Les noces de Gertrude

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Les noces de Gertrude.

 

Dame Gertrude à dos de canasson montait à cru, parcourant  la lande bleutée.

 

En ce jour de l’an 1000 rien de mauvais n’était censé arriver.

 

Son bonheur était  à son comble.

 

Bercée par la douce  cavalcade et toute à  ses pensées, elle avait hâte de rencontrer enfin.

 

L’homme promis, de ses vœux tant espéré et attendu pour le soir même.

 

Il s’appelait Richard lui avait-on dit au château.

 

Arthur ou bien Richard ? Mais bien, qu’elle importance.

 

Galopi, galopant elle s’en allait  et tout à coup chemin faisant, elle perçue.

 

D’horribles cris, de douleur, de terreur…

 

Une erreur ?une illusion ?un effet d’optique ?

 

Impossible se dit-elle, cruche je suis-je sais, mais là je n’ai encore rien vu, alors !

 

.Nuls manants ne  passaient jamais par la lande, pourtant !

 

C’est là au coin du bois,  au bord des trois étangs, qu’elle croisa sur sa route un drôle de spécimen.

 

Quelle horreur ! Un spectacle inimaginable s’offrait à ses yeux de future ex- pucelle.

 

-Qui êtes-vous donc mon brave ?

 

-Et que faites-vous agité de la sorte à vous tordre en tout sens.

 

-Eh bien, répondez-moi que diable !

 

-Je suis dame Gertrude maitresse de ces lieux et je vous somme de vous présenter !

 

Du spécimen on ne distinguait que les yeux et qu’il avait bien bleus, se dit-elle.

 

De biens jolis yeux bleus ma foi…

 

L’horrible ainsi pressé fit d’un bond, évacuer le nuage qui le recouvrait.

 

La brusque manœuvre le fit atterrir au cœur d’un buisson d’épineux.

 

Découvrant pour autant, l’essentiel pour pouvoir s’exprimer.

 

Un joli visage angélique, se dit la mijaurée.

 

Et de plus en plus bleus, ses yeux !

 

-Je suis Richard, Prince de mords-moi le nœud et fils du roi Arthur belle Princesse.

 

-De la lignée des bitembois, je vous suis promis en union.

 

-Sortilèges et magies me sont tombés dessus en entrant sur la lande.

 

-Mon fier cheval  s’est carapaté,  il s’est paré d’un air d’hérisson et m’a bien rit au nez.

 

-Je suis là, comme vous me voyez, couvert de puces et de la tête aux pieds.

 

-Et ma foi, bien désemparé.

 

-Des poux, des tics ou bien des trucs, de quelques prétextes que vous vous pariez.

 

-Ne cherchez pas d’excuses à voltes-faces, je n’entends pas renoncer à mon dû.

 

-Oh que non, j’attends depuis bien trop longtemps et là, je n’en puis plus !

 

-Nous nous marrions bien à midi, et l’heure même en l’an mille et la même pour tous.

 

-Que comptez-vous donc faire pour honorer de votre rang, parole faite à nos parents.

 

-Si ma position me le permettait, c’est là, là sûr le champ de devant que je vous honorerais.

 

-Sur le champ ma Princesse.

 

-Il me faut pour cela trouver vite une astuce et me débarrasser des puces.

 

-Et bien cherchez, mords-moi le nœud et trouvez vite mord-bleu, je défaillirai d’ici peu.

 

La situation ainsi décrite, méritait que l’on mette les bouchées doubles à sa résolution.

 

Soudain, déclic.

 

Pour se débarrasser des puces, mords-moi  alias bitembois, trouva enfin l’astuce.

 

Richard se mit une chaussette sur la tête et dans l’eau d’un des trois lacs, s’enfonça.

 

Les puces aux abois montèrent toutes dans la chaussette.

 

Mais Richard se noya.

 

Dommage.

 

L’autre soir, je rêvais que j’étais un galant chevalier.

Pour sauver une Princesse un lac je traversais.

Je nageais comme un fou quand je me suis réveillé.

J’étais dans ma baignoire et je n’avais pas arrêté l’eau.

 

Dommage.

 

JB  25/10/11

 

 

 

 

 

 

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