Le plus beau jour de ma vie

Hervé Lénervé

Ma femme était enceinte, mais l’accouchement n’était prévu que dans un mois.

Je rentre d'une soirée bien arrosée avec des potes, mais avec bien de l'alcool aussi, il était tard dans la nuit. J'ouvre ma porte tant bien que mal, mais plutôt mal à cause d'une serrure qui ne reconnaissait plus ma clé anglaise. Sur la table, il y a un mot incompréhensible : « J'accouche ! » Du temps que l'information remonte jusqu'à mon esprit parti en vadrouille, j'avais oublié le sens « d'accoucher ». Le stress empêche de réfléchir. Après avoir fait une vérification rapide, trente minutes, à cause du mot de passe oublié, sur Google, je recolle le sens au terme, bien sûr « accoucher », je connais, c'est mettre bas ! Je fonce à ma voiture, trente minutes encore, pour retrouver où je l'avais garée et j'arrive enfin  tant mal que bien à l'hosto.

Sur le chemin des flics m'avaient pris en chasse pour une stupide histoire bête de limitation de vitesse.

J'entre dans la chambre, enfin après en avoir essayé plusieurs, ma femme est en plein travail, elle souffre, bien sûr, elle n'a pas l'habitude avec le travail. C'est là que les deux flics qui me pourchassaient me tombent dessus comme le bas clergé sur la vérole. Ils me passent les menottes pour délit de fuite. Là, l'interne intervient magistral.

-         Mais où vous croyez-vous, messieurs ? Et sortez-moi ses chevaux de la chambre, ce n'est pas un paddock, ici !

C'est beau l'autorité scientifique ! Oui les flics m'avait pourchassé à cheval, a-t-on idée, aussi ? Ils n'ont même plus de voitures dans la maréchaussée ou quoi ?

L'obstétricien crie : « Poussez, madame ! »

Je crie : « Poussez pas, les gars ! » aux flics.

L'opticien crie : « C'est une fille ! »

Je crie : « Ça tombe bien, j'en avais pas !»

C'était mon premier enfant et ce sera le seul avec ma femme, car elle a divorcé en sortant de la clinique.

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