Périples

austylonoir

Que nous sont les déserts et les mers agitées,

les nuits de cavale à l'ombre des cieux?

J'entends dire la rumeur, au creux de l'oreille,

«royaumes de songes», où l'âme vagabonde.

Que peu nous suffisent, ces mille terres labourées,

remuées et connues jusqu'aux couches profondes.

Il hâte à nos désirs, de nouvelles échappées,

où les mots se prononcent à l'envers de nos langues.


À vous, que l'attrait des choses nouvelles,

émeut en secret comme à cœur découvert,

voyez comme il confond, cet espoir ingénu,

voyez comme il habille de parures trop belles,

les vignes que demain, le temps fera nues.


Et l'âge cependant, fleuve de raison,

comme la cerne à l'arbre, me fait l'écorce nourrie ;

contre ma fougue d'enfant, fait le troc du confort,

et le voyage que je fus, maintenant nous ennuie.


Car si peu ciselé à la vie creuse des hommes,

je peine à trouver une place dans le rang,

bien loin du négoce et du travail d'artisan,

du métier de bureau ou de la juste cause,

les mots sont les œuvres que je taille et sculpte,

choisis aux écrins des meilleurs joyaux,

là-bas comme en périple, j'y vois le pays.

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