Monologue du Lapin

Il y a des matins comme celui-ci où je décide de bon matin que ma vie doit prendre un tournant percutant. Terré dans mon terrier, sans n'avoir aucune carotte à me mettre sous la dent, il est hors de question que je finisse comme vous à courir après la carotte que l'on vous fait miroiter sachant fermement que vous n'obtiendrez jamais rien des manipulateurs de carottes !

Multiples choix s'imposent à moi. Finir dans un cul de poule, bardé de deux pruneaux dans le cul,  complètement lessivé pour échoir dans un chinois pendant que la moutarde vous monte au nez, très peu pour moi ! Vous arrangez toujours tout à votre sauce, et ne faites aucune différence entre la sauce chasseur et la sauce moutarde.

Mes ancêtres les léporidés et les cuniculus doivent se retourner dans leur terrier ! 

Mon oncle le lapin d'Amérique m'avait pourtant alerté. Il me ressassait sans cesse :

"Un jour ils confineront et toi tu clapiras !"

Il m'avait pris pour un lapin crétin. Je vais prouver que sa révélation ne vaut pas un pet de lapin ! 

Il est vrai que c'était un chaud lapin. Il courait plusieurs lièvres à la fois , tout ça pour finir en pâté de lapin. 

Moi je veux être un lapin de garenne, un beau lapin blanc tendre arborant un air naïf comme un lapereau de deux semaines jusqu'au jour où une belle lapine à qui j'aurai préalablement posé un lapin tombera en extase devant mes deux dents de lapin scintillantes tels deux joyaux purs !

Quand ce jour arrivera, je ne détalerai plus comme un lapin bique et bouc. Je déposerai un baiser langoureux sur sa patte de lapine. Je l'emmènerai dans la capitale et lui offrirai une place pour participer au concours Lapine qu'elle remportera indéniablement haut la patte !

Pendant que je l'honorerai mille et une fois d'un seul coup, je pourrai crier haut et fort :

"Ce matin un lapin a baisé un chasseur !"

Confinez, confinez pendant que je clapis !