C'est toi qui commandes, c'est moi qui décide
Thierry Kagan
D’accord, je suis d’accord.
J’ai pas le choix mais j’suis d’accord pour être d’accord.
J’ai été élu dans les règles – enfin, vos règles - alors j’suis d’accord, n’est-ce pas ?
On peut vraiment pas changer le nom, là ?
On retire la plaque vite fait, on met un post-it à la place et…
Ok, ok, ok ! j’insiste pas.
Bon. Alors, j’y vais.
Chers concitoyens et iennes,
J’ai le plaisir… d’inaugurer ce magnifique – voire stupéfiant – complexe éducatif, qui regroupe donc crèche, maternelle, école élémentaire.
Mais aussi - pour boucler la boucle - déchetterie et incinérateur.
Ce complexe, nous en avons gardé le nom secret jusqu’à cet instant.
Et en tant que nouveau responsable du projet depuis bah… 5 mn…
comme le précédent responsable a glissé…
comme par magie,
euh… miracle,
enfin maladresse
et qu’il en est mort…
comme par magie,
euh… miracle,
enfin maladresse,
j’ai la charge – plus dure que molle, la charge - de vous le révéler, ce nom : je vous souhaite donc la bienvenue au « Complexe Educatif… Rocco Ziffredi »… que nous pouvons aussi appeler le CERZ, « Complexe Educatif Rocco Ziffredi ».
CERZ, je viens de l’inventer, qu’en pensez-vous messieurs ?
Je… je retire tout de suite. Bien, bien, bien… pas de problème.
Donc, je vous invite - comme je le suis moi-même, « invité » - à prendre le temps, pour parler de cet endroit et de dire le nom complet : « Complexe Educatif Rocco Ziffredi ».
Bien sûr, seulement si, comme moi, vous tenez un peu à la vie.
Ah... on me signale que les personnes très très âgées
ou en soins palliatifs de compétition
sont autorisées à dire ce qu’elles veulent.
Quelle liberté !!!
Ca donnerait presque envie d’être au bout du rouleau, non ?
Je plaisantais, messieurs.
Vous… ? Non !
Ok, ok, ok. J’arrête.
Je vois d’ici les larmes des pères de famille – « Ah ! Rocco nous a tant appris ». Je vois d’ici aussi les larmes des mères de famille – « Ah ! Rocco leur a tant appris ».
Eh bien, c’est en pensant à tous les pères et mères de famille de cette commune - qui se sont reproduits un peu n’importe comment ces dernières années, il faut le reconnaître, hein ! - que le complexe a été bâti.
Je vous laisse donc visiter par vous-mêmes.
Pour faire la différence, par exemple, entre l’incinérateur et la crèche, regardez les logos : pour la crèche, il y a un bébé en gros sur les murs ; sur l’incinérateur, y en a plus.
Bon, c’est pas le tout mais la journée ne fait que commencer pour moi.
Mes nouvelles responsabilités m’imposent de partir. L’agenda est chargé.
Je dois maintenant assister le maire qui va inaugurer une nouvelle triperie.
La triperie… triperie Corleone.
Voilà, messieurs.
Que pensez-vous de ma première prestation pour la famille ?
Mouais ?
Pas plus que ça, on dirait, hein !
Bon, faut que je me rode, aussi, on est d’accord !
Mais… mais ce n’est pas du tout le chemin pour la triperie !
Pardon ?
Non, non, je n’ai pas visité le complexe. Comme vous le savez, je viens d’être parachuté… et d’ailleurs, sans parachute.
Non, pas drôle, d’accord.
Et donc, là, c’est… c’est là où il n’y a plus de bébé : c’est l’incinérateur !
Très propre. Très moderne.
Fait pas un peu chaud, ici, non ?
Bah, monsieur le Maire, que… que faites-vous enfermé dans cette cabine ?
Je croyais qu’on se retrouvait à la triperie.
Vous en faites, une tête !
Ah ! ça vibre, je vous prie de m’excuser, le téléphone sonne, je… je prends, excusez-moi…
Oui, oui, bonjour Monsieur.
J’arrive tout de suite.
Vos hommes m’ont fait prendre un raccourci pour vous rejoindre.
Un peu long, le raccourci.
Je dirais d’ailleurs plutôt que c’est un… un rallongeci.
Je viens d’inventer le mot !
Oui, monsieur, c’est nul, d’accord avec vous… puisque je dois être d’accord.
Oui, je ferme ma gueule, d’accord… j’écoute.
Oui ! … le gros bouton rouge… à côté de la porte… derrière laquelle il y a le maire… qui transpire comme un cochon…
Un gros porc, je dirais même, qui se serait égaré dans une synagogue… une mosquée, tiens, même… ou une église, mais, ça fonctionne moins bien, la blague… ou qui se serait égaré tout court, en fait.
Oui, oui, j’arrête, Monsieur, d’accord, j’arrête.
Je voulais juste détendre l’atmosphère.
Donc, le gros bouton rouge avec… des flammes quand on appuie dessus.
Et… j’appuie dessus et… bienvenue dans la famille ?
C’est un honneur, M Corleone.
Et si vous m’autorisez une plaisanterie…
Non ? Bon !
Mais, j’peux pas m’empêcher, M’sieur.
Alors, je la dis quand même et vous m’écoutez pas, d’accord ? : je serai votre homme… de paille… en béton.
Dans le béton ?
Oui, c’est plus joli, vous avez raison, ça sonne mieux...
Le projet Voltaire, j'adore! je suis abonnée à leur page FB...ça aide! Et franchement ils trouvent des perles ...
· Il y a plus de 11 ans ·Bon, sur ton texte? Rien à dire...Perfect !
Choupette
chers cons citoyens et hyènes,
· Il y a plus de 11 ans ·.............(rien à midif) le CERF(animal aux attributs de car y bout) donc le nom de Rocco Zi fred le dit ok!! les pères :Rocco nous a tant pris, et les mères :Rocco nous a tant prises!! la crèche c'est le bébé thon!!!
franek
Le complexe educatif Rocco Siffredi ! Ah ah ah très drole ce texte !
· Il y a plus de 11 ans ·pierre-ysilda
juste prof de CE2. Mais je les conduis comme des 6ème...
· Il y a plus de 11 ans ·Thierry Kagan
Ah, merci ! Je savais bien que j'avais affaire à un expert, un professeur des hautes écoles ! D'accord, je suis d'accord ! C'est toi qui sais ...
· Il y a plus de 11 ans ·fuko-san
alors en fait... (http://www.projet-voltaire.fr/blog/regle-orthographe/«-moi-qui-fais-»-ou-«-moi-qui-fait-»-«-toi-qui-mange-»-ou-«-toi-qui-manges-»)
· Il y a plus de 11 ans ·Règle (comment ne plus commettre cette erreur)
Pour accorder correctement le verbe qui suit le pronom relatif « qui », reportez-vous au mot que « qui » reprend (son antécédent) : c’est avec lui qu’il faut accorder le verbe, en nombre et en personne.
Méfiance, par conséquent, quand « qui » représente un mot qui relève de la 1re ou de la 2e personne du singulier : n’écrivez pas « moi qui va, toi qui va », mais « moi qui vais, toi qui vas » !
C’est le gendarme qui a brûlé la maison. « Qui » = « le gendarme » : on conjugue donc « brûler » à la 3e personne du singulier, comme si le sujet de « brûler » était « le gendarme ».
mais
Ce n’est pas moi qui ai brûlé la maison. « Qui » = « moi », pronom personnel de la 1re personne du singulier : on conjugue donc « brûler » à la 1re personne du singulier.
Thierry Kagan
Si c'est toi qui commande, à mon avis c'est "qui" qui commande, en fait. Enfin, je pense ;-)
· Il y a plus de 11 ans ·Mais on ne se sait jamais, en vrai ! Bravo Thierry.
fuko-san
Les familles en ont eu les yeux CERZés. Heu... désolé.
· Il y a plus de 11 ans ·Archange Flippé
@lounalovegood : attention, le béton en poudre est moins digeste que le lait
· Il y a plus de 11 ans ·Thierry Kagan
Habitant quasi au dessus du CERN, ça m'a bien fait sourire .... Voilà ce texte est mon sourire du petit déjeuner
· Il y a plus de 11 ans ·lounalovegood
@elisabetha : plutôt un chaud doux subversif, en fait (dingue, on l'est tous)
· Il y a plus de 11 ans ·@Mathieu : pas sûr que je me risque à plaisanter avec toutes les communautés (de métier ou pas)...
Thierry Kagan
t'es un doux dingue! mais c'est "du show subversif" j'espère que la formule te plait.
· Il y a plus de 11 ans ·elisabetha
Dans le béton je sais pas si ça sonnera mieux, ça fera peut-être un bruit sourd, va savoir !
· Il y a plus de 11 ans ·En tant que roi des ordures (technicien dans un syndicat de traitement des déchets), j'imagine bien la signalétique !
En tout cas j'ai ri. Si tu savais à quel point, même en France...mais chuuut !
Mathieu Jaegert