Faites des enfants qu'ils disaient ...

Faites des enfants qu'ils disaient !

Faites des enfants !

La chipie, la poison, la petite peste !

A l'ouverture du SMS du professeur de solfège, je sentais déjà l'embrouillamini. Elle soupçonne ma fille de ne pas faire le travail demandé parce qu'elle oublie systématiquement son cahier d'exercices. Elle la refusera dorénavant en cours sans son fascicule. Et de renchérir avec la menace suprême «  Sans l'obtention du diplôme du deuxième cycle, la petite ne pourra plus toucher à une clarinette ».

Cette vieille pimbêche frustrée n'a pas du en toucher beaucoup d'autres des « instruments », vieille emmerdeuse !

Quant à la musicienne en herbe, la petite virtuose de la flemme organisée, elle m'a fait des aveux partiels un brin désabusée, dans la voiture en rentrant du collège.

Certes elle l'avait effectivement égaré sciemment mais n'arrivait plus à remettre la main sur ce satané cahier et de me supplier à grands coups d' œils de biche embrumés de l'aider à fouiller dans sa chambre.

Je ne vais pas vous faire le coup de l'aiguille et de la botte de foin mais la chambre de ma fille c'est le souk de Marrakech, les épices en moins, quoique les crottes du lapin nain peuvent faire office.

Ce no man's land reste désormais en l'état, toute intrusion de mon aspirateur étant considérée comme le vandalisme d'une mère tyrannique « aliénée aux tâches ménagères », je cite.

J'ai retrouvé le fameux cahier sous le matelas avec, entre autres, deux slips et trois chaussettes sales toutes dépareillées, l'Ipad du paternel et sa batterie déchargée, de ce coté là, je ne me fais plus d'illusion, j'ai compris depuis belle lurette qu'elle savait effacer l'historique de navigation.

Bref en attendant le géniteur et le grand conciliabule de l'affaire du livret de musique, elle eut effectivement un élan, disons poliment, « intentionnel » pour ranger sa chambre, excusez moi, sa piaule.

Le Père et sa phrase mythique « Y a des coups de pieds au cul qui se perdent » à l'origine de la vocation de clarinettiste de la gamine a renchéri sur une autre allégorie du genre « elle est mieux là que de trainer dans la rue ».

Effectivement surtout qu'elle est heureuse, on ne sait pas ce qu'elle y fait mais manifestement elle s'y plait à l'école de musique.

Après le grand retour des battements d’œils de biche éplorés et les reniflements et hoquets d'usage, le père, mon conjoint pour le meilleur et pour le pire, toujours avide de solutions complaisantes a demandé alors ma participation active aux devoirs de solfège.

Voilà mais bien sûr, je me coltine déjà les allers retours, bien évidemment mes absences momentanées à l'agence ne gênent personne, bien évidemment je peux bien me libérer une à deux heures par semaine pour secourir la biche larmoyante, et le fait que je sois une véritable bille en solfège ne trouble personne visiblement.

Alors J'ai beuglé que j'avais besoin de vacances et de m'entendre répondre en canon :

« Après l'obtention du diplôme du deuxième cycle ! »

Faites des enfants qu'ils disaient !

Faites des enfants …