L’Amour ! Vous connaissez ?

Déjà, la passion, c'est ce qui pousse un être à faire une chose en sachant pertinemment que c'est une grosse connerie. La passion n'a pas de jugeote.

Pour simplifier, disons que la passion revient à aimer une personne, plus que soi-même. Ceux qui ne s'aiment pas personnellement sont disqualifiés d'emblée.

Maintenant, il faut distinguer, l'attachement hyper-motivé de la Passion Amoureuse. On peut sacrifier sa vie pour sauver celle de son enfant. C'est de l'attachement bodybuildé, ça ne compte pas pour la Passion Amoureuse.

Donc, soyons plus précis. La PA, comme on l'appelle dans notre jargon de chercheurs, c'est quand le banal contact d'une main dans une main déclenche un tsunami émotionnel disproportionné par rapport à la simple poignée de mains de rencontre. Il y a de la magie en plus dans le premier contact. Si on était Aragon, (pas le roi, le coco), on dirait : « Je suis toi, par où je te touche ». Si on est un simple quidam de la rue, comme nous, on dit : « Putain, c'est costaud, ce truc-là ». Ceux qui ont pensé « J'entre en toi, par où je peux ». On l'esprit mal tourné et ne sont pas poètes. Mais dans les deux cas, on ne comprend guère ce qui peut susciter un tel état.

L'homme normal peut connaitre deux états dans sa vie. Inférons que la femme normale le peut également, bien que je n'en aie pas l'expérience.

Un état normal, lucide qui fait que l'on se comporte normalement dans les situations normales du quotidien contre un état magique qui transcende la réalité normale.

Pour reprendre l'exemple de la simple poignée de main.

Dans l'état normal on serre la main d'une personne, puis on passe à autre chose ou à une autre personne, si on est un politique en campagne électorale.

Dans l'état amoureux, on ne se contente pas de cet échange fugace. On en veut davantage et on demande la main entière, à ses parents.

Je suis un peu plus long ce matin, car je voudrais aussi parler de « 1984 » ce bouquin formidable d'Orwell, qui m'a tout appris sur la PA. Les amoureux se disaient, « ils peuvent toujours nous torturer, nous tuer. Ils ne pourront jamais entrer en nous, pour nous prendre notre amour ».

Ben si ! Et même après leur libération, les anciens amants se rencontreront par le hasard des facéties de la vie. L'homme enlacera, même, son ex-grand amour par une ancienne habitude et se dira : « Merde, y a plus rien, ça ne marche plus le truc ! » C'est fini, ils sont redevenus des gens normaux dans un état normal (pas le pays, la manière d'être).

Voilà, c'est fini et c'est triste, si l'on veut, mais quel que soit l'état dans lequel on vit, on l'apprécie. D'ailleurs le héros se dira à la fin : « Ça y est je suis guérie de cette obsession pathologique. Je vais pouvoir enfin vivre pour moi et me consacrer entièrement à ma collection de timbres. »

Cette fois c'est bien fini et pour de vrai.