Pour les beaux yeux d'une Matriochka.

Amaury Blanc



                    1977, rue Stendhal, devant cette fameuse boutique que j'aime tant.
C'est simple, je la comparais toujours au paradis, c'est ici que je trouvais tout mon bonheur.

D'ailleurs, c'est ce 17Juin que j'ai littéralement flashé sur un objet. C'était une Matriochka géante.   
J'étais tombé amoureux de cette dernière ! En fait, cet objet était fait pour moi. Elle m'attendait...
Je m'approchai délicatement de cette poupée russe quand j'aperçus le prix. Elle était chère. Je devais attendre deux mois, deux mois entiers de salaire pour pouvoir me l'acheter. Mais ça ce n'est pas un problème !

J'avançai à grands pas vers le vendeur et réservai cette fameuse Matriochka.

Tous les jours je travaillais dur en pensant à elle.

(...)

 Un jour, j'étais au restaurant avec mon ami. C'était un restaurant très réputé pour la "bonne bouffe".
Bien sûr je ne pouvais pas m'offrir un tel plaisir, moi il fallait que j'économise. C'était mon cher ami qui m'avait invité.

Charles, était un homme assez riche mais qui avait un énorme défaut. Son défaut était qu'à chaque fois qu'une personne était attirée  par un objet, une voiture ou  n'importe quoi, il se l'achetait; alors qu'il n'aimait pas forcément ce qu'il achetait. C'était un peu pour dire "Moi, je peux." En fait il n'avait pas grande personnalité.


Il réagissait comme cela avec beaucoup de personnes. Enfin, suffisamment pour qu'on lui donne cette image.
Mais bon, au fond de lui, il se considérait comme quelqu'un de bien.

Après plusieurs minutes de conversation, je lui parlai de l'objet pour lequel j'étais particulièrement attiré.


- Tu as l'air très pensif. Chuchotait Charles

- Oui, à vrai dire je suis tombé amoureux ! Répliquai-je

- Ah, très bonne nouvelle ! Blonde ou Brune ? Dit Charles.

- Non, non. C'est particulier, c'est un objet. Je suis très attiré par un objet, c'est une

Matriochka, un modèle unique, inédit. Il y en n'a qu'une seule dans le monde.

- Une matrickucha ? Bafouillait Charles.


- Non, Matriochka. Une poupée russe, si tu préfères... Tu sais, les petites poupées de tailles décroissantes placées les unes à l'intérieur des autres.

Dans mon salon, sur la table de marbre, il y en a une. C'est un modèle très commun.    

Celle dont je te parle mesure plus d'un mètre. C'est une matriochka géante et
tellement jolie...Je suis certain que celui qui l'a peint en est tombé amoureux.

- Ah, je vois ! Et ou as-tu vu cela ? Rue Stendhal ?

- Bonne pioche ! Rue Stendhal.

 (...)


57Jours plus tard, 17h48 fin du travail. Je partis à toute allure chercher cette merveille !


Malheur, elle n'était plus sur son estrade. J'allais vers le vendeur, mais ce dernier n'était pas là !

C'était une jeune femme, je lui ai dit que j'avais réservé la Matriochka géante. Mais elle m'affirma qu'elle l'avait vendue il y a quelques heures
et que le patron du magasin était parti en vacances sans lui avoir dit que cette poupée était réservée.

Je lui demandai alors de me décrire physiquement l'acheteur.
Et j'ai tout de suite compris qui c'était. C'était Charles.

J'étais fou !

Je suis parti de ce magasin aussi vite que j'y suis arrivé. Je me dirigeai vers ma maison pour prendre mon Beretta  puis courus jusqu'à la grande maison blanche de Charles.

Je n'ai pas hésité une seconde, j'ouvris la porte et lui tirai une balle en pleine tête. Je l'ai tué.


Quand plus tard j'ai appris que j'étais totalement inconscient, irresponsable et imprudent, et… quand plus tard j'ai appris que c'était mon cadeau de Noël...

A.Blanc

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