Coucou la praline

petisaintleu

Une fois n'est pas coutume. J'ai décidé aujourd'hui de laisser tomber le fil du rasoir entre provocation et nostalgie. J'ai opté pour la guimauve et le sirupeux, sans doute motivé par la kermesse de fin d'année de l'école de Célestin, ses Chamallow et les menthes à l'eau. Je  suis beaucoup moins excité par les mères de familles. Leurs nu-pieds me donnent la nausée et me font invariablement penser à des légionnaires romains. Je sais. C'est un peu spartiate comme comportement. Leur regard est blasé par la carence de tout rapport affectif. Elles ne sont tenues que par la prochaine perspective d'échouer leur corps fatigué sur une plage qui ressemblera alors à une aire de mise-bas pour éléphants de mer.

Dans le monde des Barbapapa, barbatruc, imaginons que tout le monde il est beau et il est gentil. Zoomons sur Geneviève, quarante ans et maman du mouflet à l'air arrogant et qui s'excite sur le jeu de massacre. Elle arbore fièrement sa nouvelle robe achetée sur Robmoches.fr, le spécialiste des femmes qui s'assument à partir de la taille 44. Elle a pris du 46, certaine que cette année elle réussira à se calmer sur la mayonnaise des baraques à frites du front de mer. Elle regrette d'avoir remis une nouvelle fois aux calendes grecques de se faire le maillot. La moiteur estivale commence à se faire ressentir.   

Dans la glace, la veille au matin, elle s'était trouvée jolie. Elle avait oublié de chausser ses lunettes de presbyte. Ses formes s'en trouvaient troublées. Ses lectures de la collection Harlequin se traduisaient dans le miroir par des renvois des posters de David Hamilton  qu'elle punaisait adolescente dans sa chambre. Ses pensées s'en trouvaient tout autant pipées. Elle s'imaginait renouer ce soir avec Dominique dans l'alcôve. Elle avait oublié que la coupe du monde était plus qu'un alibi pour lui et que la pomme d'amour serait remplacée jusqu'au 14 juillet par des chips.      

Elle avait téléphoné à Sophia, sa confidente. Elle aime bien l'appeler. Au royaume des aveugles, les borgnes sont reines. Elle est rassurée de penser qu'elle n'a pas atteint le fond, pas encore. Son amie est mère de trois enfants, de trois pères différents. Geneviève se trouve dégueulasse quand même. Elle se surprend à penser qu'elle puisse comprendre que les mâles aient vite compris qu'il y avait erreur sur la marchandise. Heureusement qu'il n'y ait jamais eu contrat de mariage. Ils auraient pu se faire valoir de l'article 1116 du code civil. Ce dernier prévoit en effet que,  je cite : « Le dol est une cause de nullité de la convention lorsque les manœuvres pratiquées par l'une ou l'autre des parties sont telles, qu'il est évident que, sans ces manœuvres, l'autre partie n'aurait pas contracté. ».

Dès que Sophia ouvre la bouche, une fois passée le cap de son haleine pestilentielle, elle a en tête la tête-à-claquesque marionnette de Christine Bravo dans les Arènes de l'info. L'avantage est, qu'une fois que Sophia est lancée dans ces confidences existentielles, terme à vrai dire impropre puisqu'il supposerait des connexions neuronales, on ne peut plus l'arrêter. Il suffit alors à Geneviève de poser le combiné qu'elle a au préalable mis sur haut-parleur. Elle peut ainsi tranquillement se ripoliner dans la salle de bains. Quand Sophia lance un : « Tu m'écoutes ?   », il lui suffit alors de répondre par un « Hum hum »pour que le monologue retrouve une seconde jeunesse.

Avant de partir pour la kermesse, elle eut à faire les courses. Dominique était rentré à cinq heures, prétextant une virée avec ses potes pour fêter la victoire de la France sur les Suisses. Elle est très loin de se douter que son mari entretient depuis des années une relation avec Sophia. Pour les lecteurs qui ne sont pas des spécialistes de la langue, je parle plus précisément des linguistes, sachez qu'hystérique à la même racine étymologique qu'utérus. Je ne suis pas psychiatre mais je peux supputer qu'avec les tonnes de tranquillisants absorbés, ses troubles sont approchant de cette névrose.

Dominique ne s'en plaint pas. Durant une petite demi-heure, Sophia reste muette, trop occupée à se délecter de sucreries. Malgré les amphétamines qu'il prend pour développer sa musculature, Dominique a également su garder assez de jugeote pour être précautionneux. Sur son portable, il a pris quelques vidéos qui seraient bien assez compromettantes pour Sophia. Des fois qu'un jour, elle ait la malencontreuse idée de vouloir le tenir par les couilles.

Je suis bien triste à me relire. Une fois n'est pas coutume, je n'ai pas réussi à me formater pour écrire une jolie histoire. Mais promis. Ce soir je regarderai avec Adélie les Barbapapa.

  • Je dois avouer que c'est très ...réaliste, mais suis-je aussi cynique que toi? Avec un peu de tendresse pour ces femmes que je rencontre et qui ne seront jamais mes copines... Car ces femmes, je ne sais pas pourquoi, ne m'aiment pas...Snif...

    · Il y a presque 10 ans ·
    One day  one cutie   23 mademoiselle jeanne by davidraphet d957ehy

    vividecateri

  • Me suis permis d'écrire une petite chronique-miroir à ton texte : http://welovewords.com/documents/une-fois-nest-pas-costume-dot-dot-dot

    · Il y a presque 10 ans ·
    Couv2

    veroniquethery

  • En fait le titre est bien "Cocue la praline .." n'est-il pas ? J'ai oublié mes lunettes et je suis trop serrée dans ma robe moche taille ... non, je ne le dirai pas ! ,
    Beaucoup de vrai dans ce texte , hélas ;-)

    · Il y a presque 10 ans ·
    Printemps   2011   n%c2%b0 n%c2%b0 016 n b

    akhesa

  • C'est dégueulasse mais réaliste! & "Boys bandent" ne l'égale pas je trouve (a)

    · Il y a presque 10 ans ·
    Cat

    dreamcatcher

    • Oui, on me le dit. Pas assez forcé le trait peut être

      · Il y a presque 10 ans ·
      Cpetitphoto

      petisaintleu

  • Oui... Z'êtes comme une chanteuse que j'aime beaucoup: Giédré, Elle essaie de faire "une jolie chanson" mais ça dérape à chaque couplet ! Enfin, bien essayé !
    La dame dodue qui illustre votre poétique bluette peut titiller la libido ...

    · Il y a presque 10 ans ·
    Oiseau... 300

    astrov

    • Vous pouvez également lire son pendant masculin : Boys bandent.

      · Il y a presque 10 ans ·
      Cpetitphoto

      petisaintleu

  • Bien écrit et toujours aussi satirique ! J'adore

    · Il y a presque 10 ans ·
    Couv2

    veroniquethery

  • culotté (pour ne pas dire cynique encore une fois!)
    en tout cas ça m 'a fait sourire

    · Il y a presque 10 ans ·
    Suicideblonde dita von teese l 1 195

    Sweety

    • je mérite une déculottée ??

      · Il y a presque 10 ans ·
      Cpetitphoto

      petisaintleu

    • ;)

      · Il y a presque 10 ans ·
      Suicideblonde dita von teese l 1 195

      Sweety

  • Excellent, et au fond, derrière le cynisme, on sent malgré tout une grande tendresse... (non, là je rigole...)

    · Il y a presque 10 ans ·
    P1000170 195

    arthur-roubignolle

    • ben si, pour mon fiston !

      · Il y a presque 10 ans ·
      Cpetitphoto

      petisaintleu

  • Là tu as atteint le paroxysme du cynisme... A quand un texte sur les hommes qui se laissent aller , du moins certains !!! on exige beaucoup de ces dames et vous messieurs , un petit effort !!! égalité des sexes oblige : )

    · Il y a presque 10 ans ·
    W

    marielesmots

    • Promis, les hommes auront aussi leur portrait au vitriol. Et, tu remarqueras que je ne l'ai pas classé en chronique mais en pamphlet.

      · Il y a presque 10 ans ·
      Cpetitphoto

      petisaintleu

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