Si je pouvais

Marie Cornaline

Si je pouvais j’irai crier avec toi,

A défaut de te prendre dans mes bras,

Je porterais ta voix.

Et puis…

On grimperait sur l’une de nos vieilles collines,

Les mollets durs, courbant l’échine,

Parcourant les sentiers de nos choix oubliés,

Ignorant les chemins que trop d’autres ont lissés.

Arrivés au sommet on viderait nos sacs,

Délestés et rieurs on se balancerait,

Comme des boules de neige, ces douleurs, ces attaques,

Tout ce lourd contenu qu’il nous faudrait jeter.

Si je pouvais j’irai crier avec toi,

A défaut de te prendre dans mes bras,

Je porterai ta voix.

Et puis…

Je pourrais aussi faire gonfler tes colères,

Au gré de tes désirs, hélium ou hydrogène,

Pour une partie de foot, un vol en montgolfière,

Ces salopes en ballon pour ne plus que t’en crèves.

Et si c’est la sinistrose qui s’incruste et te guette,

Je percerais cette bulle au-dessus de ta tête,

De sa substance noire on fera du fusain

Pour pouvoir dessiner de nouveaux lendemains.

Si je pouvais j’irai crier avec toi,

A défaut de te prendre dans mes bras,

Je porterai ta voix.

Et puis…

On pourrait coudre ensemble nos vieilles déchirures,

Donner une seconde vie à nos premières peaux,

Une nouvelle marque sans une trace de griffe,

Pour un tissu tout neuf de nos propres lambeaux.

Mais c’est mon cœur qui s’arrache de rêver aussi fort,

Je n’ai jamais senti ton âme, je n’ai jamais goûté ton corps,

Chronos s’est joué de nous en décalant nos destins,

Des rencontres avortées en guise de refrain.

Si j’avais pu je t’aurais aimé je crois,

A défaut de m’ouvrir à d’autres bras,

J’aurais porté tes joies.

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