Dose massive

Tu as toujours composé tes mixtures au pif. Ajouter du liquide à la matière pour en faire un liant, jamais trop liquide, jamais trop épais. Ton dosage mesuré est impec. Sauce béchamel, pâte à crêpe pour les manger, argile pour se soigner et là maintenant un enduit de rebouchage pour les trous dans ta pièce à rafraîchir. Tu t'appliques dans ton labeur. Le plus tu en bouches, le plus il y en apparait. Des trous assez profonds même. Ton pif penché sur ton mur n'avait pas prévu autant d'applications à cet usage. Une couche suffira-t-elle ? Au bout d'un bon laps de temps, tu observes et tout à coup, en solo, tu éclates d'un rire à peine nerveux. V'là que la deuxième couche se dessine dans tes pensées. Elle se creuse au sein de ton questionnement sur ces quelques personnes qui jalonnent actuellement ton chemin en mode pause totale reconstruction. L'une s'immisce dans ton esprit. De son mobile, elle t'explique qu'elle s'ennuie. Alors comme elle a un forfait à épuiser avant la fin du mois, elle t'appelle. Ses blablas sur elle et sur les autres se pendent à ton oreille cramoisie. Tu en cernes une autre qui te carillonne aussi pour te dire qu'elle a bien travaillé, qu'elle se repose sur son lit, à moitié nue. Et en attendant de retrouver son autre, elle attend ta douceur. Et puis de nouveau tu captes une figure qui te répond qu'elle n'a pas de temps, peut-être toute à l'heure car sa copine devrait s'absenter un moment. Et puis ce type qui débarque chez toi à l'improviste en attendant son rendez-vous dans le quartier. Te revient cet homme dernièrement qui entre deux réceptions t'accorde un peu de sa personne dans son emploi du temps déjà organisé. Et là, excédée, tu craques, la dose est largement dépassée. Tu lâches un gros MERDE ! Tu jettes ton matos dans la pièce et puis tu claques la porte. Marre, marre, trop marre de faire le bouche-trou !