Ivoire et ébène
lyselotte
Ivoire et ébène
Chaude journée d'été, la maison est tranquille, perdue dans la garrigue, écrasée de lumière.
Les persiennes sont closes et dessinent des raies que l'ombre et la lumière se partagent sans lutte.
Des pales au plafond, tournent et tournent sans cesse, brassant un air léger et frais comme un glaçon.
Ils sont sur le tapis, le lit est bien trop chaud, ils sont sur le tapis et se chauffent de mots.
Sa peau à elle est blanche, porcelaine diaphane, le rouge de sa bouche rappelle les cerises dont ses seins sont ornés. Des seins ronds et sublimes tels des globes de lait, les veines affleurant sous la soie de la peau. La rondeur de son ventre annonce qu'une vie est blottie dans ce nid.
Des copeaux de cuivre roux parent son bas de ventre, jetés là par hasard, par un doux menuisier. On y devine à peine la fente délicieuse, le bourgeon de plaisir de son sexe de fée.
Ses cheveux, flammes vives, sont répandus pour l'heure sur le sol et sur l'homme blotti contre sa peau.
Lui est d'ébène sombre et de muscles sculpté.
Les yeux posés sur elle comme sur un trésor, il savoure son parfum et lui parle tout doux…. de l'enfant qui va naître et habite son corps.
Et sa main est si tendre qui caresse sa peau, de son cou de colombe à son épaule ronde, de ses seins si tendus qui appellent sa bouche, à son nombril du monde où se construit la vie.
Angélique et Adam se respirent et se goûtent.
Couchés l'un contre l'autre, yin et yang imbriqués.
Il lui chante à l'oreille des mots de son pays, des mots forts qui résonnent comme tam-tam sauvages, des mots qui, il le sait, éveillent son désir.
Elle ondule des hanches sur ce lit de musique, fredonne à l'unisson la mélopée scandée et se laisse emportée vers des contrées rêvées………
Pieds nus frappant le sol….
Corps luisants mimant l'acte d'amour….
Tambours comme des coups de reins, rythmés et haletants.
Elle se met à quatre pattes et commence à bouger, le dos creusé d'envie, la croupe ronde offerte.
Elle danse dans les stries des persiennes tirées et l'ombre et la lumière le parent de leur jeu.
Elle est vénus vibrante vêtue d'ors flamboyants, quant elle virevolte dans les flèches de feu….
Elle est panthère noire quand le noir s'en empare, endossant l'habit sombre du félin mystérieux.
Elle se lève et tournoie, vêtue de ses cheveux, poussière d'ocre et d'argile quant elle tourne et dérive, ailes de papillons quand elle les déploie, voile de bateau fou divaguant vers la rive.
Elle tape des pieds et cambre plus son dos, bras levés en offrande, seins tremblants et trempés. La sueur la vêt de lisse, elle est comme une liane……
Et lui qui la regarde est déjà pris au jeu.
Son sexe de titan est déjà prêt……..tendu.
Il se lève d'un seul bond, capture la panthère.
Son corps se colle au sien, ils sont faits l'un pour l'autre !
Il est contre son dos et la penche en avant, ses cheveux cascadant en voile de safran.
Mais elle lui échappe, tourbillonnante et nue, repliée sur elle- même, le narguant de ses yeux, le narguant de son corps, tout entier aux abois. Courbée en deux, jambes écartées, ses cheveux ruisselants sur son visage en sueur, elle l'observe, femelle guettant son mâle. Il avance d'un pas, elle fait mine de fuir, se réjouissant, en douce, du jeu qu'elle lui impose.
Ses règles, il les connaît et s'en réjouis toujours.
Si elle veut être tendre, elle se fait champ de fleurs, parfumée, ondoyante sous le vent de sa bouche.
Elle devient pervenche, coquelicot, bleuet pour se faire cueillir par la main du griot. Elle est liane de jungle, enroulée au tronc d'arbre, offrant son orchidée au soleil et au vent. Elle se fait nymphéa posée au fil de l'eau, sa corolle de nacre perlée de gouttes d'eau.
Si elle se sent chienne, elle se fait bête fauve, feulant les mots grossiers qui enflamment les reins…. elle devient sauvage et crache ses paroles en marchant de coté.
Il est nu et il bande…….. Ses tresses de réglisse cachent à moitié ses yeux, pupilles étrécies de lion guettant sa lionne, tous les muscles tendus, il est là, il attend.
Elle le charme et l'aguiche, parade devant lui, déambulant sans fin en gestes langoureux.
Il bondit tout à coup, imprévu et agile, brisant l'orbe du cercle qui les tient éloigné, l'agrippe par la taille de ses deux mains tendues et l'enferme d'un geste dans ses bras en corbeille.
Elle ne lutte pas, mais au contraire se love, se frotte sur ce corps qu'elle apprécie si fort.
Elle se fait câline et devient champ de fleurs pour l'homme qui l'attend et la désire si fort.
Il l'amène au sol, soumise et parfumée, parcourt d'abord des yeux ce corps à la dérive, se penche sur sa peau qui fleure le printemps. Il a mal…..
Il attend, il l'attend, toujours et encore.
Elle se soulève un peu en effleurant son torse, le pousse doucement pour l'étendre à son tour.
Appuyée sur un coude, elle le regarde.
Ses cheveux bonbons zan apprivoisés en tresses…..
Ses grands yeux en amande…..
Sa bouche source fraiche où elle aime à puiser……..
Son torse large et chaud, orné d'une toison qui rappelle la laine des agneaux nouveau-nés.
Son ventre dur et plat… elle y pose sa joue souvent, car elle adore sa douceur, là tout près du nombril.
Son sexe est dur et fort, sculpté dans un bois sombre, émergeant de copeaux d'ébène éparpillé sur son bas-ventre comme une idole naissante des doigts de son auteur….
Ses jambes sont musclées, des jambes de coureur.
Elle fait l'inventaire de tout ce qu'elle adore, parcourant ce pays comme un explorateur, découvrant chaque fois un détail nouveau.
Et il est là, docile sous ses yeux.
Il attend....
Et puis……
Voilà …….
Sa bouche de pétale qui frôle un temps son front, descend sur sa mâchoire et mâchouille ses lèvres ….
Voilà sa main magique qui sculpte son corps nu, qui suit d'un bout de doigt cette veine, làààà…. affleurant de sa gorge à son aine.
Elle se met à genou à hauteur de sa taille, se penche et comme en songe, l'englouti d'un élan.
Tellement attendue cette caresse intime, cette bouche qui glisse, goutte de sang vermeil sur sa queue noire d'ébène.
Appuyé sur les coudes, Adam regarde ….il regarde sa langue, petit être vivant, agitée de sursauts qui chatouille et léchouille.
Il regarde sa bouche qui englobe son gland.
Ses lèvres qui se serrent pour lui faire un berceau.
Ses joues qui se creusent pour lui faire un fourreau.
Il halète et gémis,
se mord les lèvres et inspire, cou ployé, rejeté en arrière.
Chaque respiration est son ultime souffle, et pourtant il revit, chaque fois, sous sa bouche.
Enrobé de salive, son totem est un roc, une pierre de basalte où tout son être vit….
Il ne sent que sa bouche et ses dents si patientes, si douces et puis si dures qui mordillent et câlinent !
Il ne sent que sa main qui l'enserre et le masse, de haut en bas, de bas en haut………..
plus fort, plus vite ...
Elle sent qu'il va venir et arrête son jeu !
Les yeux toujours sur lui, essoufflée et ravie, elle remonte sa main de salive mouillée vers le gland empourpré dont elle descend la cape. Sa langue d'enchanteresse titille le méat, délivre encore un peu de salive mousseuse et pare de perles d'eau le glaive de son amant.
Dieu noir jeté au sol, abandonné, captif
D'une sorcière blanche aux cheveux de sirène,
Idole d'ébène et d'ombre, sauvage, primitif
Dompté par une douce et sa cambrure de reine.
Il pleure sous sa bouche et gémit et se plaint,
Sa tête roule à gauche, à droite, sans répits.
Son corps se tend, se plie, lui échapper est vain…
De sa main de velours, elle retient sa vie.
Puis elle se soulève et s'empale d'un coup,
Fourreau de soie vibrant qui enserre sa queue,
Prisonnier révolté puis dompté, d'un seul coup,
Il ne peut que subir, se consumer en feu.
Et elle le chevauche, chevelure déployée
Walkyrie déchaînée enfourchée sur ses hanches,
Agrippée à ses cuisses, le corps tremblant arqué
Victime du plaisir comme d'une avalanche.
Elle est roulée, broyée, par ce plaisir immense, emportée vers le ciel par son sexe bien plein….son pubis est collé sur le joint de la hampe……son bouton bourgeonnant frottant la chair brûlante…. son amant est en elle, pleinement, et elle jouit, resserrant sans arrêt les muscles de son ventre.
Adam n'a plus de force, que celle qui réside dans son sexe enserré dans cet étui glissant.
Son sexe est cœur du monde et c'est ainsi qu'il jouit !
Un élan fantastique les unit tous les deux, un brasier flamboyant où ils brûlent leurs peaux… elle blanche, lui noir, fusionnent en un cri, dans les ailes du feu, ils se joignent à nouveau.
De ces fusions-lumière naîtra dans quelques mois, un nouveau petit être, caramel brun sucré.
Sur son berceau de lune se pencheront, unis, une maman vanille, un papa chocolat qui feront de sa vie un chemin de lumière.
luxe calme et volupté… maman vanille et papa chocolat sont un environnement idéal pour faire croître un petit caramel. Un texte charmant avec des rupture de rythme délicieuses qui relancent l'attente et la curiosité.
· Il y a presque 9 ans ·PS "et se laisse emportER"
nyckie-alause
un texte magnifique et magique!... d'une sensualité exacerbée, magnifiée !... Bravo vraiment !... et j'espère que ton problème d'ordi vas se résoudre enfin, que nous puissions lire aussi tes commentaires sous nos textes :-))
· Il y a presque 9 ans ·Maud Garnier
Très beau texte Lyse. Il emporte par son rythme, sa poésie et son érotisme. Merci beaucoup !
· Il y a presque 9 ans ·carouille
Un long poème en prose, où l'érotisme joue avec les mots. Merci, je me suis régalée.
· Il y a presque 9 ans ·bleuterre
Je connais le problème, moi j'oscille entre l'ipad, l'iphone et l'ordi. chacun ayant sa spécilaité, publier, noter, commenter, tu parles d'un pratique pffff!
· Il y a presque 9 ans ·miss0
Merci Miss. Ici oui mais ce n'est pas moi qui publie, c'est Dom. Moi je peux pas. Mon ordi surement qui coince. Sur mon blog aussi il y a du sympa tu sais...
· Il y a presque 9 ans ·lyselotte
Ravie de te lire ici surtout sur ce texte, sensuel, charnel... gourmand
· Il y a presque 9 ans ·miss0
Hello , bin en fait j'ai fait appel à mon Maître lui confiant les clés de Lyselotte. Il a pu publier mais je ne peux pas commenter sous chacun de vous.
· Il y a presque 9 ans ·Nilo : une de mes fidèles depuis le début. Merci pour ton regard bienveillant sur mes mots. Bises
Vegas: Comme au cinéma alors. Mais en séance privée. Ravie de vous plaire et repaitre...
Dominique: merci pour ton aide, je ne peux toujours pas commenter. Merci de rappeler l’adresse de mon blog. T'es un vrai pote. Nous serions à Halloween je te dirai: partout où t'ira les potes iront mais nous ne sommes qu'aux abords de Noël. D'un élan je t'embrasse.
Sylvie: non, pas moi; c'est Dom qui a publié de Cuernavaca...incroyable.
Il ne faut pas laisser tomber mon blog pour autant n'est-ce pas !
Merci d'aimer ce texte, un de ceux de mon premier livre.
lyselotte
Un poème tendre à croquer !
· Il y a presque 9 ans ·Bisous sucrés ma Lyse.
nilo
Quand la poésie rejoint l'érotisme, tout n'est que sucre et miel.
· Il y a presque 9 ans ·J'ai tout lu, j'ai tout vu, je suis repu :)
vegas-sur-sarthe
oui c'est un joli texte très sensuel et à la jolie fin, bravo Lyse et continue à publier tant ici que sur ton blog dont je rappelle l'adresse, ça t'évitera de le faire
· Il y a presque 9 ans ·http://milleviesplusune.over-blog.com/
Dominique Arnaud
Oh la chute est adorable ! Super texte !
· Il y a presque 9 ans ·C'est cool, tu arrives à publier ici désormais ! A plus !
Sylvie Loy