Le premier train

Susanne Derève

Le premier train part à cinq heures.

La nuit tapine encore

que déjà monte la clameur des rails,

ébranlant de ses wagons sonores  l'année nouvelle.   

 

Voyageur solitaire, tu guettes la naissance

de l'aube et tu regardes défiler la mer,

les derniers bateaux à l'ancre, le port désert,

 le ruban incertain de la plage,

 

puis tu t'enfonces,  bercé par l'amble  monotone,                         

dans le vaste cœur des futaies qu'ensevelit  la  bruine,

comme une vague fouillant  le sein lourd des terres,    

                                                       

avant de t'endormir  serrant contre ton corps ta mince gabardine,                                               

indifférent à la  nuit qui se retire bredouille,          

loin de la foule et des lumières. 



photo Rechab  port de plaisance , Brest

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