Erotico

Il passa alors, lentement, le martinet sur tout le corps de la belle frémissante. Elle était allongée sur le lit, les deux poignets entravés par un ruban de soie bleue qui lui caressait sa peau tendre et blanche, sans la blesser.

Divine caresse, comme ce regard vert d'eau qui plongeait dans le sien. Ce regard si troublant, presque liquide, qui, peu à peu, vira, d'un éclat diabolique, au noir des plus profonds.

Elle frissonna ...Etait-ce de la peur, du plaisir, elle ne le savait pas, elle ne le savait plus.

Soudain, le cuir claqua, elle cria !

-Je ne veux pas vous entendre, sinon je vous bâillonne !

Il lui sembla que les yeux de l'homme étaient devenus plus noirs encore. Elle se tut, pas sous les mots qui avaient, claqués, pénétrés dans tous ses sens, comme la brûlure du petit fouet, non, mais bien sous la panique qui l'avait soudain rendue muette.

Il leva le martinet, elle ferma les yeux, se crispant dans l'attente de la douleur à venir.

-Ouvrez les yeux !

Elle ouvrit son regard qui bruinait sous les pleurs. A travers le voile humide, elle ne put s'empêcher d'admirer l'homme si séduisant sous son casque de cheveux gris. Il avait conservé, contrairement à d'autres, une silhouette qui devait faire bien des envieux. Eloïse n'avait connu, jusqu'à présent, que des hommes à la trentaine superbe, de jeunes loups aux dents pointues. Mais vraiment celui-là n'avait rien à leur envier.

Pourquoi cet homme rencontré au hasard d'une promenade, dans un parc, le parc Monceau. Cet homme calme, posé, mais au regard si pénétrant ?! L'attrait de la grande différence d'âge ou l'attrait des cheveux gris...elle l'ignorait.

Sagesse, savoir, instruction. Elle buvait ses paroles. Au fil de leurs promenades, il lui confia des livres d'auteurs qu'elle ne connaissait pas ou si peu.

De fil en aiguille, de mots en mots, de rires en rires, il l'avait doucement amené à lui ... à ses désirs. Au fil du temps, il s'était fait plus pressant, choquant parfois dans ses propos. Mais, elle ne pouvait plus se défaire de cette attraction. D'ailleurs, le voulait-elle vraiment ? Elle pouvait bien se l'avouer, elle était tombée sous son emprise à la première caresse de ses yeux, à la première parole échappée de ses lèvres.

Elle l'avait suivi, alors, dans cet appartement caché derrière l'une de ces mystérieuses portes cochères, immuables dans le temps, dans ce grand Paris, ville de toutes les contradictions, ville de tous les désirs.

Il se pencha vers elle, essuya ses larmes, il lui sourit ... Elle se dit alors que c'était un ange, mais aussi le diable en personne. D'une lanière légère, Il caressa à nouveau tout son corps,en s'attardant sur les petits seins poirés, le ventre plat au mignon nombril, les hanches peu formées comme celles d'un jeune garçon, puis remonta au creux de l'aisselle, caressa les jolis bras satinés jusqu'aux mains liées...

Il redescendit, de creux en creux, tout en lenteur, mais ouvrit brusquement les cuisses fuselées, à l'aide du manche si dur du diabolique petit fouet.

Elle tressaillit ... Elle s'était laissée aller sous l'effleurement trompeur, mais si doux des lanières.

Elle ne pouvait plus accepter ce jeu pervers !... Mais pourtant, d'un seul coup, d'une brusque poussée de fièvre, et à sa grande surprise, elle le désira ce jeu, d'un seul cri muet ! De tout son être, de toute sa chair ! Sa bouche s'ouvrit, ses yeux supplièrent. Il avait compris le message. Il enroula deux ou trois tentacules de cuir autour de deux de ses doigts et la pénétra doucement. Deux autres doigts forcèrent l'autre passage.

Héloïse n'était plus elle-même, elle exultait sous cette caresse incroyable !

Par quel mystère acceptait-elle cela ? Vers quels rivages allait-elle dériver ? Elle n'avait fait que jouer à des jeux "innocents" avec ses précédents partenaires mais lui ...lui ...

Il ne la laissa pas jouir, il voulait la laisser en demande, en suppliques, se consumer à petits feux. Il la détacha, la  redressa prestement et la planta là, debout, devant lui, comme un bon petit soldat attendant le bon plaisir du supérieur. Il recula de quelques centimètres pour l'admirer, la jauger peut-être et les lanières claquèrent une fois encore, sur les jambes, les cuisses, les hanches, le ventre ... Pas trop fort, juste de façon à ce que la peau tendre rosisse...

Héloïse n'avait plus peur, elle le dévorait des yeux. Si c'était là tout ce qu'il attendait d'elle, elle se plierait bien volontiers à ses désirs, à ses jeux, pourvu qu'ils ne soient pas plus douloureux...

Pourtant, elle se sentait prête à lui donner plus encore ...