LA REINE BLANCHE
yl5
Quelque part, être fier de son quelque part, c'est déjà perdre un peu de son objectivité, et flirter avec le chauvinisme, surtout si l'on suit le contexte actualisé du « fier d'être » qui fleure le fumigène des fanatiques cramponnés à leur fauteuil.
Alors, je constate logiquement que je suis chanceux de vivre où je demeure, même si c'est entouré de privilégiés. Craignant suite à ce texte, le siège de cet écosystème incomparable, les villes concernées ne seront pas citées.
Quant à vous, je vous espère également radieux, car votre choix de résidence aura été le fruit de la raison, et de vos moyens hélas trop souvent moyens ; ainsi vous avez dû certainement considérer entre autres, les solutions suivantes pour vous établir :
- Devenir troglodyte pour retrouver ses racines en évitant en outre tuiles et ardoises.
- S'installer dans la maison dont on vient d'hériter.
- Repérer le secteur leader de l'espérance de vie en bon état, où air, eau et terre sont sains et où le climat tempéré évite engelures et pelages.
- Parier parents sur l'éducation, en débusquant la meilleure académie pour sa progéniture, espérant assurer ainsi votre retraite, si vous êtes gentils avec elle.
- Suivre le choix de la majorité urbaine pour se voir proposer une profusion d'activités, de sorties, ou encore de services regroupés.
- Vivre et travailler en un lieu, étant pour la crème, lieu de villégiature.
- Hanter les retraites et les pas des humains morts nous semblant importants, pour y retrouver leurs infinis.
Le meilleur résultat est justement la place où la bonne fortune m'a vu naître et où je vis parmi le beau et les miens.
Alors pourquoi ce coin, situé si près de la métropole la plus attirante de cette planète aux yeux des Chinois romantiques séduit-elle tant, au point d'être de façon administrative canardé parc naturel et site classé ?
Pourquoi des journalistes comme Hersant, personne on ne peut mieux informée ou bien l'Aga khan personne on ne peut mieux conseillée, se sont-elles implantées ici ? Pourquoi le ballon d'or s'y est-il marié ? Pourquoi tant de cinéastes y tournent tant ? Pourquoi Bobby Lapointe s'est-il tant intéressé au cheval ? Pourquoi parle-t-on de Beverly Hills quand on évoque certains quartiers de cheu nous ? Pourquoi le ministre de l'intérieur y a son jardin secret ? Pourquoi les parcours de golf et les terrains de polo sont-ils plus nombreux que les zones industrielles ?
Le guide du grand pèlerin sportif vous recommande si parisien vous voudriez venir à pied ou en voiture, d'emprunter en sortant par la porte de la X l'ancienne route royale, devenue nationale, puis impériale numéro X., dégradée nationale, présentement rétrogradée en route départementale.
Vous pourriez découvrir par ordre d'arrivée devant le pare-brise : la vraie banlieue à deux chiffres puis la grande plaine encore agricole du pays de X.
Arrivé à six bons lieux de Notre Dame, vous franchiriez la frontière tant épiscopale que naturelle bornant l'Ile de France, et après avoir traversé une première forêt vous découvririez entre deux éminences un petit val, mon espace vital.
Si vous souhaitez aller plus vite, montez à Châtelet, et descendez moins d'une demi-heure plus tard du chemin de fer en plein bois ! Cela marchant aussi dans l'autre sens, ravalant par là-même, la façade de la capitale au rang d'un gros beau bourg de notre banlieue.
Comme le parler peut révéler l'origine, la vallée découpe également des singularités attachant encore les fantômes de son riche passé ; alors j'ai pris comme fil conducteur, celui de l'eau pour extraire l'essence qui abreuve ce sillon si raffiné.
Ce cours d'eau né au lieu-dit « Beaumarchais », près du bois de Nerval., sourd vers le théâtre merveilleux où se ressourcèrent, aussi bien l'immortel Gérard Labrunie, que naturellement J.J. R. qui en connut la terre avant le Panthéon, libérant en passant le parc du castel d'à côté du joug du cordeau, pour accueillir entre autres fabriques, le paradoxal temple de la philosophie.
En s'égarant au détour d'une profonde futaie, on peut aborder une véritable mer de sable blanc dunaire, dévalant un relief houleux, parsemée de récifs erratiques de grès blanc, fournissant ainsi un désert tempéré à l'explorateur prudent.
Faites attention car on peut aussi y croiser la cavalerie du gotha traquant bombe en tête et en meute le dix cors sur les pas effacées de Charlemagne, en maintenant au présent le passé en avant, fut-il futile. Vous tomberez même peut-être sur des panneaux indiquant qu'Eve reste à quelques kilomètres.
Après avoir serpenté au sein d'un domaine divinisé par un certain Marcel P., où fut signé le précieux traité d'amitié entre les nouveaux états unis et la nouvelle république pré-impériale; notre ruisseau parfois retenu pour former de paresseux miroirs , s'écarte de « l'agitation » entre astérisques, gagne un ancien marécage converti en un chapelet de viviers par les moines cisterciens, pour déboucher au pied d'un mystérieux pavillon de chasse, connu sous le nom du château de la Reine blanche, délicatement décoré en style troubadour , dont l'émergence surnaturelle les jours de brume ensorcela Chateaubriand et le poète de Sylvie, sans oublier Jean Marais, qui entre deux prises en costume de cape et d'épée avait l'habitude de jouer avec la vase de la berge.
Sous les régimes précédents, cette contrée maigrement nourricière en surface, mais riche d'une pierre blonde chérie des tailleurs, a gardé de grandes prairies et une profonde forêt qui offraient un terrain de chasse et de plaisir à une noblesse, somme toute pionnière dans le domaine des loisirs. Ensuite les nouveaux maîtres, grands bourgeois de la fin du XIXème siècle, dont les Menier, Lesieur et autres huiles ont perpétué leur goût pour la construction palatiale durable, laissant ainsi un patrimoine bâti et paysager prestigieux.
C'est dans ce cadre idéal à l'installation du sport hippique, nouveau signe extérieur de richesse, que depuis bientôt deux siècles, cette aire s'est spécialisée dans l'entraînement des purs-sangs, sans y attirer vampires des Carpates, hémophiles russes ou suprématiste yankee, mais sans éviter les SS qui y fondèrent leur seul lebensborn en ce pays.
Pour perfectionner les palefreniers et les cavaliers du crû qui n'étaient pas très à cheval sur les méthodes modernes, on embaucha en Angleterre quelques années après Waterloo, des coachs, lads et jockeys pas plus haut que cinq pieds. Ces derniers firent souches nous faisant descendants du pommier généalogique de Newton mais aussi du buisson de Bush.
La réputation locale a depuis longtemps drainé des humains de tout âge issus du monde entier. Les amateurs d'art viennent célébrer l'élégance du château princier voisin, abritant en outre un musée aux collections uniques, où les fines porcelaines et uniques dentelles noires côtoient livres rares et toiles des plus grands maîtres, puis au dehors contemplent l'harmonie de ses Grandes Ecuries et les multiples folies de son parc dues au génie de le Nôtre et des siens, dont un ésotérique jeu de l'oie géant partiellement retrouvé, et l'île d'Amour avec le temple de Vénus, spectateurs muets des plus grandes fêtes d'antan , et devant lesquels nombre d'amants cachés s'extasient .
Mais il est temps de finir notre rapide croisière pour aboutir à la confluence, prenons des bottes et en avant dans une zone humide protégée de l'intérieur par une case neuve, à l'abri de la soif d'un center parc.
Les bruits changent, bientôt il n'y a plus qu'aimables conversations d'animaux sauvages, puis les chemins s'estompent, la végétation change, et à cet instant le temps ralentit, l'horizon se rétrécit, nous entrons dans un tunnel de lianes et de joncs géants. Soudain un cerf fier nous fixe puis file hautain. Nous débouchons dans une clairière, la lumière perce, formant une île de lumière, assis sur le tronc d'un vieux bouleau argenté foudroyé, on a l'impression d'attendre Vendredi. Encore quelques kilomètres au milieu des roseaux et la civilisation reparaît, avec ses bassins reflétant les atours de l'ancien repère du prince Murat.
Avant de gagner un plus grand lit, notre guide alimente la fameuse et toujours rayonnante abbaye de X fondée par le fils de la reine Blanche de Castille devenue, ironie de l'histoire, voisine des terres des Rothschild.
Ce ne serait pas plus simple de me donner ton adresse... Mais si j'ai bien compris c'est près d'un bel endroit...au pays des merveilles ou pas...kissous
· Il y a presque 10 ans ·vividecateri
Bon jeu de piste
· Il y a presque 10 ans ·chloe-n
Merci.
· Il y a presque 10 ans ·yl5
Au Bord d'un étang millénaire... j'y vis aussi.. peut être nous y sommes croisés.
· Il y a presque 10 ans ·Francisco Varga
Salut pays et bon Noël !
· Il y a presque 10 ans ·yl5
Voyons voir...C'est Sarcelles je parie...à moins que cela ne soit Ermenonville et sa mer de sable..Ou alors c'est Montigny les Bretonneux, ou peut-être Garges-les Gonesses, oh zut, attend, je consulte gogol map. Ah voilà, j'ai trouvé! Je ne le dirai pas non plus, histoire que les lecteurs de WLW ne viennent pas en masse te demander pleins d'autographes...Allez joyeux Noël!
· Il y a presque 10 ans ·arthur-roubignolle
Merci et joyeux Noël.
· Il y a presque 10 ans ·yl5
Joli texte qui invite à identifier le lieu que j'ai bien sûr trouvé, mais que je ne révélerai pas. J'y suis allé pour le plaisir comme en reportage et je n'indiquerai qu'un souvenir : me baladant le matin dans la forêt, pas très loin d'un château prestigieux , j'avais observé une magnifique harde de biches entourant leur cerf
· Il y a presque 10 ans ·Dominique Arnaud
Merci pour ta discrétion et pour le compliment, et il est vrai qu'ici pour voir des cerfs c'est du gâteau. Bon noël.
· Il y a presque 10 ans ·yl5
pas au saint chrême bien sûr !!!
· Il y a presque 10 ans ·Dominique Arnaud
Une autre reine blanche pour une forêt noire.
· Il y a presque 10 ans ·yl5