PETITE FILLE AUX ALLUMETTES
corinne-antorel
Petite fille aux allumettes
A peine plus âgée que tu ne l’étais quand ton histoire ils m’ont conté
Toi, petite fille aux allumettes, tu vis toujours dans un coin de ma tête
Toi petite vendeuse à la sauvette, tu renais chaque année en ces périodes de fête
Dans l’indifférence des hommes et du ciel, tu t’es éteinte une nuit de Noël
Jamais je n’ai pu réussir à oublier ce sinistre froid d’hiver qui t’a emporté
Consumée d’avoir trop brulée, ta petite étincelle s’est fait la belle
A trop porter de la vie le fardeau, ta petite âme s’est tirée là haut
Toi, petite fille aux allumettes, selon les pays blondinette ou brunette
Ta réalité, ton sinistre conte de fée sont plus que jamais d’actualité
Tu en as brulé des bâtonnets dans le vain dessein de te réchauffer
Tu en as grillé des p’tits bouts d’bois, dans l’espoir de les émouvoir
S’il vous plait messieurs, mesdames, un p’tit geste, juste une allumette
Simplement un p’tit sou, un reste, un tout petit rien
Un semblant de votre temps pour tenir jusqu’à demain
Un semblant de votre argent pour subsister encore un matin
S’il vous plait, messieurs, mesdames, un p’tit mot pour me tenir chaud
Simplement un p’tit peu de chaleur, une p’tite miette de votre bonheur
De quoi me réchauffer le coeur, de quoi survivre encore une heure
S’il vous plait messieurs, mesdames, achetez mes allumettes
Rien qu’une piécette, non.., surtout ne détournez pas la tête
Un p’tit effort, du réconfort, juste de quoi tenir encore
Juste de quoi avoir moins froid tout à l’intérieur de moi
S’il vous plait messieurs, mesd........c’est trop tard
Je n’ai plus la force, je quitte mon corps, je m’endors
La nuit de Noël est si belle, elle me servira de linceul
La nuit de Noël est si belle, elle en deviendra mon cercueil
Je vais rejoindre au firmament le père Noël et les enfants
Qui, comme moi de quelque pays, de quelque couleur qu’ils soient
Ne sont pas nés dans le bon foyer, n’ont pas grandi au bon endroit
Depuis, bien des années se sont écoulées
Mais je n’ai jamais réussi à me pardonner
D’avoir été trop petite, de n’avoir rien fait
Moi, enfant, de l’avoir abandonné.
J'ai eu du mal a vous pardonner
A vous, les grands, de l’avoir laissé tomber
D’être passé sans même vous retourner
De n’avoir pensé qu’à vos petits souliers….
Les humbles perdent leur travail, les enfants humbles subissent. Coluche avait dit que les restos du coeur devaient être temporaires... Le commentaire de Pascal Germanaud à ce sujet il y a un an reste valable. Faites l'essai d'écouter les informations presque à chaque heure (oui, c'est dur je sais!) sur toutes chaînes: Chaque fois on vous balance au moins une nouvelle où il est question de 400 millions d'euros (Tapie), de deux milliards d'euros ici, de sept cent millions là, des salaires des super PDG... du yacht à 20 millions d'euros... Les mots " décence" et "dignité", ami(e)s de WLW, sont il en train de mourir?
· Il y a plus de 11 ans ·astrov
Superbement écrit ! Un texte émouvant qui rappelle à quel point Noël ne rime plus à rien, à quel point on peut être con dans notre société de consommation.
· Il y a presque 13 ans ·Chris Toffans
Je me souviens bien de mes lectures de ce conte étant enfant. Cette évocation me touche beaucoup, c'est l'enfance de l'art ! Bravo !
· Il y a presque 13 ans ·Edwige Devillebichot
Le quotidien des SDF en cette période de Noël...et de plus en plus de monde aux Restos Du Coeur! Triste, comme ton joli texte, Corinne !!!
· Il y a presque 13 ans ·Pascal Germanaud
Merci à tous. Votre humanité me va droit au coeur.
· Il y a presque 13 ans ·corinne-antorel
Les coeurs ne servent à rien, comme souvent et chacun voit midi à sa porte pas plus loin..
· Il y a presque 13 ans ·De tout temps, l'homme idéal à été infinitésimal noyé au milieu d'un monde qui fait mal.
jb0
Les larmes aux yeux... tout simplement. Et mon coeur pour t'envoyer des coeurs de remerciements pour tous ces enfants qui aimeraient avoir chaud en dedans.
· Il y a presque 13 ans ·helecrit
Comme Mery, un conte devenu réalité, pour les petits et les grands, l'hiver arrive, les huissiers, qui ont profité de l'été, poussés par les propriétaires ont mis dehors toutes les familles, qui, dans la misère, n'ont pu honorer leurs loyers, pendant que les nantis, bien au chaud, de l'argent gagné à la sueur du front de ceux que vous mettez à la rue, et maintenant du notre. Ce conte, à l'école, j'ai du le dessiner et le peindre, comme j'étais nulle en peinture, c'est mon père qui a peint; Dormez bien! Les temps noirs arrivent. El Viva la Révolution!
· Il y a presque 13 ans ·Yvette Dujardin