Tendresse et complication

Nathan Noirh

Tu es ma femme et tu ne l'es pas. Je le sais parce que j'ai compté.

Tous les matins je me demande si je te trouverais à côté de moi. Tous les soirs je me demande si je me réveillerais à côté de toi. Cela en fait des nuits à se poser des questions. Et des matins sans réponses.

Tu es ma nana, ma douce, ma crue, ma brune, ma ronfle-quand-elle-a-trop-bu. Tes gestes trouvent une poésie inattendue à mes yeux, et tu en abuses. Je le sais parce que j'ai compté.

Tu n'es pas ma nana. Pas ma femme, pas ma belle, pas ma tendre. Te posséder serait mentir. La réalité et mes rêves se battent chaque jour pour trouver une réponse à cette équation : et si tu restais une terre inconnue que j'essaye de conquérir chaque jour ?

Je n'ai pas assez d'épée, pas assez d'armes pour prendre d'assaut ta peau et la laisser intact. Je n'ai pas assez de place, pas assez de peau pour réclamer plus de tes lèvres. Pas assez d'espace, pas assez de temps pour te réclamer éternellement. Je le sais parce que j'ai compté.

Il y a tellement de choses que tu n'es pas, pour simplement être à mes yeux. Et tellement de choses que tu ne dit pas, pour que je  te comprenne. J'ai entendu ta voix pour ne pas sombrer. Et je n'ai pas sombré pour l'entendre à nouveau.

Toutes ces années où j'ai tué notre innocence, n'était qu'un prélude à notre complicité. Je te voulait aussi coupable que moi et que notre lit soit notre prison. Je ne sais pas combien de lois j'ai enfreint pour ne pas penser à toi. Mais je sais combien j'en inventerais pour être avec toi. Je le sais parce que j'ai compté. 

Ma tendre. Ma complication. Ma chiante. Ma toute crue. ma délirante. Ma cinglée. Ma vision et mon obscurité. Ma symphonie muette. Ma bêtise et mon intellect. Ma douleur et ma tendresse. En t'attendant, je compte.


Signaler ce texte