Les Orgies Des Faubourgs (Partie 1) #19- Les Moleskines - Dans Paris
dyonisos
Carnet de voyage numéro dix-neuf - Vavin - #LesOrgiesDesFaubourgs Partie 1
Le dimanche matin, à l'heure où l'écume du jour balaye la marée nocturne, je ne sais plus à quel sein me vouer. Paris se fige dans le brouillard de ma tête et vomit sur les trottoirs les oiseaux de la nuit. Ils ne volent plus, ils ont perdu l'intrépidité de leurs pattes qui se désarticulaient sur les dance-floors.
M'as-tu vu ? Tout endimanché, iPhone au point, nœud-papillon juste dénoué, errant comme un chien parmi les chiens loups.
M'as-tu reconnu ? Un Borsalino de guingois posé sur une crinière dégueulasse de sueur et de sang.
Avant, enfant de cœur au service d'un curé de campagne allant jusqu'à l'aider à enfiler sa soutane dans l'intimité du presbytère.
Aujourd'hui, presque adulte sans cœur, à courir les faubourgs de Paris en taxi pour fuir le réel et honorer mon rendez-vous.
En quelques années, le diable s'est emparé de mon corps. J'ai troqué l'enfer de la messe du dimanche contre le paradis des orgies dominicales.
Un paradis à l'abri des regards où l'entrée est réservée aux bonnes gens peu pudiques : dans un appartement cossu au cœur d'un Paris amoral et sulfureux, se déroulent des rendez-vous feutrés entre jeunes cadres dans le vent et calfreutés derrière les rideaux opaques d'un séjour. Etienne est propriétaire de cet appartement de plaisir et invite les ombres qu'il croise lors de ses errements nocturnes pour prolonger la nuit en une orgie fantasque. Elle démarre, chaque dimanche, quand la cloche de l'église attenante frappe 10 coups.
Derrière les rideaux fermés, des corps nus, jeunes mais abîmés parcourent le lieu tandis que des bougies dansent et dessinent les murs. Entrelacés sur les sofas, en mouvement constant et frénétique, les corps ne parlent pas. Ces dimanches sont animaux, les seuls bruits qui frappent contre les murs sont sexuels : l'entrechoquement des corps et les bouches qui crachent le plaisir.
Derrière les rideaux fermés, le temps s'arrête comme suspendu aux caprices d'une dizaine de bonnes gens trop affairés à séduire et consommer leur désir.
Derrière les rideaux fermés, les cerveaux s'éteignent et c'est alors que s'embrasent les sexes.
A suivre
Carnet de voyage numéro vingt – Vavin - #LesOrgiesDesFaubourgs Partie 2
Pareil pour moi, j'aime toujours autant cet univers noctambule...
· Il y a environ 12 ans ·Anne S. Giddey
lupanar et lanterne rouge comme au beau vieux temps, les maisons closes ouvertes au orgies, le transport collectif des bourges
· Il y a environ 12 ans ·franek
toujours de qualité, je suis tes textes, leur liberté de ton, la qualité des images, et cet univers sulfureux avec beaucoup d'attention. Merci !
· Il y a environ 12 ans ·bleuterre
Un début qui chante " les paumés du petit matin " de Brel, une suite très maîtrisée. Bravo.
· Il y a environ 12 ans ·riatto