Point de rupture

poulpita

De l'eau. Partout. Rideau infini. Les gouttes explosent sur le toit de la voiture. Petites balles de cristal, malveillantes. A l'intérieur, c'est le silence. A l'avant. A l'arrière. Tu conduis. Je souris.

Je repense à ce matin. Les mains dans l'eau tiède de vaisselle, je regardais la mousse citronnée disparaître, aspirée dans le siphon. Glougloutement amusant. Tu es apparu dans mon dos. Tu as parlé. Une remarque grivoise, humiliante. Et tu es parti, content de toi. Tu ne le sauras jamais, mais à cet instant précis, je me suis détachée.

Là. D'un coup. J'ai décidé, à cet instant de te quitter. Pour te faire payer. Pour enfin ignorer. Les attaques disqualifiées. Le poids constant. L'immobilité. Les comptes, petits. Le quotidien boudé. Mangé du bout des lèvres. Les mains fermées. Les silences. Cette course sans moi.

Dans cette voiture, l'ombre de l'orage nous menace. La pluie redouble. Je souris.


 

[Photo de Peter Cornelius http://www.pcornelius.de/fr/]

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