La petite fille sur la balançoire

Extrait 1 : Premier chapitre.

Je m'appelle Séverine. J'ai 16 ans. Je suis atteinte du Syndrome d'Asperger. C'est une forme d'autisme. Seulement c'est une forme d'autisme qu'on appelle le "handicap invisible".  Du coup, quand on me voit, on ne se rend pas compte que j'ai un "souci". J'ai l'air tout à fait normale. Je ne suis pas en chaise roulante. Mon handicap c'est "juste" un problème de communication. Alors quand je parle, ou plutôt quand je ne parle pas, on me prend pour une débile qui ne sait rien et qui ne sait rien apprendre. C'est un vrai cauchemar. J'ai l'impression de me taper la tête contre les murs. J'ai plein de choses dans la tête mais je n'arrive pas à les exprimer. Alors je fini par croire que je suis vraiment débile puisque chaque fois que j'arrive quelque part c'est le même problème.

Ma mère a le même problème que moi. Alors elle essaie d'expliquer ce que moi je n'arrive pas à dire. Mais voilà, les profs n'écoutent même pas. Pour eux une mère protège son enfant même s'il a tort. Ils ne veulent même pas entendre que ma mère ne me donne pas toujours raison mais que simplement elle essaie d'expliquer, de traduire ce que je ressens, ce que je veux dire. Mais c'est peine perdue. Rien ne sert à rien. Les gens normaux s'en fichent de nos problèmes. Ils ne cherchent même pas à comprendre.

Jusqu'au début de cette année scolaire, je ne savais pas trop quoi faire de ma vie. Tout se bousculait dans ma tête. Je me sentais inutile. J'avais l'impression de ne rien savoir faire et que je ne saurai jamais rien faire. L'impression que je ne trouverais jamais ma voie. Ma vie était triste. Je n'avais pas d'amis. Juste quelques copains et copines. Je pensais que je n'étais pas intéressante. Mes parents, mes frères et sœurs me répétaient que ce n'était pas vrai, que je me trompais. Mais moi je pensais que c'était pour me faire plaisir qu'ils me disaient ça. La famille ne va pas dire à un de ses membres qu'il est débile et nul !

Je ne m'intéressais à rien, à part écrire et lire des poèmes tristes. Je n'avais pas de passion. Je ne pensais pas à l'avenir, je pensais que la vie serait toujours aussi triste. Que rien ne servait à rien.

Je n'avais confiance en personne à part en ma famille parce que j'avais été trop souvent déçue. J'ai été très naïve. Et je le suis encore. Je fais encore confiance à des gens qui en profitent. A des gens qui se moquent de moi ou qui font semblant de me comprendre pour avoir la paix et pour se débarrasser de moi. Je pensais que tout le monde était gentil et puis en grandissant je me suis rendue compte que le monde était bourré d'hypocrites. Et que même les adultes sont hypocrites. J'ai envie de dire même surtout les adultes. Et ils trouvent ça normal. Ce qu'il ne trouvent pas normal en revanche, c'est que moi je ne comprenne pas l'hypocrisie sociale et que je ne sache pas faire semblant. Je mets les pieds dans le plat, je prends tout au premier degré, quand quelqu'un ment je le lui dit et du coup, personne ne m'aime.

Et malgré ça, je me fais encore avoir. Enfin je me faisais au moment où j'ai commencé à écrire ce livre, parce que maintenant c'est fini. Celui qui voudra ma confiance, il devra la gagner et je jure que ce ne sera pas facile.

Extrait 2 : dernier chapitre

La vie est devenue très agréable. Et j'ai presque oublié que j'étais autiste...