Faux-sanglants

J'ai une part de féminité assez développée. Mon frangin m'a toujours dit que je marchais comme un pédé. Souvent, à supposer que je me sois intégré dans mon nouveau cadre de travail, certains collègues m'avouent avoir pensé que j'en étais.  Je n'en ai cure comme dirait Robert. À une chouille, un connard me traita de tafiolle, cherchant sans doute à se battre. Je lui rétorquai que, s'il avait une copine, il pouvait me la présenter et que je me ferais un plaisir de l'honorer. Il n'en eut pas les couilles.

Cet entre deux eaux a un avantage. Celui de pouvoir nager sans difficulté entre les deux sexes. Je suis un homme et je pense comprendre assez bien la sensibilité du sexe faible. J'ai donc hérité d'une langue bien pendue qui peut me servir tout autant au cunnilinctus qu'à m'intégrer dans une soirée Tupperware, à défaut de pouvoir m'incruster dans une vente privée de sex toys.

Je peux  ainsi être tout autant leur confident que leur conseiller matrimonial pour les accompagner dans le  décryptage de cette Terra Incognita : l'homme. D'entrée de jeu, je leur demande de laisser tomber Tristan et Yseult, la carte du Tendre et la collection Harlequin. Pour les aider à plonger directement dans le dur qu'est  ce terrain glissant de l'incompréhension entre les deux sexes, j'avais même entamé il y a quelques années un dictionnaire pour les faire pénétrer dans le cerveau masculin. En effet, il faut comprendre que le champ lexical masculin n'est que faux-semblants. Comprenez mesdames, qu'au-delà des beaux mots, bien souvent se cachent une totale déconnexion entre le cerveau et le cervelet. Seule compte notre finalité.

Pour vous éclairer, je vous donne ces exemples. Ne me remerciez pas. Nous trouverons bien un moyen pour me gratifier de mes recommandations dès que nous nous rencontrerons à Paris, à Nantes ou à Guéret, peu importe.

À un  « Je te trouve super sympa », comprenez un « Tu n'as pas froid aux yeux ma coquine ».

À un « Ta jupe te va super bien », traduisez par un « Ta jupe te moule trop bien les fesses ».

Une fois que vous avez compris le principe, vous pouvez le décliner à l'infini. Quelquefois cette sémantique peut apparaître au grand jour et se termine généralement par une baffe dans la tronche. Je pense plus précisément aux discothèques, quand les bellâtres désinhibés se permettent des mains baladeuses. Vous avez alors la possibilité d'entrer directement dans leur cerveau reptilien et saisir ce qui les habite, de cheval, pour rendre un hommage appuyé à Boby Lapointe.

Toutefois, je me dois d'apporter une nuance de taille, sans y voir un jeu de mots qui aurait dépassé ma pensée libidineuse. Cette posture est liée à une obligation, celle de tenir son rôle de mâle dominant. Vous savez tout autant que moi que dans l'alcôve, il y va souvent autrement. Le Petit Chose peut alors se révéler plus timide jusqu'à rester bien au chaud dans son fourreau.

Comme quoi, au-delà des apparences trompeuses se cache un être fragile. Derrière la grosse voiture rouge ou les soirées foot-bière-pizza, comprenez ces artifices. Faites preuve de psychologie, vous qui vous plaignez du manque de tact de vos partenaires. Ce qu'il réclame, c'est sa maman ! J'en sais d'autant plus quelque chose que la mienne fut pour ainsi dire inexistante.

Croyez-moi. Si l'achat d'un porte-jarretelles de compétition l'aidera à perpétrer l'espèce humaine, vous devez agir d'une toute autre manière si votre ambition est de le conserver bien au chaud. Une bonne plâtrée de pâtes, une assiette de frites arrosée d'un jus de poulet bien gras ou une Danette au chocolat seront des garde-fous imparables.

J'en serais presque à conclure que, décidemment, vous êtes toutes des blondes geignardes. Vous êtes bien incapables de regarder au-delà de votre string, pourtant moins épais depuis que sévit la mode de l'épilation intégrale. Sur ce, je vous laisse pour aller commenter le 3-0 de l'équipe de France et pour disserter sur le décolleté plongeant de la stagiaire.