épure

Susanne Derève

Vois-tu devant nos yeux
Le temps qui passe
Ces voiles nonchalantes
Au-delà de la passe
 
Le vieil or des lointains
Quand filent vers Mordreuc
Vent de suroit
Brise changeante                                                                
 
Les barques égarées
Sur les grèves mouvantes    
Pâle césure du soir
Dans la brume d'été
 
Vent de suroit capricieux
Qui se dérobe
Qui gonfle tes cheveux
Et taquine ta robe
 
Toi, que mon désir épure
Comme la première étoile
Au Nord
Comme l'acanthe
 
Toi, et le temps qui s'enfuit
En contrepoint
Dans un murmure
Et nous trahit




Illustration : tableau de Sylvie Bertrand (soleil couchant et promenade des Anglais)
 
  • Non, je n'ai rien vu,
    je devais être absent,
    endormi quelque part,
    accoudé à un bar...

    Je n'ai pas vu ton regard
    se dissoudre dans la brume ,
    l'or des lointains
    et la brise changeante .

    Il s'apprêtait à un départ,
    et le vent emportait
    du côté de la gare,
    le train des regrets.

    Je ne me souviens , que de ta robe
    qui se gonflait
    comme tes cheveux se dérobent
    quand ils sont défaits .

    Ne pas le comprendre, ce temps
    d'une valse lente
    quand les cargos lents
    accostent, contre toute attente :

    Le temps s'enfuit peut-être
    et modèle l'avenir ,
    mais c'est notre être
    qui n'a pas su le retenir .

    Comment savoir que ce désir
    repliait ses voiles,
    que tu ne pouvais saisir
    une seule de ces étoiles... ?

    Puisque tu parles d'une épure,
    sache que le mien persiste
    aujourd'hui encore, comme la pierre dure
    oubliée par l'alchimiste...

    Ce temps n'est pas si lointain ,
    ce n'est pas le contrepoint d'aujourd'hui,
    t'attendre encore n'est pas vain,
    car, jamais, je ne t'ai trahie...

    -
    RC

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Tulip  avr  21  03

    rechab

  • Océan – mer – terre, destin d’une embrassade

    Vogue le destin d’une embrassade,
    étreinte et baiser humide de l’eau au sable
    la fin de quelque chose, le début d’un autre

    s’évanouit la terre ferme, pour le choix du liquide,
    une masse matière
    vivant de ses soubresauts

    l’histoire de tant de marins qui s’y sont fié,
    espérant voir un jour la ligne dorée
    d’un continent lointain,

    ou, gagnant leur vie au milieu des embruns salés,
    rapporter une manne vivante dans les filets,
    mais toujours en équilibre, sur l’instable,

    à portée des caprices de l’écume et du noir des abysses,
    peu se sont attardés, à convoquer la couleur bleue,
    comme celle d’un paradis uni et tranquille…

    Et partir en croisière,
    pour le souvenir dans la mémoire,
    des ports ensoleillés.

    Il y régnait surtout l’odeur tenace des huiles et des poissons séchés ,
    la musique des filins qui claquent sur les voiles,
    et le concert des mouettes…

    L’océan, suit la lente rotondité de la terre,
    il la cache ,l’obture, et remplit ses failles,
    antre des mollusques.

    Les mâchoires des prédateurs qui s’y sont fait leur empire… :
    de l’autre coté des courants l’océan a l’odeur femelle,
    et ne révèle ses mystères qu’en surface.

    On y sait des coraux, des épaves, des algues et méduses, et peut-être des sirènes…

    Mais aussi la mémoire des conflits terrestres, des navires coulés, avec leur cargaison,
    d’hommes et de matériel, un rêve des contrebandiers,
    les galions d’or, la vaisselle fine, les amphores pleines de vin d’Italie…

    Boules tueuses des mines, guettant les cachalots métalliques…
    Les supports des îles, en stratégie qu’on se dispute: invasions alternées :
    Chypre, la Crète,Hawaï etplus récemment les Malouines…

    On y soupçonne les courants obstinés,
    prolongation des fleuves et rivières,
    fantasmant sur la dérive des continents,

    les migrations parallèles aux oiseaux,
    bancs serrés de poissons voyageurs…

    On en rêve dans sa chambre, pour voyager en romans,
    dans une épaisseur liquide à vingt-mille lieues de Jules Verne,
    puis aux légendes grecques.

    Le raffiot de la rêverie, n’a changé d’échelle
    que depuis la vue aérienne, avec laquelle les vagues les plus déchaînées,
    ne semblent qu’un vague frisottis décoratif…

    Qu’en serait-il de l’effet de tsunami « pris sur le fait » ?
    une onde circulaire, s’étendant
    comme lorsqu’on jette un caillou dans l’eau,

    suivi d’une autre,
    puis semblant se calmer,
    alors que des murs d’eau viendraient,

    quelques heures plus tard,
    rejeter violemment les chalutiers,
    et bateaux de plaisance au milieu des falaises et forêts…

    La soupe salée, vécue du bord des côtes dévastées
    prenant soudain
    un goût de l’amer, bien éloigné

    de l’aspect paisible
    qu’on suppose à la mer.
    …..Sans l’apostrophe…


    RC - 14 juillet 2012

    · Il y a environ 7 ans ·
    Tulip  avr  21  03

    rechab

    • tout cela est bien sombre , mais d'accord avec toi , on ne peut pas se fier à la mer

      · Il y a environ 7 ans ·
      Photo

      Susanne Derève

  • Bonsoir ...je découvre votre écriture et c'est une chance !!!Un texte comme un tableau ....avec de belles images qui invitent à prendre le temps et incitent à la contemplation !

    · Il y a environ 7 ans ·
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    lamounedenullepart

    • merci, et je vous retourne le compliment, votre jardinier est délicieux et votre poème sur la Camargue a réveillé en moi d'anciennes sensations, ce merveilleux flamboiement des flamands roses, la silhouette des chevaux blancs sur l'horizon ... au plaisir de se lire !

      · Il y a environ 7 ans ·
      Photo

      Susanne Derève

  • Une belle découverte que votre plume en ce jour solaire et incandescent. Vos vers se balancent, ils nous bercent comme la marée avant de se figer dans l’éternité suspendue de l'instant... Alors on se sent jeune et vivant.

    · Il y a environ 7 ans ·
    Profil

    Julien Darowski

    • Merci à vous d'avoir pris le temps de me lire, on se sent plus vivant d'être lu , non ?

      · Il y a environ 7 ans ·
      Photo

      Susanne Derève

  • Les voiles nonchalantes sont le temps qui passe, tout est dit : la mer ne peut être que mélancolique, SD persiste et signe en bas de page (le temps s'enfuit et nous trahit).

    · Il y a environ 7 ans ·
    Photo 1 orig

    Alain Balussou

    • comme les mots nous trahissent une fois jetés sur la page et qu'on ne parvient plus à revenir sur quelque chose qu'on juge pourtant inabouti , qu'on abandonne finalement par lassitude..

      · Il y a environ 7 ans ·
      Photo

      Susanne Derève

  • Très beau et esthète..

    · Il y a environ 7 ans ·
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    Maud Garnier

  • Superbe, merci Suzanne

    · Il y a environ 7 ans ·
    W

    marielesmots

  • J'aime beaucoup....

    · Il y a environ 7 ans ·
    Oeil

    anne-onyme

  • Tout nous oppose très chère. Vous au nord moi z au sud. Cependant le point commun reste la mer, toujours, pas loin, avec tous ses possibles et ses méandres.

    · Il y a environ 7 ans ·
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    enzogrimaldi7

    • cette opposition Nord Sud n'est -elle pas un rien manichéenne ? C'est vrai il reste la mer (mais ici 16°) :)

      · Il y a environ 7 ans ·
      Photo

      Susanne Derève

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