Le vent dans les branches

Frédéric Cogno

La note de soleil vient pointiller mes songes,

Le ciel sème un par un de hauts corsages blancs,

Ici l'herbe est si douce et mon bonheur s'allonge

Près d'un arbre choyé par les rimes du vent.

Tel un dandy taquin qui ferait des avances,

Soudain comme un mutin aux mâts de l'anarchie,

Il berce tendrement le lit de mon enfance

Ou naît impétueux en proie aux jalousies.

Il aguiche, indécent, la cambrure des branches,

Marque un vif intérêt à noyer les refus,

Acquiesce en louvoyant le répit de leurs hanches

Pour mieux les enserrer sous les coups de raffut.

Parfois, sans prévenir, apaisement étrange,

Les rameaux silencieux, presque furtivement,

Gainent leur sève d'or et célèbrent les anges

Qui vont tendre leurs mains aux défunts miroitants.

Empressé, détaché, un brin moqueur ou sage,

Parfums de causerie, il a fraîchi  mon front,

Langueur, mélancolie, sous le radieux feuillage,

M'éventent une voix et de longs cheveux blonds.

Pas question de dormir frangé d'outre-caresses,

Suaves tourbillons, j'aime vous écouter

Souffler vos élégies quand les ombres paraissent,

Me radiant de ce monde impatient et truqué.

Et sans me justifier en rêveur qui s'épanche,

Je veux encor frémir, poursuivre par brassées,

L'envol des sortilèges et le vent dans les branches,

Ce si joli visage à demi-effacé...



Signaler ce texte