Valentinade

Le battage de cette année a atteint de tels degrés qu'à l'instar de Jean-Fabien, la moutarde m'est montée au nez. Autant vous le dire, les mots qui vont suivre ne sont pas dictés par l'aigreur. Hédoniste, épicurienne et jouisseuse (ce mot n'a pas seulement une connotation sexuelle) assumée, j'ai tendance dans la vie à sauter non pas sur tout ce qui bouge mais sur toute occasion de faire la fête ! bref... Je suis tout sauf une mauvaise coucheuse (enfin j'espère), sauf que là... Mon exaspération atteint son paroxysme. 

Quelque raisons à mon courroux :

- l'institutrice de mes enfants : j'ai frôlé l'explosion quand mon fils a déboulé un petit cœur en bandoulière (pas le sien, je vous rassure) et me l'a collé dans les pattes telle une offrande : "Tiens maman la maîtresse a dit que c'était pour la fête des amoureux". Alors, j'ai du m'assoir sur mon collier de nouilles l'année dernière (oui n'en déplaise à certains, ce collier j'y tiens) sous prétexte que la fête des mères était trop clivante mais la Saint-Valentin, c'est pas  clivant ? Non ! Du tout pensez-vous ! Moi, je pense à la tête des parents de la petite Manon en plein divorce (les parents pas Manon) et qui s'insultent jusque dans la cour de l'école quand ils vont découvrir l'incongru petit coeur.

- Ma boîte mail qui frôle l'asphyxie sous les assauts divers et variés des "z'aubaines commerciales" de Saint Valentin. Ils s'y sont tous mis ! Sans exception y compris mon fournisseur de papier et de crayons. Non mais ça va pas non ?

- Les restaurateurs qui augmentent sans sourciller leurs tarifs de 25% pour un menu qui franchement la plupart du temps ne tient pas la route.

- Citroën qui a eu la bonne idée d'offrir le repas de Saint Valentin à ses clients pièces détachées (pour la voiture pas pour les clients les pièces). Autrement dit : " Chérie si tu veux un dîner d'amoureux va te faire refaire la carrosserie ! " romantique et illustré n'est-il pas ? 

- Cette obligation de jouissance programmée qui te fait dire que si tu ne t'envoies pas en l'air ce week-end c'est que tu n'as rien compris au film ... Et qui stigmatise ainsi les célibataires dont certains le sont à leur coeur défendants et qui de leur propre aveu, se sentent, aujourd'hui, aussi sexy qu'un vieux pneu dégonflé.

- La surenchère ! Ras le bol de ce dégoulis de rouge persistant jusqu'à la nausée, assez de ces messages publicitaires qui confinent à l'indécence, jusqu'à Durex qui a la délicatesse de nous faire savoir que pour profiter de cette belle journée, il faut être bien lubrifié (la classe). Assez de cette liste de cadeaux "idéaux" qui n'a d'autre objectif que de nous faire bourse délier.

Je rappelle que Valentin s'est vu bombarder patron des amoureux parce qu'il a réglé une querelle de fiancés... En leur offrant une rose rouge. On est loin de la courroie de distribution en sauf-conduit pour soirée sexy...

Cela dit on peut se demander s'il était bien raisonnable de charger encore un peu plus ce martyr qui a perdu la tête (ceci explique peut-être cela) et qui était déjà le saint patron des animaux domestiques (sic), des épileptiques, des maladies psychiques (on y vient) des apiculteurs et des abeilles. Tout ceci ne serait-il donc qu'une histoire de dard ?

En conclusion, loin de sa vocation première, perdu au milieu de cette frénésie consumériste et superficielle, Valentin me semble être un Saint bien mal en point ! Peut-être serait-il temps de remettre un peu de profondeur dans tout ça ? Sans mauvais jeu de mots...

Happy Valentine