Musicalement vôtre

Colette Bonnet Seigue

Ecrire une histoire en chansons


 

Il est 5 heures, Bordeaux se lève « et les journaux sont imprimés, les ouvriers sont déprimés » après « un dimanche au bord de l'eau, au trémolo des p'tits oiseaux. L'odeur des fleurs nous met tout à l'envers, chagrins et peines de la semaine, tout est noyé dans le bleu dans le vert »

Bref, vous l'avez compris, je me lève tôt ce lundi après un week-end doux et ensoleillé à la campagne. Aujourd'hui, malgré tout, « je n'aurai pas le temps, pas le temps, même en courant plus vite que le temps, je n'aurai pas le temps de tout faire »

« Allez hop ! Speed encore, speed encore »

Quelle vie ! Après tout, « chacun fait, fait ce qu'il lui plaît, plaît » !

 Mais j'ai oublié que ce sont les vacances. Ouf ! Il est trop tôt, je me recouche et, j'entends la voix fraîche et matinale de ma moitié me dire : « Madame rêve ! » De re chef je lui réponds : « Chacun fait, fait ce qu'il lui plaît, plaît !! »

Se laisser bercer par le flot de la nuit encore si présent au petit matin d'été.

« Tu t'en vas et, dans mon cœur ce n'est rien, rien qu'un départ sans importance » Oui, dans les bras de Morphée, je repars avec bonheur et volupté. Ce lundi pas de courses, pas de RV, seulement le plaisir de rêvasser « c'est déjà ça, c'est déjà ça ! »

 

10 heures, un coup de fil m'extirpe du lit. Zut !

« Le téléphone pleure, ne raccroche pas ! »

 C'est mon fils qui a besoin d'un dépannage urgent. J'émerge embuée. « Allo maman bobo, je suis malade, complètement malade ! » Tu peux venir tout de suite garder Gaspard ?

« Je suis sur la route toute la sainte journée » et moi qui pensait flâner aujourd'hui !

« Débranche !! » c'est raté, je prends mon rôle de maman et grand-mère au sérieux, je dois y aller au plus vite. « J'ai maintenant du temps, du temps pour toi. »  Moteur vrombissant, je suis déjà sur la route. Bien sûr, premier bouchon sur le Pont d'Aquitaine, « on avance, on avance, on avance, faut pas qu'on réfléchisse, ni qu'on pense, on avance ! »

Me voilà à destination. Je découvre mon fils grelotant de fièvre au fond de son lit. Aussitôt, je prends le relais, Gaspard qui lui est en pleine forme vient vers moi et m'entoure de ses petits bras. « C'est un petit bonheur! » Avec mon petit-fils, « j'ai dix ans, laissez-moi rêver que j'ai dix ans. », je joue sans retenue, oubliant mon âge. Je joue à cache- cache, je m'accroupis, m'allonge, saute à reculons, m'étale sur le tapis exténuée.

« J'ai dix ans, laissez-moi rêver que j'ai dix ans… »

Gaspard a un sacré tonus, « y a d'la rumba dans l'air ». Nous jouons au train qui entre en gare « à la queuleuleu."  Enfin je le calme en lui racontant une histoire. Ouf ! Il adore les livres, quelle aubaine !  Mais il aime aussi quand je m'amuse à imiter les voix des personnages, « parole, parole, parole » Mon petit bouchou s'évade au fil des pages, « on ira où tu voudras quand tu voudras ».

Ce n'est pas tout, c'est déjà l'heure du déjeuner, j'ouvre le frigo et j'essaie de composer rapidement le menu avec les moyens du bord. Pour le dessert, il me demande une « salade de fruits jolie, jolie, jolie » et, comme il ne veut rien manger, je lui réponds : « c'est déjà ça, c'est déjà ça ! »

Le repas à moitié avalé, c'est l'heure de la sieste, mais, Gaspard ne veut pas s'y soumettre. Me voilà en quête pour l'endormir : « Tourne, tourne petit moulin »

Ouf, je peux réalimenter mes rêves matinaux en me plongeant avec envie et nécessité dans le canapé.

« Dis, quand reviendras-tu ?  »

Pour cet instant précieux de détente, oui, « madame rêve… » Et alors ? J'y ai droit !

« Du temps pour toi… »

 

 

 

 

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