un coin c'est tout!

Il y a des détails que l’on ignore, inconsciemment ou volontairement et pourtant ils pourraient avoir de l’importance ou une histoire a raconter.

Je le regarde chaque jour, sans y prêter attention, mais aujourd’hui c’est différent.

Il n’est pas prétentieux, mais il nous oblige a lever la tête pour le regarder. Il est insignifiant, il parait froid, droit et intransigeant.

C’est un coin qui ne marche pas en canard. Il a l’angle tracé a l’équerre et on y mesure un degré de sérieux. C’est un coin de perfection. C’est un petit coin mais qui ne soulage pas. Un coin quoi!

Mais il n’est pas un coin perdu, ni un coin désertique. Chaque jour je vois le travail d’une tisseuse de l’ombre. La fine dentelle qui orne ce coin vierge, se pare de flocons de poussière, espérant y accrocher des décorations gourmandes, emballées soigneusement, a déguster au chaud dans ses pénates.

Et pourtant, je décroche régulièrement ses toiles de maitre, pour les ranger avec d’autres consœurs qui aiment s’exposer dans diverses endroits de ma maison.

C’est un coin qui a ses humeurs, au fil des heures, comme poussé par une conscience propre, il me livre différents visages.

Le matin quand je sors de ma nuit, doucement tirée de mon sommeil si confortable. Il se drape des rayons naissants du soleil. Ligne de miel muant en lumière franche, il m’invite a sortir de mon trou duveteux et chaud pour commencer ma journée.

Quand plus tard je me farde de couleur. Lui étincelle d’une blancheur immaculée, sans fioriture ni jeux d’ombre. Sauf peut être, quand un voile de doute passe sur ses certitudes rectilignes. Juste un nuage qui passe dans un coin de ciel bleu.

La journée est bien avancée. Alors que je retrouve mon naturel, lui se teinte de sérieux, la fatigue du jour y laissant sa marque. Passant sans retenue d’une couleur coing a un coin sombre. Des lignes se dessinent plus distinctement, couleur de l’encre de l’écrivain, qui laisse filer ses idées alors qu’il n’a plus de papiers, elles se retrouvent au coin. Elles bougonnent dans ce coin de dérision et de perdition.

Alors que mes yeux lourds de sommeil, peinent a rester ouvert, je jette un dernier regard vers ce recoin vertigineux. Il semble noir de colère, d’être ainsi oublie. Sa noirceur s’étend, envahit l’espace, conquiert les murs alentours, gonflé d’un orgueil mal placé. Mais mon œil s’habitue a cette obscurité et la ou je voyais un coin de bataille n’est en fait qu’un coin de jeux d’ombres. Marionnettes de mon imagination, illusion de fantôme et autres bestioles. Mais le coin se fait apaisant, hypnotisant mes craintes il me transporte aux bords de mes rêves, tout en restant un coin d’interrogation.

C’est un coin comme tant d’autre, sans aspérité ni particularité, si ce n’est qu’il est dans ma maison. Il est juste la a portee du regard, prêt a raconter un coin d’histoire, si vous passez dans le coin.

Alors je le garde au coin de l’œil.