A L'AUBE DE MAI 68

Pascal Germanaud

A L’AUBE DE MAI 68

 

Lorsque tu as besoin de moi

J’ai l’aspirateur à passer

J’ai la vaisselle à essuyer

J’ai tout le linge à repasser

Personne sur qui m’appuyer

Lorsque tu as besoin de moi

J’ai le lait sur le feu qui bout

La litièr’ du chat à changer

J’ai les schtroumfs qui sont pleins de boue

Et les quatre chambres à ranger

 

Lorsque tu as besoin de moi

J’ai tes chaussettes à ramasser

Y’a des miett’s sur le canapé

J’ai la table à débarrasser

Tes huit cylindres à décaper

Lorsque tu as besoin de moi

J’ai les cadeaux à emballer

Pour Noël et les fins d’années

Les anniversair’s décalés

Et les voisins à dépanner

 

Lorsque tu as besoin de moi

Y’a l’ chien qui bav’ comme un goret

J’ai les légum’s à éplucher

Couper le bois dans la forêt

Sans compter les timbr’s à lécher

Lorsque tu as besoin de moi

J’ai des courses dans les paniers

Des couvertur’s à secouer

Des araignées aux plafonniers

Qui refus’nt la Méthod’ coué

 

 

 

Lorsque tu as besoin de moi

J’ai des moutons sous les tapis

J’ai ta bagnole à nettoyer

J’n’ai pas croqué la Pomm’ d’api

Pour êtr’ mauvais’ mère au foyer

Et si tu as besoin de moi

Quand je répare la tondeuse

Quand tu as les doigts qui fourmillent

Fais une croix libidineuse

Pour c’ qui est d’ tes bijoux d’ famille

 

Lorsque tu as besoin de moi

J’ai des écharp’s à tricoter

J’ai quelques boutons à recoudre

J’n’ai pas le temps de fricoter

J’ai aussi du café à moudre

Lorsque tu as besoin de moi

Y’a nos parents dans le salon

J’ai la marmaille à surveiller

Pendant que tu prends du galon

Devant leurs yeux émerveillés

 

Lorsque tu as besoin de moi

J’ai l’estomac dans les talons

Mais le pain à aller chercher

Pendant que tu joues au ballon

Avec le chien ou l’chat perché

Lorsque tu as besoin de moi

J’ai les maîtress’s à rencontrer

Cell’s des petits ça va de soi

J’ai notre amour à démontrer

Ma soumission, ma bonne foi

 

 

 

 

Lorsque tu as besoin de moi

J’ai Titi qui fuit Gros Minet

Le pain perdu à retrouver

En passant d’vant le martinet

Et faisant mine d’approuver

Puisque tu as besoin de moi

Un beau matin du mois de Mai

J’te dis des mots doux pour la forme

J’te souris sans te désarmer

J’t’aide à enfiler l’uniforme

Et désormais

Quand tu n’as plus besoin de moi

Avec les goss’s à mes crochets

Attifés de jeans délavés

On s’en va fair’ des ricochets

Sur le sable…sous les pavés.

 

                                                    Le 23/07/10.

                                                               Pascal GERMANAUD

 

 

 

 

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