Révélation

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Révélation

Neuf. ils sont neuf. un jour ils furent six. déterminés. curieux. Inspirés.

Des hommes entre 20 et 40 ans.

Des hommes en grande demande. En attente aussi. D'une reconnaissance, loin sans doute, bien loin du pire, de ce qui fait qu'ils sont ici.

Ils cherchent sans doute un visage neuf à afficher face à "cette femme du dehors" que je suis..Prête à échanger avec des stagiaires, des êtres humains en enfermement.

 Il y a là Armand, Barthélémy, Christian, Geoffroy,  Jonathan,  Jean-Benoît,  Juan-Matéo,  Samson, Bassam.

Bien sûr, le premier jour, dans le but de sortir de leurs cellules. Ici, chaque activité proposée est un bol d’air.

Et puis, Flora, Responsable des Bibliothèques du Centre Pénitentiaire, a tant vanté ce moment de découverte que  la simple curiosité a dictée  leur  inscription sur la liste.

Oui. Il fallait être volontaire  pour venir salle du culte rejoindre le groupe.  Cependant, il était également nécessaire pour certains, d’obtenir  l’accord du Chef de Bâtiment.

Il y eut  seize inscrits.

Une surveillante, très à l’écoute de Jonathan,  n’aurait pas parié sur lui.  « Le premier jour, pour voir autre chose, d’accord mais le conte ! » En fait, c’était elle qui était loin du compte! Jonathan assiste à toutes les séances dans une assiduité sensible, imaginative et active.

Bassam, tout en émotion,  projette ses idées. D’ abord avec retenue les premiers jours. Puis, prenant de l’assurance, il égraine ses phrasés ininterrompus, comme une délivrance,  lancés vers le monde enchanteur qui se dessine.

Armand, lui semble assuré. Il prend souvent la parole et offre ses lexies : sensées, construites, pertinentes. L’humour n’est jamais loin et en cela,  il donne à Samson,  l’ouverture nécessaire pour que ce dernier,  à son instar,  se détende lui aussi. 

Samson, l’inventif,  doué pour l’écriture. Le rire est une pirouette à ses capacités. Comme une pudeur annoncée. Pourtant,  dans ses écrits il se livre, là,  sans pudibonderie embarrassante.

Geoffroy, n’ose pas toujours. Il se cache. Acquiesce aux suggestions des autres. Tente parfois des idées, à la volée, comme du sel en pincée sur un plat un peu fade. Il redore alors la beauté du met.

Barthélémy et Christian, en binômes, s’arrachent d’amicales joutes verbales qu’ils distillent,  complices  et opiniâtres à l’assentiment de l’assemblée. Nulle inquiétude, les autres congénères sont à l’écoute. Des images se dessinent sous le verbe.

Jean-Benoît n’est pas en reste. Lui, pourtant posté dans un retrait timide. Il se montre  avec parcimonie. Discret.  Il vient de l’île de la Réunion et affiche  une présence métissée, entre sourire et secret. A l’image de sa terre natale : les plages de Saint-Gilles souriantes aux touristes et les hauteurs des Monts du Cilaos réserve mystérieuse et sauvage.

Et puis le neuvième homme, Juan-Matéo. Il  donne une réflexion toute particulière à ses mots (maux !). Il semble suivre le tracé de la ligne magique, imaginaire, non visible aux yeux  du cartésien. Suspendu à la trace du conte. Prêt à transformer l’histoire en légende.

Juan-Matéo déploie son tapis volant  et s’échappe lentement.

Cette évasion dans le monde de l’imaginaire, pendant huit heures de stage a été pour eux tous, une vraie révélation. Révélation de leur talent imaginatif, révélation de leur soif du merveilleux, révélation de leur capacité individuelle en matière d’écriture orale. Oser dire par le truchement du conte les émotions tues.

Le Pays des Trois Soleils, conte initiatique prend son envol au Centre Pénitentiaire. Il n’a pas fini de circuler, l’histoire ne fait que commencer.

Il était une fois, au Pays des Trois Soleils…..

  • Merci à toi...

    · Il y a environ 13 ans ·
    Et  2011 264 orig

    mlpla

  • Du tôle art ! C'est beau !

    · Il y a environ 13 ans ·
    Apphotologo

    Michel Chansiaux

  • Oh merci à toi Martine...

    · Il y a plus de 13 ans ·
    Et  2011 264 orig

    mlpla

  • Merci pour ce beau et émouvant témoignage. C'est un vrai coup de cœur. Ces ateliers devraient être plus fréquents. A bientôt. J'aime te lire

    · Il y a plus de 13 ans ·
    Logo martine 54

    eglantine

  • Merci vraiment!

    · Il y a plus de 13 ans ·
    Et  2011 264 orig

    mlpla

  • C'est un texte poignant, prenant, montrant bien là tout le pouvoir de l'imagination. Imaginer pour échapper à sa vie quotidienne et, dans ce cas, à son incarcération. Une belle initiative. Merci aussi à Jacques Langrois pour l'histoire ajoutée, qui fait rêver...
    Beaucoup de talent dans ce texte, dans cette capacité à raconter les contes des autres ! Bravo !

    · Il y a plus de 13 ans ·
    Nature orig

    mls

  • Heureuse de te retrouver ici Léo et de lire aussi ton cœur généreux

    · Il y a plus de 13 ans ·
    Et  2011 264 orig

    mlpla

  • Pour avoir eu le privilège de lire le fond du coeur de ces hommes en ces instants précieux, je ne peux qu'adresser un coup de coeur aux rencontres de la vie, à la beauté des regards, en dehors de tout jugement, de toute colère... Il né des actes précieux dans la vie qui peuvent changer le cours des choses parce qu'elles prennent racines au plus profond des coeurs. Bises Mary Luce

    · Il y a plus de 13 ans ·
     14i3722 orig

    leo

  • Merci à toi Jones

    · Il y a plus de 13 ans ·
    Et  2011 264 orig

    mlpla

  • J'ai effectué des récits de vie auprès de jeunes détenus et il est vraiment impressionnant de voir comment les mots simples peuvent créer une vraie littérature. Je suis persuadé que toutes ces histoires nourrissent celui qui les lit (ou écrit) autant que celui qui les livre. Merci pour ce témoignage :)

    · Il y a plus de 13 ans ·
    Dsc00245 orig

    jones

  • Merci Jacques pour ce témoignage...

    · Il y a plus de 13 ans ·
    Et  2011 264 orig

    mlpla

  • J'aime beaucoup, cela me fait penser à ces détenus en Suède qu'un metteur en scène décida de faire jouer "En attendant Godot", c'étaient de lourdes peines. Ils furent plus grands que les meilleurs acteurs du moment. On les fit jouer sur de grandes scènes du pays et on les renvoyait en prison, pas de réductions de peine, pas d'arrangements. Ils ont joué comme cela deux ans, sans cachet, pour le plaisir. Toute la Suède les a applaudit et on les renvoyait dans leurs cellules, sans voir les changements qui s'opéraient en eux. Et puis lors d'une représentation ils ont pris la poudre d'escampette. C'était dans les années 80. Ton texte me renvoie à eux et à leur sensibilité exacerbée entre les murs. Bravo

    · Il y a plus de 13 ans ·
    Persopsy

    Jacques Lagrois

  • Merci à vous deux...

    · Il y a plus de 13 ans ·
    Et  2011 264 orig

    mlpla

  • Très beau partage humain...merci, Mipla !!!

    · Il y a plus de 13 ans ·
    Pascal 3 300

    Pascal Germanaud

  • L'heure du conte ... qui éveille tous les âges à la magie des mots !

    · Il y a plus de 13 ans ·
    Tourbillon 150

    minou-stex

  • Merci infiniment Stef...

    · Il y a plus de 13 ans ·
    Et  2011 264 orig

    mlpla

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