Les gilets jaunes …

Cette année, cela fera quarante ans que je bosse.

En Juillet 78, j'ai commencé une modeste carrière de gratteux.

Prédestiné au dessin d'art, l'enseignement de la France en marche de l'époque

M'avait déjà rangé dans un atelier d'architecture d'un autre temps aujourd'hui.

J'y ai bossé dix ans à dessiner des plans pour mon libéral de patron.

J'ai eu ensuite envie de fonder une famille, un souhait légitime.

J'ai donc continué de gratter dans un bureau d'étude de la fonction publique

Publique fonction qui me donnait ce que le libéral ne pouvait pas,

La sécurité de l'emploie !

Après dix ans de bureau et d'administration française pour moi insupportables,

Je profitais d'une aubaine et d'une faille de la publique fonction

Pour demander ma mutation dans une collectivité territoriale

Afin de m'adonner à ma passion, les fleurs et l'environnement urbain.

Vingt ans de plus à faire le larbin juste pour améliorer le quotidien de mes concitoyens.

Je ne vais pas faire ici mon CV détaillé mais durant quarante ans, j'ai toujours bossé.

Je n'ai connu que trois mois de chômage car l'inactivité me déprimait. Quel Con je suis !

Ma plus grande erreur fut de construire ma maison, plus de quinze ans de dettes,

De découvert à la banque et trois menaces de la fameuse banque de France.

Au tour de mon épouse qui me reprochait de l'obliger de vivre au « minimum »

De demander alors le divorce car elle ne supportait plus de dépendre d'un homme.

Elle ne gagnait pas plus que moi mais avait probablement les dents plus longues.

Les enfants étaient devenus grands alors, lâchons nous donc et revendons la maison.

Taxes diverses, dettes encore à rembourser et notaires, avaient avalé un bon tiers

Du fruit de notre travail et de nos sacrifices, dernières vraies vacances en 1996.

Je paye toujours encore aujourd'hui des crédits, j'ai décidé d'être propriétaire

J'ai reconstruis m'a vie avec quelqu'un d'autre et j'ai refais des dettes …

Je me lève chaque matin à cinq heures du mat pour aller bosser pour gagner ma vie et je n'ai toujours pas de côté un radis.

Si les dieux de l'administration le veulent bien, je pourrai partir en retraite à soixante ans

Dernier privilégié car j'ai fait à 20 ans mon service militaire d'un an obligatoire en 81.

Pour les autres ce sera beaucoup plus dur et j'en suis conscient,

Je n'ai aucune mauvaise conscience, mais j'en ai plein le cul !

Mon salaire moyen de prolétaire en 40 ans est de 1220 € net mensuel (merci Excel)

J'ai bien l'intention de survivre encore et dignement dans cette jungle de requins 

Même si je dois pour cela descendre dans la rue pour faire cramer des palettes.

Ronds de cuir et autres bureaucrates, méfiez vous de la misère que vous créez

Car c'est à vous de craindre le peuple et non au peuple de vous craindre

Cela a toujours été car c'est le peuple qui créé vos richesses, ne l'oubliez jamais.

Cette petite bafouille improvisée pour apporter mon soutien aux gilets jaunes

Car j'ai mauvaise conscience aujourd'hui de ne pas être au près d'eux

Mes revenus et les exigences de mon « métier », ne me permettent pas de faire la révolution

Ce qui est presque un paradoxe car en tant que fonctionnaire, je pourrais y perdre mon boulot.

Mon soutien aussi aux forces de l'ordre qui ont le même « statut » que moi et qui brulent d'envie

J'en suis sure, comme moi, de faire bouger les choses.

Macron démission !