LA SECONDE LETTRE IMAGINÉE

S'ouvrent de bien étranges volets sur musique grinçante. Entre l'automne pluvieux et le traître été, se suspendent ces moments de tourments, de supplices, comme si, à l'orée de mon aventure terrestre, on m'éjectait de l'habitacle de mon délire et de ma folie.

Qui es-tu ? Où es-tu ?, roseau creusé à même le chêne errant ? Ton pennage, oiseau des cendres, bat de l'aile sur un cœur dévasté. Tes envolées scintillantes aveuglent mes quelques battements de cils, toutes ces images captives, si précieuses de souvenirs.

Te dire oui… te pétrir à même la glaise… t'offrir mon éternité… me métamorphoser en une simple particule, la molécule des errants. Que ton verbe me séduit, de l'imparfait à l'inconditionnel, de la goutte de pluie me frappant de plein fouet, du joug puéril, infantile, de ma juvénile naissance. Je ne désire que demeurer l'appât de tes fantasmes douloureux, comme une simple bougie embrasant tes infinis.

Se profile l'astre maudit, ce « dardeur » sans merci, cet hôte découpant les contours de nos prisons, de nos démences. Je maudirai la lumière faisant de nous des fugitifs oppressés, des candélabres de passion. Sache… non... crois en ma déraison, au chant des séductions, à l'île des rescapés, à cette tour des enivrantes ivresses.

Baignant dans la mer des défis, nos bras se croiseront tels des glaives affrontant la fétide cacophonie des faux-fuyants. De cette nuit, de nous, naîtra cette délicate saveur de te glisser en moi. Mon cri fera taire le croassement du corbeau, cette blafarde imitation de l'ange furibond.

Égérie, je te donnerai ce que tu ne peux soupçonner : L'aurore des paradis incertains, la conquête de tous les instants, et ce, à chaque instant.

« Homme-oiseau » oie mon sang rugissant.