Trousse de grands

Christophe Paris

Sorte de rentrée pour les grands...


Ce matin j'ai rangé le soleil sur un rayon de ma bibliothèque, j'ai enfermé les nuages dans un cahier plein ciel à grands carreaux, c'est plus facile à nettoyer en cas de pluie.
Quand je prends des notes je suis à bloc, alors je fais une pause pour souffler aux quatre vents. Je redonne vie aux feuilles mortes en écrivant sur elles de petits maux postés çà et là sur les lignes de ma vie et de celles du métro, faute de corriger une marche trop haute pour moi. Comme un singe je passe de branches en branches avant qu'elles ne disparaissent taillées en copeaux par des bourses bien pleines de traders. Pendant un temps je me fractionne sous une pluie de larmes d'en haut. Alors je décide de tondre les moutons perchés dans le gris d'une dépression pour sécher mes rigoles de tristesse. Je tire un trait sur mes pensées asséchées, fini le sang d'encre, je gomme mon blues noir crayon. Nettoyée, la page blanche de mon cœur n'a d'égal que celle de ma voix lorsque les fenêtres de mon âme découvrent celles qui pourraient devenir leurs sœurs.  Le sourire en virgule, les yeux en point d'exclamation, je suis comme un point d'interrogation en suspension. Sans calcul, je mets à table mes sentiments soustraits ou divisés par cette maîtresse pour qui je redouble d'attention. Devoir conjugal en soirée, c'est la correction qui sans punition prend des allures de test, m'aime-t-elle  ou ne suis- je qu'une note de plaisir dans sa vie ? Elle est tellement classe et supérieure que j'en oublie mes questions égoïstes pour faire place à la leçon de vie qu'elle me fait réviser. J'emploie mon temps depuis à écrire les textes pour ce cahier d'amour.
Ma femme.

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