WI WI-FI.

Christophe Paris

Pour le concours "nouvelles technologies..."


Wi-Wi c'est le surnom que m'ont donné mes potes, pas tant parce que je porte toujours un bonnet bleu qui cache mes oreilles de geek, mais plutôt à cause du Wi-Fi qui m'a totally transmuté. Avec l'arrivée du numérique je me suis dit c'est bien mais faut que ça aide sans être une contrainte, que ça serve à chacun pour chacun. J'ai donc décidé, moi petit pion sur le grand échiquier du monde, de le changer ce monde. Alors J'ai commencé à détourner mes p'tits gadgets de leurs destinées originales. D'abord avec mon phone j'ai créé des QR codes. Je les ai imprimé et accroché à une dizaine d'arbres, chacun affublé d'un numéro de 1 à 10. Je voulais redonner aux gens leurs sourires perdus dans le métro. Les QR codes contenaient deux vers chacun à remettre dans l'ordre pour obtenir un poème dans son intégralité. Une manière de solliciter curiosité et sensibilité en une seule fois. J'attendais fébrilement devant les tourniquets les gens qui l'avaient lu. Bilan, sur 85 personnes, 75 retards assumés avec un large sourire voire béat pour certains, 5 regards dépités et 5 sans avis (Supporters de foot qui rentraient d'une nuit de beuverie après une tragique défaite).

J'ai voulu aller plus loin, bouger les consciences.

 Je suis donc parti à la Gaité-Lyrique ou j'ai téléchargé les plans d'un réseau WI-FI à monter soi-même. Oh wahoo quel pied. Avec trois batteries de voitures, 2 circuits imprimés de relais achetés sur internet, six grosses boîtes de lait pour bébé (Vides, servent d'antenne relais) et quelques tiges de métal glanées sur un vieux sèche-linge, hop, réseau WI-FI perso. J'y ai branché 3 mini Cam 24/24 sur trois SDF avec leur accord. Un qui vit sur un banc, un autre qui vit sur une grille d'aération du métro et un dernier qui s'est construit un abri de fortune en carton. Ensuite j'ai cassé les codes des BOX internet de mes voisins et boosté mon émetteur aux silicones. Chaque soir vers 20h, au lieu qu'ils s'apitoient la bouche pleine de nouilles sur la pauvreté du monde, je remplace leurs images par celles de mes Cams pour qu'ils prennent conscience de celle d'en bas. Depuis chez les cloches, de nouvelles couvertures sont apparues, de nouvelles fringues, ils ont repris du poids, ils sourient. Vous vous rendez compte ils sourient, les gens aussi leur sourient. Les consciences les plus dures à éveiller sont celles des sportifs. Alors je me suis inscrit dans un club de gym, et avec mon Bluetooth je balance des images oscillant entre notre opulence et la désespérance de la famine. J'aimais bien le faire sur l'écran du tapis qui fait courir, j'arrivais à faire défiler les images au rythme du coureur, plus il fatiguait plus les images ralentissaient, plus elles l'impactaient. Je me suis fait virer de la salle, les gens se désabonnaient et partaient faire des trekkings humanitaires en Afrique avec des crayons, des cahiers, des livres...

Demain je ne sais pas ce que je ferais mais une chose est sûre je continuerai le combat.

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