Petite fille, partie..

Onze ans, les yeux foncés de haine et aussi vides que le néant, le cœur écorché, arraché, méprisé par ces insultes incessantes, ces critiques, ces faux semblants. Le corps trituré, déchiré, marqué, par ces coups, ces poings qui frôlent son visage, puis son ventre, tous les jours à 8h05, 10h05, 13h10 et à 16h10 précisément, pas avant, pas après. Et parfois quelques minutes de plus, enfermée dans les toilettes, à sentir les mains d'un inconnu glisser sur son corps, sous ses vêtements, ou plutôt agripper le peu de corps sans bleus, sans coupures, sans blessures.

Perdus les sourires, coulées les larmes, effacés tous ses fous rires, baissées les armes, ne contrôle plus son corps, le sent s'étaler sur le sol, sous les coups de certains élèves, sous les crachas et insultes de d'autres, et sous les moqueries et l'amusement des quelques uns qui étaient jusque là innocents, plus pour longtemps.

Se relevant tant bien que mal, petite fille prit son sac et rentra chez elle, les larmes coulant à flots sur son visage tant fatigué, si bleu de coups, de douleur.

Médicaments avalés, veines coupées par cette lame sur laquelle était écrit « bonheur... », petit corps allongé, petit cœur envolé, avec pour seul souvenir les mots qui lui étaient adressés chaque jour à l'école, qui disaient « t'es grosse, t'es moche, t'es qu'une merde, sale baba cool de merde, intello, salope, grosse pute. » elle avait fini par y croire vous savez. Et eux l'ont oublié, elle et sa mort qui résonne dans les mémoires comme une vulgaire injustice, un appel au secours mit de côté, oublié, abandonné.