage pour ma personne. J’étais toujours grosse mais cela ne semblait plus le gêner. Au dessus de lui j’offrais mes seins a sa bouche, qu’il dégusta avec délectation.

A présent j’étais nue face a lui, aucune timidité, aucune retenue j’ai fait glisser ma langue sur ses seins, sur son ventre pour arriver a l’objet de mon désir. Je n’avais jamais fait de fellation avant, mais le principe était simple, engloutir avidement sa queue et faire des allées et venues, mais je ne voulais pas trop en faire. Je l’ai regarde droit dans le yeux, remontant, me dressant, positionnant mon sexe gonfle de désir juste au dessus du sien. Je sentais qu’il voulait, qu’il mourrait d’envie de me prendre, mais c’est moi, et moi seule qui décidait quand et comment. Je voulais ressentir, apprécier, découvrir sans entrave ce qu’on m’avait toujours refuse, la jouissance. Alors je l’ai englouti, a le faire devenir mien. L’extase extrême de son sexe en moi, cette chaleur qui émane d’un autre et qui me consume a l’intérieure était merveilleuse, douce et tellement forte et brutale.

Je lui ais impose mon rythme, mes coups de reins, je voyais bien qu’il en voulais plus, plus vite, plus fort, non tu n’auras rien de tout ca, tu auras seulement ce que j’ai décide.

Je l’ai senti, cette pointe de folie montée en moi, cette vague déferlante de non retour, une ondée de chaleur, de moiteur, de laisser aller, de lâcher prise, d’accepter de vivre intensément pour les secondes a venir sans questionnement accepter qu’ un blanc envahisse votre esprit le temps de la jouissance. C’est donc cela jouir. Et on revient sur terre, parmi les êtres suant et empestant le sexe. Il n’avait pas finit, il m’avais observe attendant son tour comme un chien attendant son os. Oui mais non, désolée, non même pas désolée. En me relevant, le voyant penaud et loin de tout comprendre, c’est la que j’ai jouis pour la deuxièmes fois de façon bien plus délicate. subtile mais tout aussi fort.

A l’extérieure de sa chambre je l’entendais encore m’insulter, c’est qu’il en avait du vocabulaire de bas étage.

J’étais devenue celle que je voulais, a coup de coiffeur, manucure, usage intensif de ma carte de crédit pour une nouvelle identité dans de nouveaux habits. En déployant les charmes que l’on m’a donner, accentuer mes atouts, et oublier mes inhibitions j’étais devenue une croqueuse d’hommes, une croqueuse de la vie, pour vivre ma vie sans limite et sans entrave.

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