Sensualité

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La main dégantée de Thérèse Desqueyroux frôlant les pierres d'un mur qui rendent à la vie sensuelle la chair et le sang de cette femme annihilée.

La soierie d'un cru de Bordeaux inondant ma bouche, l’explosion sourde des goûts moelleux et protéinés, les notes aigües au moment du contact entre ma langue et mon palais.

Sur mon dos la cascade anguleuse, fragile et asphyxiante de la source vibrante dispersée en exquises fibres de verre jaillissant des rochers veloutés et transis.

La fermeté fragile, aérienne et douce de la Chantilly sur le fruité chantant finement granuleux des gariguettes.

L’envahissement sucré, collant, agaçant et farineux de la confiture de châtaignes.

Un soleil de midi enveloppant ma peau de brûlants frissons centrifuges.

La sensation délicate, appuyée, suffocante et vivante de tes doigts sur mes seins.

La fraicheur transfixiante et huileuse de l’eau de mer étale sur mes jambes et mes reins.

L’acidité masquée et la plénitude de l’arabica en terrasse ombragée.

L’ampleur organique et vicieuse du foie gras frais.

La suavité cutanée mais râpeuse de mon écharpe d’organza.

L’onctuosité salée, sucrée, ammoniaquée et végétale des huitres au mois d’août.

Et la sensation pleine, exaltante, étrangère, adéquate et somptueuse de toi, en moi.

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