Harcèlement de rue, peut-on se défendre, la suite!
@ Linoacity
Chose promise, chose due! Après avoir étudié ensemble le siffleur supersonique, le promeneur concupiscent, le baltringue obscène, l’inviteur compulsif et la brochette de désoeuvrés, je te propose cette semaine de nous pencher sur les cas les plus graves de harcèlement de rue, où je suis sûre que malheureusement tu reconnaîtras encore quelques unes de tes mésaventures.
Relou niveau 6: le moralisateur décrépi
Alors que je ne demande rien à personne et que je bouquine tranquillement sur mon fauteuil de train/ parc/ salle d’attente, un individu m’interpelle et entreprend de me convaincre que les jean’s, c’est pas beau sur une femme, et que mon top est trop décolleté. Il m’explique que chez lui/ de son temps, les femmes ont/ avaient plus de charme, qu’elles savaient apprécier un sourire, et que nous, les femmes modernes, on est malpolies et rabat -joie, la preuve : je ne lui réponds pas.
Que faire? J’explique à ce monsieur que ce qui n’est pas correct en réalité, c’est de me parler sans se présenter et alors qu’il voit que je suis occupée, pour me donner des conseils que je n’ai pas sollicités, et je lui souhaite une bonne journée.
Relou niveau 7: le frotti-frotto
Dans un bus bondé, une main fugace me caresse les fesses, ça fait deux fois, mais je n’arrive pas bien à en identifier le propriétaire, et je ne peux pas bouger.
Que faire? Je claironne: « Attention les filles, à côté de moi il y en a un qui a les mains baladeuses! » En général, pas de troisième fois, sauf kamikaze.
Relou niveau 8: le dingo monomaniaque
Tandis que je monte dans le métro, un ersatz de sexe masculin qui était déjà dedans traverse tout le wagon pour s’asseoir devant moi, et il me fixe droit dans les yeux d’un air vide et pénétrant, genre dépeceur en manque.
Que faire? Je ne le regarde surtout pas, c’est ça qui l’excite. Je change immédiatement de place et je vais avec des gens, s’il me suit je pourrai demander de l’aide et faire bouclier de leur corps. Si pas possible, je descends dans une station bondée quitte à prendre le train suivant, ma boss comprendra que je n’ai pas eu envie de creuser cette relation naissante.
Relou niveau 9: l’exhibo jovial
Alors que je me faufile entre les voitures du parking afin de déposer mes courses dans le coffre, je suis alertée par un râle en provenance de la gauche. Dans une Twingo juste à côté de moi, vitre baissée, je découvre un petit moustachu qui s’astique le membre fièrement, en me fixant avec un sourire extatique. De sa main libre, il essaie de me peloter le cul.
Que faire? Je recule à bonne distance, je me calme, je me souviens que c’est lui qui a un gros problème et pas moi, puis je cherche un angle pour bien regarder son visage et noter sa plaque. Quand il a fini, je récupère ma voiture, et je me rends au commissariat déposer une main courante, même si ça prend du temps. Le propriétaire de la voiture est convoqué, surprise, c’est bien lui, re-surprise, il est marié et père de deux enfants.
Relou niveau 10: le foncedé revanchard
Galvanisé par le rail de poudre ou les shots qu’il vient de s’envoyer en after, un énergumène surexcité entreprend de me séduire sur le quai, alors que j’attends mon train pour aller bosser. Fébrile, il fixe mes jambes/ mes seins/ mes lobes d’oreilles avec l’avidité d’un charognard aux abois, et me propose d’aller boire un dernier verre chez lui, tranquille. Je réponds que ce n’est pas possible. Confronté à la réalité de la situation (il est 7h17, il pue l’alcool, je me rends au travail), son cerveau liquéfié par les psychotropes accumulés refuse d’assimiler le « non », et il entreprend de me suivre à travers le wagon en me traitant de sale allumeuse.
Que faire? Je repère un garçon sobre et baraqué dans le wagon semi-vide, et je vais direct m’asseoir à côté de lui. Je lui spécifie bien que je ne connais pas cet individu et que j’ai peur, car effectivement je flippe ma race. Quand le forcené s’approche et commence à me traiter de pute, je dis d’un ton ferme et aussi calme que possible que je vais devoir tirer la sonnette d’alarme, et j’invite les gens du wagon (qui n’ont pas envie d’arriver à la bourre) à intervenir. Je le laisse déblatérer ses insultes sexistes sans le quitter des yeux afin de parer toute agression, jusqu’à ce que des lycéens indignés et nombreux lui disent que c’est mieux s’il descend là, et je commente l’évènement avec les passagers quand les portes du wagon sont bien refermées derrière lui, en recommençant à respirer. Je n’oublie pas de mentionner les faits à la sécurité de la gare le lendemain.
Relou catégorie Premium: and the winner is…
Fan de Tomb Raider, afin de me détendre je m’engouffre dans un kiosque à journaux et j’achète le magazine Joystick pour lire leur test du dernier opus. (Ceux qui n’ont pas suivi le #Joystickgate trouveront tout sur cafaitgenre.org/2012/08/18/joystick-apologie-du-viol-et-culture-du-machisme/)
Que faire? Pleurer.
Voilà! Toutes les « anecdotes » contées ici sont vraies, et je suis sûre que j’en ai oublié. Même si j’ai l’air de rigoler, je précise que je ne trouverai jamais inévitable ou tristement banal d’être traitée de la sorte sous prétexte que les barges donnent l’impression d’être majoritaires, car malheureusement pour moi je suis née avec une dignité. Alors, les garçons, quand vous voyez un harceleur emmerder une nana, ne le laissez pas croire que vous êtes de son côté en détournant le regard : réagissez.
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Merci Serge pour ton comm. Oui, je sais qu'il y a des dragueurs qui ne sont pas obscènes, heureusement ! Je souhaite surtout attirer l'attention sur le fait que la drague de rue est un comportement massivement masculin qui témoigne à mon sens d'une trop forte propension de la gent à masculine à considérer une femme qui marche SEULE comme un objet disponible. Ce qui induit fatalement une sensation d'agression car le démarchage est quasi constant pour peu que tu habitez dans une grande ville. D'où le repli "hautain" de certaines, qui peut tout simplement être de la lassitude ou de la peur. (qu'est-ce qu'il encore me dire celui-la) A noter, toutes ne trouvent pas flatteur de se faire aborder constamment.( Personnellement, je me sens comme un jambon frais.) D'ailleurs quand dans le meme temps le mec crie salope ou allumeuse si tu ne réponds pas, tu sais que tu as bien fait. Le trop grand nombre de dragueurs oisifs et grossiers nuit à des gens comme toi.
· Il y a environ 12 ans ·@ Linoacity
Tu ne rencontres que des cas décidément... Sinon tu sais il y a aussi des mecs qui abordent pour faire connaissance, faut bien commencer par quelque chose. J'admet qu'il y a des tas de relous (quand ils ont 14 ans ça va, mais c'est vrai qu'après ça devient inquiétant). Il y a aussi beaucoup de filles qui se croient trop précieuses, et ça peut être parfois blessant de se faire rembarrer violemment alors qu'on avait pas d'arrières pensées autres que de faire connaissance. Sinon, bon texte, flippant, mais marrant. Fan de Tomb Raider moi aussi (de tomb raider, pas que de lara) je vais lire l'article à ce sujet.
· Il y a environ 12 ans ·sergedecroissant
Bravo , c'est rès drôle.
· Il y a plus de 12 ans ·arzel
Merci bien! J'avais prévenu que la deuxième partie serait flippante! Mais moins que la réaction disproportionnée de certains dragueurs enragés qui me disent que "faudrait écrire le même sur les filles"! Je suis bien curieuse de voir, si vraiment y'a matière. Ceci étant le blog accepte des invités -mais à leurs risques et périls, ha ha!(Inspirés téméraires, me contacter via www.facebook.com/zeblogdemoi )Merci encore pour votre soutien.
· Il y a plus de 12 ans ·@ Linoacity
Fantastique! J'ai ri, je me suis reconnue dans certaines de tes situations. Tu réagis toujours avec beaucoup d'intelligence. Quel culot et c'est cela qui me régale! Je suivrai tes conseils avisés quand un crétin viendra m'emmerder!
· Il y a plus de 12 ans ·cecile-g
Que de cas soc' dont nous sommes entourés!!
· Il y a plus de 12 ans ·Tes conseils sont bons et avisés!!!
:) pour le texte
Sweety
Je te crois quand tu parles de vécu mais ça reste hallucinant de se rendre compte jusqu'où peuvent aller certains de mes congénères. La grande question pour moi est de savoir ce qu'ils espèrent. Dans quel but peuvent-ils se conduire ainsi ? Ça restera un mystère pour moi...
· Il y a plus de 12 ans ·Avec toute ma sincère compassion.
Quant à réagir, évidemment mais j'ai l'impression que ce genre d'agressions se passent rarement avec d'autres hommes alentours (ou alors, je suis vraiment aveugle dans la rue...)
wen
Toujours aussi savoureux! Bravo!!!
· Il y a plus de 12 ans ·Frédéric Cogno
"Ersatz", j'aime bien ce mot. Je devrais p'tet ben l'employer plus souvent. Ou pas ;)
· Il y a plus de 12 ans ·Mais promis j'interviendrai plus souvent,...de peur que ces ersatz t'incommodent, ou que tu me traites d'ersatz tout court.
En tout cas, même si c'est du vécu, bien vu une fois de plus.
Mathieu Jaegert