A côté de vos pompes.

Je repensais à une conversation que j'ai souvent avec elle. C'est cyclique, ce sentiment de se sentir «  à part », ni exclu, ni extraordinaire, juste cette impression, un peu étrange, d'être à côte de vos pompes les trois quarts du temps.Oui, oui, à côté de vous sans être avec vous. Essayer de se faire des amis, être déçue et ne plus jamais essayer. C'est triste. Comme si, on avait fait le tour du monde, plein de fois. Qu'on avait capté vos logiques destructrices, opportunistes à mille lieux. On se protège des autres alors qu'il y a quelques années encore au sautait à pieds joints, les yeux fermés dans de nouvelles rencontres idéalisées à la vie à la mort. Mais entre temps, on a grandi et régressé. On essaye encore mais voilà que ça revient, comme un méchant virus en plein été ou que ça s'invite dans une soirée, ça te fait tousser, fumer des clopes à gogo, réfléchir, réfléchir sans arrêter. On a bientôt trente piges mine de rien et l'impression d'être encore ado, une ado qui aurait vieilli trop vite. Une ado avec de trop grandes chaussures,,une adulte qui chercherait sa ballerine de verre. Crevard de prince charmant. Je garderais mes pantoufles la prochaine fois.

Comment ils font les autres avec tout ça? Comment traverse-t-on la vie en l'évitant/lévitant?

Je repense à toutes ces personnes âgées dont je m'occupe. Ces troisièmes âges ne se posent plus vraiment de questions. La véritable maladie qui te ronge quand tu vieillis, pour de bon, c'est cette indifférence manifeste des autres.

Vieillir c'est délibérément s'enfermer dans une cage avec des oiseaux empaillés à qui tu parles. Et parfois même, tu crois que ce sont eux qui te racontent des histoires. Bref, on en est pas là.

Mais justement, à notre âge, on est sensiblement avec les autres, on « partage » nos trouvailles sur les réseaux sociaux, on se crée un profil, quoi. On est tout le temps à côté de vos pompes. Et il y a quelqu'un à côté des miennes aussi. Je crois qu'on est mal à l'aise avec ces personnes qui aiment tellement leur vitrines qu'elles y restent définitivement dedans.

Nous, on a pas de vitrines, on y arrive pas, on n'en veut pas en fait, on s'en fout surtout. On a rien à vendre, rien à prouver. On essaye de vivre en faisant de temps en temps comme les autres pour avoir la paix.