Ses mains

Choupette

       Avec délicatesse, je lui prends les mains. Elles sont douces malgré les marques du temps. Du temps qui passe, qui a passé. Il fut un temps, il y a longtemps, c’est vrai où elle me prenait les mains, et avec une infinie précaution, elle me coupait les ongles pour ne pas que je me griffe malencontreusement. Comme j’aimais ces moments là, où elle s’occupait de moi. C’était rare, elle n’avait pas le temps. Nettoyer la maison, laver le linge, repasser, et partir au travail après nous avoir emmenés à pied à l’école.

       Elle me regarde en souriant. Un à un je lui coupe ses ongles longs. Elle a toujours eu de belles mains. Et même ridées, elles seront toujours bien plus belles que les miennes. Paumes larges, doigts courts…mes mains s’occupent des siennes, qui malgré sa résistance pour ne pas les bouger, tremblent. J’essaie d’être attentive et de ne pas être perturbée par les différents sentiments qui m’animent à cet instant.

        Comme je l’aime. Oui, c’est curieux comme je ne m’en rends compte que maintenant…

Ou plutôt comme j’ose le penser et me l’avouer.

        Sourire. Elle ne dit rien, par peur, encore, de dire des bêtises, comme elle dit. Son sourire, celui de l’ignorance des choses qui lui arrivent, celui de cette douceur tranquille qui l’habite.

« Même quand tu ne me reconnaîtras plus, même quand tu seras définitivement dans ton monde…Tes mains entre les miennes, ton sourire et le mien, ton regard bleu que tu m’as transmit seront les derniers liens, bien plus forts que tous les mots.

Je t’aime, Maman. »

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